Pour rappel, 70 recommandations ont été faites par un premier Conseil consultatif sur l’immigration. Depuis le 1er juillet, un nouveau Conseil consultatif sur l’immigration économique et l’établissement est responsable d’implanter ces 70 recommandations. Parmi elles, deux s’intéressent particulièrement à l’immigration francophone.
Dans le rapport du Conseil consultatif sur l’immigration, deux recommandations sont faites pour l’immigration francophone. Quelle place la Province accorde à cette immigration?
Pour la Province, comme ministre du Travail et de l’Immigration, nous reconnaissons qu’il y a une population francophone. Bien que nous ne soyons pas une province officiellement bilingue, nous avons besoin de travailleurs qui peuvent donner des services et des programmes en français. Pour y arriver, il faut passer par l’immigration.
Chaque année, nous accueillons grâce au Programme des candidats des provinces du Manitoba, des personnes venues de pays francophones pour justement travailler dans ces services et ces programmes en français.
Nous espérons, à l’avenir, en accueillir encore davantage parce que c’est important de reconnaître qu’il existe une dualité linguistique dans notre province.
D’ailleurs, il y a un francophone au Conseil consultatif sur l’immigration économique et l’établissement…
Oui, Justin Johnson, le chef de la direction de l’Association des municipalités bilingues du Manitoba. C’est important pour moi qu’il soit sur le Conseil. Il peut me donner de l’information sur les enjeux qu’il entend dans la francophonie. Particulièrement au rural où se trouve son mandat.
Vous avez abordé le programme Candidats du Manitoba, depuis maintenant quelques semaines, le Fédéral a annoncé une voie simplifiée pour les immigrants francophones via Entrée Express. Pensez-vous qu’il est temps de revoir le programme Candidats du Manitoba?
Il existe partout au pays, et au Manitoba, il y a une pénurie de main-d’œuvre dans beaucoup de secteurs. Certains de ces secteurs sont compris dans notre programme Candidats du Manitoba alors qu’ils ne le sont pas pour le programme du Fédéral, Entrée Express. Le Manitoba met d’ailleurs à jour régulièrement cette liste de professions en demande. Nos sélections se font en fonction de ces professions en demande. C’est ce qui fait la force de notre programme.
Un programme qui existe d’ailleurs depuis le début des années 2000. À l’époque, une cible de 7 % avait été fixée pour maintenir le poids démographique des francophones au Manitoba. Qu’en est-il aujourd’hui?
Il est clair qu’avec la pandémie, l’immigration de manière générale a connu un frein. Je ne connais pas le nombre exact de francophones qui se sont installés au Manitoba grâce au PCM. Cependant, nous pouvons certainement faire mieux en matière de chiffre que ce soit des immigrants francophones ou des immigrants anglophones.
En 2022, nous avons reçu 6 325 désignations de la part du Fédéral. Elles ont toutes été remplies. C’est pourquoi nous avons eu des discussions avec le ministère d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté du Canada pour obtenir davantage de désignations. Pour 2023, nous avons pu en recevoir 9 500.
Grâce à cette augmentation, nous allons pouvoir accueillir davantage d’immigrants au Manitoba.
« Il y a une pénurie de main-d’œuvre dans beaucoup de secteurs. Certains de ces secteurs sont compris dans notre programme Candidats du Manitoba alors qu’ils ne le sont pas pour le programme du Fédéral, Entrée Express. »
Jon Reyes
Il n’y a cependant aucun pourcentage des 9 500 qui est destiné aux immigrants francophones…
Pas vraiment, non. Cependant, il n’y a rien qui dit que les 9 500 désignations ne peuvent pas aller à des francophones. Il faut recevoir des demandes pour y parvenir.
C’est d’ailleurs une des missions du Conseil consultatif sur l’immigration économique et l’établissement, de veiller à attirer davantage de francophones dans notre province.
Pour attirer davantage d’immigrants francophones, il faut aussi être capable de leur offrir des services dans leur langue maternelle. Là encore, comment le gouvernement provincial compte appuyer la dualité linguistique de la province?
Récemment, nous avons annoncé quatre millions $ pour les organismes qui aident les nouveaux arrivants. Une partie de cette enveloppe était destinée à des organismes francophones [ndlr : environ 350 000 $] qui veillent à ce que les immigrants puissent recevoir des services appropriés.
Certes ces services sont importants. Mais qu’en est-il pour la santé? Récemment, votre collègue, la ministre de la Santé, Audrey Gordon a annoncé la levée de barrières pour des médecins formés à l’étranger. Cependant tous ces médecins viennent de pays anglophones…
Je ne peux pas répondre à la place de ma collègue. Mais comme ministre de l’Immigration, je sais que le recrutement de personnel de santé comme les médecins, les infirmières, est absolument important. Également du côté francophone.
Il y a peu j’ai fait une mission de recrutement d’infirmiers et d’infirmières aux Philippines. J’aimerais faire une mission similaire dans des pays francophones pour qu’ils puissent venir au Manitoba.
Avant de partir en mission, nous avons besoin de savoir combien de personnes manquent dans ce domaine. Ensuite, il y aura un travail à faire avec les différents ordres professionnels pour que ces immigrants puissent travailler dans leur profession.
Nous avons beaucoup parlé d’attirer des immigrants francophones, il faut aussi savoir retenir ces immigrants…
C’est un aspect important. Nous voulons que les personnes restent au Manitoba. Il arrive que fréquemment, des personnes qui font des déclarations d’intérêts ont déjà des connexions au Manitoba. Je pense qu’avoir un lien permet de retenir les immigrants.
Ensuite, il y a évidemment toute la dimension des services qu’on peut offrir à ces immigrants pour qu’ils se sentent chez eux et veuillent rester. Il y a aussi toute la question de l’emploi, nous devons travailler à ce que les immigrants aient des emplois décents pour qu’ils s’établissent ici.
Je peux dire avec confiance que les personnes restent au Manitoba parce qu’il y a des occasions d’avoir une maison à soi, de bons emplois et d’avoir une vie convenable.