Au printemps de l’année 2023, Denis Gravel, avec l’aide de sa communauté dans Saint-Boniface, s’est lancé dans l’élaboration d’un club d’escalade pour les 4 à 12 ans, La Traverse. L’École Précieux-Sang est le lieu idéal pour ce dernier, c’est en 1992 que Denis Gravel a aidé à bâtir son mur d’escalade.

La forme d’escalade que Denis Gravel propose aux jeunes ne demande pas autant d’équipement que l’escalade en hauteur avec des cordes. Il a aussi l’avantage d’être plus sécuritaire. C’est le bouldering, un type d’escalade qui se fait sans cordes. En général les murs ne sont pas aussi surélevés et exigus que pour l’escalade avec corde. « Ça ne prend pas grand- chose pour faire du bouldering, surtout pour les jeunes. Un mur, des souliers et des bons matelas au sol pour les protéger s’ils tombent! »

« L’idée du sport à cet âge, c’est d’apprendre à se déplacer, d’apprendre les mouvements. Les jeunes se déplacent surtout à l’horizontale, ce n’est pas encore le moment de grimper haut. Notre programme pilote au mois de mai s’est très bien déroulé », ajoute-t-il.

Pour Denis Gravel, il y a peu de sports aussi compatibles avec les jeunes enfants. « Les enfants, ça veut grimper, ça monte sur tout et ça tombe aussi! Ils adorent l’escalade pour ça, ils peuvent essayer des choses, grimper sans se faire mal en tombant. »

En plus de ses bénéfices pour la forme et la santé physique, Denis Gravel développe les avantages cognitifs. « Avec l’escalade dans toutes ses formes, c’est un défi auquel il faut trouver une solution. Tu peux seulement trouver la solution en pensant, pour ensuite essayer des choses avec ton corps. Il faut faire la connexion entre le cerveau et le corps. »

Un effort communautaire

Souhaitant faire de ce programme une partie importante de la communauté de Saint-Boniface, il est allé trouver des moniteurs au Collège Louis-Riel et propose le programme comme une version jeunesse du club d’escalade de Saint-Boniface.

Monica-Claire Jacques, une élève qui entre en 10e année au Collège Louis-Riel a aidé Denis Gravel en animant et surveillant l’escalade des jeunes. « J’ai toujours vraiment aimé l’escalade. Quand j’ai entendu qu’il y avait une occasion d’en faire plus, j’ai pensé que c’était super bien et que j’étais excitée d’aider. En plus, ça comptait comme des heures de bénévolat! »

Un souvenir d’enfance de ce sport remonte en elle. « J’étais un bébé qui grimpait partout, depuis toute jeune j’aime grimper, ça m’apporte beaucoup de joie! »

Le programme pilote devait commencer avec une formation pour les moniteurs. « Pour les deux ou trois premières sessions, Denis nous a montré comment faire des exercices qu’on allait faire avec les enfants. Une fois qu’on était à l’aise, les sessions avec les enfants ont commencé », explique Monica-Claire Jacques.

Programme pilote

Les enfants de 4 à 12 ans ont pu faire quatre sessions de grimpe pendant le programme pilote. « On s’assurait que les enfants étaient sains et saufs, on leur montrait quoi faire, ou on leur donnait de l’aide et des conseils s’ils en avaient besoin », termine-t-elle.

Heureuse de son expérience, elle a hâte de se remettre au sport et d’agir comme monitrice lorsque le programme sera de nouveau lancé en automne 2023.

L’expérience fut bonne pour les parents aussi. Alycia Savard était ravie d’amener sa fille de quatre ans et demi, Cadence, aux sessions d’escalade. « Elle a adoré! C’était la première fois qu’elle participait à une activité comme celle-ci et chaque fois elle a voulu retourner grimper. »

Comme parent francophone, Alycia Savard voyait aussi une opportunité plutôt rare au Manitoba. L’occasion de participer en français à des sports est toujours valorisée. « Nous, on vit à l’extérieur de la ville, chaque fois qu’on peut participer à une activité entièrement en français on le fait! C’était aussi l’occasion pour ma fille de rencontrer des jeunes de son âge avec les mêmes intérêts, tout en parlant français. »

Cadence Savard
Cadence Savard, la fille de Alycia Savard en pleine concentration. (photo : Gracieuseté La Traverse, Vincent Blais)

Moins de stress

Mis à part la dimension sociale et francophone, Alycia Savard a senti que son enfant était bien entourée pendant la durée des sessions d’escalade. « Puisqu’ils avancent surtout à l’horizontale, ça m’enlève un stress comme parent. Ma fille peut être parfois un peu peureuse, mais quand elle a compris qu’elle ne devait pas aller très haut et juste se déplacer de gauche à droite, ça allait. Denis et les élèves qui l’aidaient ont été super gentils avec ma fille. C’était très bien organisé. »

Elle encourage fortement les parents de participer à des sessions d’escalade. « Ce n’est pas une activité typique pour les jeunes. D’habitude on pense au hockey ou au soccer. J’encourage les parents d’essayer quelque chose de nouveau, Denis Gravel fait un très bon travail. Et, pourquoi ne pas soutenir des activités en français? »

Une popularité croissante

L’escalade est un sport émergent. Une variante chronométrée du sport a fait sa première apparition aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Auprès de la jeunesse, le sport a aussi pris de l’ampleur notamment avec les chaînes YouTube d’Alex Honnold, un athlète de bouldering américain et Magnus Mitbø, un athlète d’escalade norvégien.

L’idée mijotait dans l’esprit de Denis Gravel depuis le début des années 2000, mais un concours de circonstances a fait qu’en 2023 il a enfin pu lancer le club d’escalade. « On sait que c’est un sport qui devient de plus en plus populaire avec la jeunesse, c’est une très bonne chose. Au Manitoba, il commence tout juste à y avoir des compétitions d’escalade et des équipes qui envoient des jeunes ailleurs dans le pays pour des compétitions. »

Suivant l’élan qu’il a créé avec cette première ronde de sessions de grimpe, il compte continuer à l’automne 2023. « J’aimerais que le club d’escalade La Traverse soit le club junior du club d’escalade de Saint-Boniface. En plus, l’École Précieux-Sang a connu un agrandissement de son mur d’escalade, c’est aussi ceci qui a permis au club de bouldering de se former. »

Denis Gravel cherche aussi à souligner que ce n’est pas juste l’École Précieux-Sang qui est équipée pour ce genre d’activité. « Plusieurs écoles de la Division scolaire franco-manitobaine ont des murs d’escalade. Peut-être qu’ils ont besoin de quelqu’un qui peut donner une formation sécuritaire aux professeurs d’éducation physique pour organiser un cours d’escalade. »

L’escalade se fraye une place parmi les sports de la province. Et avec l’aide de Denis Gravel, il y aura aussi une dimension francophone à ce sport en émergence.