Six tentes, quelques chaises disposées en cercle autour du foyer, elles-mêmes encerclées par un muret de bûches. Un peu partout autour du camp, au sol, sur les panneaux explicatifs et sur les murs, des centaines de mains rouges se sont fondues dans le décor. Sur les branches des arbres, des rubans rouges qui se prolongent jusque sur la passerelle qui relie le quartier de Saint-Boniface, et enfin : des robes rouges portées par des croix de bois, qui donnent le sentiment de passer devant un cimetière. Sur trois des croix, l’on peut lire les noms de Marcedes Myran, Morgan Harris et de la victime non identifiée, baptisée Mashkode Bizhiki’ikwe (Buffalo Woman)    

Six à dix personnes vivent sur le camp jour et nuit pour manifester et pousser le gouvernement à revenir sur sa décision de ne pas financer les fouilles du dépotoir de Prairie Green. Pour rappel, les corps des trois victimes mentionnés plus haut seraient susceptibles de s’y trouver. Les nombreux panneaux et pancartes dressées par les manifestants sont clairs. En rouge sur un drapeau blanc : Search the landfill!

Six à dix personnes vivent sur le camp jour et nuit. Photo : Hugo Beaucamp
Six à dix personnes vivent sur le camp jour et nuit. (Photo : Hugo Beaucamp)

Beaucoup de soutien

Parmi les personnes présentent sur le camp, l’on trouve Jorden Myran, la sœur de Marcedes Myran, victime d’un tueur en série présumé et après qui le camp a été baptisé. Alors que quelques passants interrompent leur promenade pour discuter avec les manifestants présents, Jorden Myran confie que le soutien du public a grandi en même temps que le camp. « Chaque jour, de plus en plus de personnes passent et nous demandent pour quoi nous nous battons. Ça se passe bien, ils nous soutiennent. » À ce propos, la jeune femme confie que le musée lui aussi continue de communiquer avec les membres du camp, « c’est eux qui nous fournissent les toilettes portables ainsi que leurs installations. »

Autour de l’Esplanade Riel, l’espoir de voir le dépotoir est toujours fort, d’autant plus à l’heure où se profilent les élections d’octobre, et les déclarations du Chef du parti de l’opposition Wab Kinew. Ce dernier a déclaré, ce mercredi 9 août, avoir dans l’intention « d’essayer » de travailler avec la police et les familles pour démarrer les fouilles. En précisant tout de même qu’il ne pouvait pas faire de promesse, « pas avant de voir ce qu’il se passera le 3 octobre. »

Les restes de Morgan Harris, Marcedes Myran ainsi que ceux d’une femme non identifiée seraient susceptibles de se trouver dans la décharge Prairie Green. Photo : Hugo Beaucamp
Les restes de Morgan Harris, Marcedes Myran ainsi que ceux d’une femme non identifiée seraient susceptibles de se trouver dans la décharge Prairie Green. (Photo : Hugo Beaucamp)

Des élections décisives

Pour Jorden Myran, c’est déjà une bonne chose, « il est prêt à prendre les mesures nécessaires pour nous aider à faire les fouilles. Alors c’est lui que nous voulons élire. Le 3 octobre nous avons vraiment besoin d’évincer Heather Stefanson. » La première ministre avait en effet refusé de financer les fouilles en évoquant les risques de santé souligner par une étude de faisabilité qui n’a pas été rendue publique.

Quoi qu’il en soit, la question des fouilles jouera probablement une part importante dans les campagnes à venir et Jorden Myran a bien conscience de l’importance de ces élections. « Je pense que peu importe celui qui l’emportera le 3 octobre, cette personne jouera un rôle décisif dans la mise en place ou non des fouilles. »