La plage de Saint-Georges est le fruit des efforts de la communauté. Après la construction des barrages hydroélectriques de la région, par exemple Powerview-Pine Falls ou Great Falls, le niveau d’eau de la rivière Winnipeg a augmenté de manière significative. Le flot de l’eau a donné une nouvelle face à la berge engloutissant les plages sablonneuses qui longeaient jadis la rivière.

C’est en 1970, regrettant leurs plages d’antan, que la communauté de Saint-Georges a voulu changer les choses. « C’est une plage artificielle. Après les travaux pour construire les barrages, les gens se sont retrouvés sans plage. Alors toute la communauté s’est rassemblée pour la construire », a expliqué Diane Vincent Dubé, conseillère municipale de la Municipalité rurale d’Alexander.

La plage est construite de manière qu’elle soit un endroit où les baigneurs sont à l’abri des courants les plus forts. Elle se cache dans une

ancienne crique. Debout, face à la plage, Diane Vincent Dubé ajoute : « c’est vraiment un endroit agréable pour nager. Une fois qu’on est dans l’eau, il ne faut pas aller loin pour qu’elle devienne un peu plus profonde. Et derrière nous, dans la rivière, on peut marcher près de100 pieds (environ 30 mètres) avant que l’eau soit plus profonde que les genoux. »

Un lieu unique

La plage, qui est devenue un joyau de la communauté, doit être entretenue chaque année. Les membres de la communauté la nettoient, arrachent des algues et ratissent le sable. « Il y a un moment, quelques femmes sont venues visiter le musée, et elles voulaient ensuite aller à notre plage. J’étais surprise, je pensais qu’elles parlaient d’une autre plage. La plage est importante et il faut continuer de la protéger. Les barrières flottantes doivent être remplacées. »

En effet, ces barrières flottantes agissent comme barrage brisant les vagues et limitant l’érosion dans l’ancienne crique. « Sans les barrières, la plage aurait déjà disparu. Elles arrivent à la fin de leur vie, on va les remplacer avec les mêmes barrières qu’ils utilisent pour protéger les barrages hydroélectriques des débris.

«Ici, on a un grand vent en automne, un vent que même les voyageurs évitaient! », ajoute-t-elle, rappelant qu’elle est aussi la directrice du Musée de la rivière Winnipeg.

Ce projet n’est pas d’une petite ampleur, le projet coûtera 70 000 $. Un octroi du gouvernement provincial, le Programme de création de collectivités durables, en payera la moitié. « La Municipalité a fait demande pour de l’aide et on l’a reçue, c’est à nous de payer le reste. »

Selon des informations de la compagnie qui fabrique ces barrières, elles ont une durée de vie de 15 à 20 ans.

À Saint-Georges, la plage a gagné en importance pour le village et ses environs. Les barrières aideront les cours de natation de la communauté à se poursuivre dans un contexte sécuritaire et contrôlé. « Il y a quatre ans, la piscine de Powerview-Pine Falls a fermé. Depuis, tous les cours de natation se font ici. »

Diane Vincent Dubé accorde une grande importance aux cours de natation. Elle en a même organisé par le passé. « C’est vraiment un beau programme. Maintenant, c’est d’autres mamans du village qui l’organisent. Moi aussi j’ai aidé pendant longtemps. »

Christopher Love
Christopher Love est coordonnateur de la gestion de l’eau et de la sécurité pour la Société de sauvetage du Manitoba. (photo : Gracieuseté)

Les cours de natation : une question de sécurité

La plage de Saint-Georges est le seul lieu dans les environs qui offre des cours de natation, depuis la fermeture de la piscine de Powerview – Pine Falls il y a quatre ans.

Christopher Love est coordonnateur de la gestion de l’eau et de la sécurité pour la Société de sauvetage du Manitoba. Il revient sur la fermeture. « Quand on entend parler de piscines qui ferment, ça nous inquiète. C’est un facteur qui peut contribuer à plus de noyades mortelles. Même si ce n’est pas automatique, c’est inquiétant. »

Le taux de noyade chez les moins de cinq ans au Manitoba demeure le plus élevé parmi toutes les provinces et les territoires du Canada. La preuve de ce problème, en un peu plus de trois semaines, les autorités de la province ont annoncé

la noyade de cinq jeunes. Les trois victimes les plus récentes sont un enfant de 23 mois, un enfant de 2 ans et une fillette de 10 ans. Les victimes peuvent aussi être des nouveaux arrivants qui n’ont pas eu la chance d’apprendre à nager. Vers la fin du mois de mai, un garçon de 12 ans originaire du Pakistan s’est aussi noyé sous les yeux de son père, qui lui non plus ne savait pas nager, après être tombé dans les chutes de Sturgeon Falls.

Christopher Love explique que pour des jeunes de cet âge, les cours de natation sont essentiels, mais ils ne peuvent faire de personnes si jeunes des nageurs autonomes. « Pour les moins de 6 ans, il faut toujours qu’un parent soit à portée de bras de l’enfant. On oublie parfois que cela veut dire que l’enfant doit être capable d’atteindre l’adulte et inversement. »

L’importance d’habiletés en nage et d’un contexte sécuritaire dans lequel enseigner la nage n’est certainement pas perdue chez les organisateurs des cours de natation à Saint-Georges. Le programme porte le nom Strong Swimmers Survive, autre- ment dit, ceux qui sont forts en nage survivent.

Quant à d’autres conseils pour la sécurité dans les environs de l’eau, Christopher Love ne complique pas la chose. « Pour toute activité aux alentours de l’eau, nage, bateau ou même randonnée, il est toujours mieux de ne pas être seul. Il est possible de se retrouver dans l’eau sans l’avoir prévu. À deux, on peut s’entraider, contacter des autorités en cas d’urgence, lancer un dispositif flottant ou tenter un sauvetage si on est qualifié. »