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Alors que les corps de Morgan Harris, de Marcedes Myran et celui d’une potentielle troisième victime dont l’identité reste à déterminer pourrait se trouver sur le site, le gouvernement indique avoir basé sa décision sur les résultats d’une étude de faisabilité. Ces derniers pointent du doigt certains risques, notamment de sécurité à l’égard des travailleurs manitobains. Heather Stefanson ajoutait d’ailleurs que l’issue des recherches « n’était pas garantie. »

Toutefois, la première ministre soulignait aussi qu’elle n’empêcherait pas le gouvernement fédéral de lancer et s’occuper des recherches. Une déclaration que Robert-Falcon Ouellette, ancien député libéral, qualifie « d’illogique ».

À la suite de ces annonces, les réactions ne se sont pas fait attendre du côté des militants autochtones et des alliés au travers, notamment, de plusieurs camps érigés et du blocage de la décharge du chemin Brady.

Pour Robert-Falcon Ouellette, les manifestations peuvent potentiellement faire agir les gouvernements : « Les manifestants n’accepteront pas qu’aucune fouille n’ait lieu. Parfois les gouvernements pensent qu’un problème peut disparaître, mais là, ils constatent que les choses ne s’améliorent pas, la mobilisation perdure. »  

L’Assemblée des chefs du Manitoba (AMC), qui avait déposé une demande de financement auprès du gouvernement fédéral pour réaliser une étude de faisabilité au mois de décembre 2022 et obtenu gain de cause en février 2023, a rendu public le rapport final de son étude ce lundi 24 juillet. Une décision et un geste « important pour le débat public », selon Robert-Falcon Ouellette. « Si les politiciens débâtent entre eux, et discutent autour d’un document que personne n’a vu, comment les citoyens peuvent-ils prendre une décision? Ou même comprendre les décisions du gouvernement. »

Fouille réalisable selon l’AMC

Les conclusions du document publié par l’AMC, épais de plus d’une cinquantaine de pages, soulèvent plusieurs choses. La principale, c’est que selon l’étude du comité technique, la fouille est bel et bien réalisable.

L’étude relève tout de même l’existence de risque de santé et de sécurité, notamment en raison de l’exposition à des agents chimique toxique ainsi qu’à de l’amiante.

Il est aussi précisé que l’issue des recherches n’est pas garantie, que celles-ci pourraient durer entre 12 et 36 mois et que les coûts engendrés seraient compris entre 84 000 000 $ dans le cas où les fouilles dureraient 12 mois, 184 000 000 $ (36 mois).

Cependant, dans le cas où les fouilles ne seraient pas mises en place, le comité technique fait mention de conséquences désastreuses pour les familles des victimes et consacre deux pages aux « coûts sociétaux » et « l’impact sur la communauté » qui découlent d’une telle décision.

Par exemple, « Ne pas conduire de recherche véhicule un message selon lequel, les décharges sont un bon endroit pour se débarrasser d’un corps en toute impunité. »

Finalement, AMC revient sur la découverte d’une victime non identifiée, baptisée Mashkode Bizhiki’ikwe (la femme bison), et déclare la chose suivante : « La police de Winnipeg n’a pas planifié de recherche. Cette jeune femme autochtone est la fille disparue de quelqu’un. Dorénavant, toutes les familles de la Province dont les filles ont disparu craignent qu’elle soit la leur. » Plus loin : « Elle est devenue une martyre pour notre communauté. Nous ne saurons jamais qui cette jeune femme aurait pu devenir, maintenant elle symbolise le mépris. »