Thierry Drapeau est responsable de la gestion générale et de la conduite des opérations du SARF. Il rappelle la mission de ce service. « De manière très large, on est là pour soutenir la recherche en français en milieu minoritaire. Et plus précisément, on soutient les chercheurs et chercheuses dans leur demande de financement de la recherche en français. »

Lui-même ancien chercheur, Thierry Drapeau comprend parfaitement les défis auxquels ces personnes peuvent être confrontées, notamment les chercheurs francophones dans des universités anglophones. « Souvent, quelqu’un qui souhaite soumettre sa demande dans sa langue officielle parlée, qui est le français, ne pourra pas le faire. Et s’il peut le faire, ça sera dans certaines circonstances, et il aura des obstacles qu’un chercheur anglophone n’aura pas. »

Le directeur du SARF alerte aussi sur un autre point : l’isolement des chercheurs. « Les chercheurs qui font de la recherche en français ont souvent comme objet d’étude les communautés francophones de leurs régions. Mais ils n’ont pas beaucoup d’occasions de développer ou de créer des collaborations avec des collèges immédiatement sur leur campus, ou même de leur région, à cause de la langue. Le SARF cherche à surmonter ce défi-là. »

Le SARF joue donc un rôle d’intermédiaire dans cet écosystème entre les universités, les chercheurs et les différents ordres gouvernementaux. « On est dans une approche très collaborative. Et l’on n’a pas le choix de toute façon. Car le SARF, dans son modèle de fonctionnement, doit obtenir des partenariats et des ententes formelles avec les universités. Cela nous permet de déterminer la nature des services qui seront offerts selon les contextes et les besoins particuliers », souligne Thierry Drapeau, qui rappelle que le SARF a comme principal bailleur de fonds le gouvernement du Québec par l’entremise du Secrétariat du Québec aux relations canadiennes.  

Sensibilisation

L’un des thèmes importants pour Thierry Drapeau est de mieux se faire connaître auprès des universités anglophones. « Comme le besoin ne se manifeste pas au quotidien, on remarque alors qu’il y a une méconnaissance de ce besoin-là. Donc, surtout auprès des universités anglophones, il faut faire la démonstration qu’il y a une proportion importante de chercheurs francophones et qu’ils sont intéressés à pouvoir soumettre en français. »

À date, il y a encore peu de demandes de subventions rédigées en français. En effet, en 2016, selon Statistique Canada, seulement 5 à 12 % des demandes de financement étaient soumises en français. Mais Thierry Drapeau remarque que ces subventions ont en général un bon taux de réussite, une bonne chance d’être acceptées. « Malgré tout, le taux de succès augmente. Il doit être autour de 40 %. Donc il y a des avantages à soumettre en français. »

Pour information, le SARF, pour sa première année, a des ententes avec six universités canadiennes : l’Université Simon Fraser, le Campus Saint-Jean, l’Université de la Saskatchewan, l’Université de Sudbury, l’Université de l’Ontario français et l’Université Carleton. « On est aussi en discussion avec une septième : l’Université de Moncton », conclut Thierry Drapeau.