Deux ans après son premier court-métrage : Frenchie, la cinéaste franco-manitobaine Elena Sturk-Lussier, travaille actuellement sur le développement d’une série-web intitulé Les faillites d’Astrid.

La diplômée, en écriture créative, de l’Université de Edinburgh travaille parfois « à contrat », mais pour Les faillites d’Astrid, c’est différent. « Ce sont des projets qui viennent de moi, c’est donc aussi à moi de trouver l’argent et les financements pour les réaliser. » Et c’est chose faite, ou presque.

Le Fonds indépendant de production (FIP) et le Fonds des médias du Canada (FMC) offrent justement des financements dans le cadre d’un programme de développement de séries de fiction de format court : De l’idée au pitch. À l’occasion du forum All Access organisé en janvier 2023, Elena Sturk-Lussier a saisi l’occasion : « Ils disaient être à la recherche de plus de francophones hors Québec, alors je leur ai dit que j’avais cette série-web, la partie créative était déjà faite. »

Financement fédéral

Dans le cadre de l’édition 2023 de ce programme de financement fédéral, au total, 187 projets ont été soumis, un nombre record selon le FIP. 149 en langue anglaise, et 38 en langue française. Sur les 187, 30 demandes ont finalement été retenues. 20 en langue anglaise, et 10 en français.

C’est donc déjà une belle victoire pour la Manitobaine, mais l’attribution d’un fonds de développement n’assure pas nécessairement la réalisation du projet. Celle qui se considère encore comme une cinéaste « émergente » s’est vu attribuer des fonds de développement pour une série animée pour enfant l’année passée. Sans toucher à la caméra, elle s’est concentrée sur l’écriture d’un projet qui n’a finalement pas abouti : « C’est normal aussi, ça fait partie du métier, dit-elle. Parfois, on travaille au développement pour des projets qui n’aboutissent pas sur un produit final. » Alors, pour ce projet-là, qui est le sien, Elena Sturk-Lussier espère bien le voir aboutir.

Saint-Boniface au cœur de l’histoire

En effet, Les faillites d’Astrid est une série que la jeune réalisatrice/scénariste a écrite il y a maintenant deux ans « et demi » pendant la pandémie. L’auteure admet par ailleurs que c’est un projet qui lui tient beaucoup à cœur, pour la simple et bonne raison qu’il y a un peu de l’histoire d’Elena Sturk-Lussier dans celle d’Astrid.

« C’est à propos d’une jeune femme qui est une étudiante étoile. Promise à une carrière académique, mais qui revient soudainement à Saint-Boniface, un semestre avant de graduer. Elle va être complètement perdue, elle se sent vraiment comme une faillite de revenir dans la petite communauté de Saint-Boniface qu’elle pensait avoir quitté pour toujours. »

Sans trop en dire, Astrid se mettra alors en quête d’une nouvelle identité, « d’une personne qui cherche à se retrouver », dans les décors d’un Saint-Boniface qu’elle va redécouvrir et qui est « un personnage à part entière ». Un récit initiatique en somme, un genre auquel la jeune femme porte un intérêt tout particulier.

« C’est à propos d’une jeune femme qui est une étudiante étoile. Promise à une carrière académique, mais qui revient soudainement à Saint-Boniface, un semestre avant de graduer. »

Elena Sturk-Lussier

Mobilisation

Le financement reçu par le programme De l’idée au pitch concerne donc seulement le développement de la série. « Nous avons des livrables très fixes, avec une date définie, explique la cinéaste. Je dois rendre une preuve de concept, j’ai trois scénarios d’épisodes complets à soumettre ainsi qu’une bible qui contient les résumés de tous les épisodes, les descriptions des personnages et les descriptions des lieux. » La preuve de concept consiste en une sorte de bande-annonce.

En plus des livrables mentionnés par Elena Sturk-Lussier, une étude d’audience devra aussi être soumise au jury du FIP. Celle-ci sera publiée sur les réseaux sociaux début septembre, « on espère que la communauté va se mobiliser, le jury veut voir qu’il existe un intérêt pour ce genre de série. »

Toutefois, avant de pouvoir tourner une preuve de concept, Elena Sturk-Lussier a d’abord dû trouver des actrices pour incarner les personnages principaux de la série, à savoir Astrid et sa sœur, Stella. Pour les auditions, la Franco- Manitobaine a privilégié des auditions auto-enregistrées, « parfois en personne c’est plus intimidant que de le faire chez soi sur son propre temps, c’est moins contraignant. »

En revanche, des essais en personne ont bien eu lieu après la première phase de sélection. « Dans la démo, mes deux personnages sont des sœurs alors c’est important qu’elles aient une vraie complicité. » Finalement, les deux actrices ont été trouvées : « Nous avons choisi Alice Blondeau du Québec dans le rôle d’Astrid, et Zoe Gagnon de Winnipeg dans le rôle de Stella, explique Elena Sturk-Lussier. C’était un plaisir de voir leur jeu.

Elena Sturk-Lussier saura au mois de novembre si Les faillites d’Astrid est parvenu a charmer les membres du FIP et du FMC, et s’il peut entrer en production.