Par ce financement important, les gouvernements du Canada et du Manitoba redonnent de la force à la profession d’éducateur et éducatrice de jeunes enfants, parfois pas assez valorisée.
Pour Mélanie Cwikla, directrice de l’École technique et professionnelle de l’USB, cette nouvelle démontre un changement de vision. « C’est un changement de point de vue. La pandémie a notamment montré l’importance des éducateurs en jeune enfance. Ce financement-là envoie un message assez important de la valeur de la profession. La société valorise aussi davantage le rôle des éducateurs et éducatrices. C’est une formation qui ouvre des portes. Il y a une progression de carrière qui est disponible dans ce domaine- là. »
D’ailleurs, Mélanie Cwikla remarque une recrudescence d’intérêt pour certaines des formations proposées par l’USB, notamment le cours de 40 heures exigé par la Province pour tous les gens qui vont travailler comme aide des services à l’enfance. « On a eu dans les dernières années, chaque année, une centaine d’inscriptions contre 10 à 15 pour certaines années. »
« L’un de nos projets est de relancer un nouveau diplôme avancé en leadership de la jeune enfance niveau III, qui sert à former des superviseur.e.s et des directrices.eurs de services de garde. »
Mélanie Cwikla
Nouveau diplôme
Pour rappel, le gouvernement manitobain souhaite atteindre l’objectif de créer 23 000 nouvelles places en garderie d’ici 2026. Pour cela, il faudra aussi plus de personnel formé à ce métier. À l’USB, l’octroi reçu servira donc à cette formation.
Mélanie Cwikla explique comment l’université compte utiliser ce financement. « L’un de nos projets est de relancer le diplôme avancé en leadership de la jeune enfance niveau III, qui sert à former des superviseur.e.s et des directrices.eurs de services de garde. »
Mélanie Cwikla parle de « relancer » ce diplôme, car l’USB offrait déjà cette formation mais l’a suspendue au cours des années 2010. « Depuis que je suis en poste, on entend par la communauté le besoin de recommencer ce programme. J’ai toujours été d’accord avec cette demande, mais il nous fallait deux choses : un cadre de compétences à jour – la Province s’est d’ailleurs engagée à le faire – et évidemment l’autre élément, c’était du financement. »
En plus de ces éléments, Mélanie Cwikla souhaitait aussi s’assurer que ces programmes durent dans le temps et ne rencontrent pas le même destin que le cursus abandonné il y a quelques années.
« On veut pouvoir en assurer la pérennité au-delà du financement provincial ou fédéral. Donc ce n’est pas simplement comme appuyer sur un interrupteur. On relance un tout nouveau programme. On pourrait y ajouter des cours d’introduction à la gestion des ressources humaines, ou encore une introduction à la comptabilité.
« Je veux qu’on soit créatif, flexible, et que ce programme réponde aux besoins des étudiants », décrit Mélanie Cwikla, qui veut aussi mettre en avant l’importance des partenaires communautaires et l’équipe de professeurs.
Un besoin pour la francophonie
L’USB espère lancer ce nouveau programme en septembre 2024, ce qui donnera le temps à la Province de l’approuver. L’université fait aussi savoir que les fonds permettront aussi de doubler le nombre d’étudiants dans son programme de formation d’éducation en jeune enfance – milieu de travail, en ajoutant 15 places.
Et ce, dès septembre prochain. « Nous allons d’ailleurs confirmer deux nouvelles embauches dans les prochains jours, qui viendront s’ajouter à l’équipe de jeune enfance. »
Développer une filière de formation en petite/jeune enfance à l’USB est aussi inscrit dans le Plan stratégique de la francophonie du Manitoba, Ensemble vers 2035. Ce nouveau programme répond donc également à un besoin prioritaire de la communauté francophone.
« La particularité de notre programme, c’est l’aspect de la transmission de la langue, de la culture, de l’identité francophone et des perspectives autochtones multiples. Donc, dans l’ensemble de nos cours, on met un accent particulier sur le développement langagier de l’enfant francophone en milieu minoritaire et la francisation. Car dès le plus jeune âge, on souhaite créer un épanouissement et éviter une situation d’insécurité linguistique. »