Le sport est une activité pour tous et qui peut améliorer la vie de tous, l’activité physique est une partie essentielle de la vie des gens.

Allison Sandmeyer-Graves est la directrice générale de Femmes et Sport Canada, un organisme qui a comme mission de comprendre les besoins et désirs des femmes afin d’établir l’équité dans les sports. « Les femmes, historiquement, sont en désavantage quand ça vient au sport. Dans notre société, leur participation n’est pas aussi valorisée que celle des hommes et n’est pas équitablement représentée. »

En revanche, ces dernières années, Allison Sandmeyer-Graves remarque des changements positifs. « La question de donner plus de place aux femmes dans les sports est passée de pourquoi le faire à comment le faire, ce n’est pas parfait, mais c’est du très bon progrès. »

Afin de changer le statu quo des femmes dans le monde du sport, il faut rassembler toute la communauté sportive.

« C’est une question assez complexe, car tous les sports ont des réalités différentes. Il faut adapter les plans d’action à chaque sport. »

« Ce que fait notre organisation, c’est soutenir les différentes communautés sportives dans leurs besoins afin d’ouvrir le sport aux femmes. On organise beaucoup de programmes éducatifs tout en fournissant aux femmes une panoplie de soutiens pour les aider », poursuit Allison Sandmeyer-Graves.

Former les générations futures

Par exemple, au Manitoba, ceci se fait sous la forme d’un mentorat pour devenir entraîneuse. Susan Lamboo est la directrice des entraîneurs à Sport Manitoba. « Devenir entraîneuse est une excellente façon pour les femmes de poursuivre dans le sport. Ça fait aussi d’elles d’excellentes leaders pour des générations futures. Poser de bonnes bases de femmes entraîneuses permet d’augmenter le nombre de femmes et la visibilité des femmes dans le monde du sport. »

Susan Lamboo
Susan Lamboo, directrice des entraîneurs à Sport Manitoba. (photo : Gracieuseté)

« Souvent, je parle avec des jeunes qui découvrent le programme de mentorat et disent qu’elles n’avaient aucune idée qu’elles pouvaient participer à un programme de ce genre ou même devenir entraîneuses! Découvrir le travail d’entraîneuse veut aussi dire découvrir d’autres rôles de leadership dans les sports, que ce soit membre du conseil d’administration, directrice sportive ou arbitre, il y a énormément d’options! »

Obby Khan le ministre du Sport, de la Culture et du Patrimoine, dans un entretien réalisé avant le début de la campagne électorale, souligne également l’importance. « On veut créer un sport sécuritaire et inclusif pour tous et toutes, on connaît les bénéfices du sport, on ne veut pas les limiter pour certaines personnes. »

Au fond, la représentation des femmes dans les sports est essentielle pour faire progresser l’équité dans les sports. « Certains sports sont dominés par les femmes. Dans ceux-là, c’est plus facile pour les femmes de poursuivre le sport ou des activités qui l’entourent. Dans les sports avec moins de représentation, c’est beaucoup plus difficile », ajoute Susan Lamboo.

Allison Sandmeyer-Graves fait écho du même sentiment. « Dans le monde professionnel, on voit peu de représentation des femmes dans le sport. »

La question du sport professionnELLE

« Lors des Jeux olympiques, l’équité et la parité des expériences entre femmes et hommes sont bien mieux définies et établies que dans les sports professionnels comme le soccer, le hockey ou une multitude d’autres sports », explique Allison Sandmeyer-Graves.

Elle résume la question aux affaires. « Il existe une rhétorique que les sports professionnels féminins ne peuvent pas gagner d’argent. L’histoire d’iniquité se manifeste de plusieurs façons. » Elle voit dans ceci une dévalorisation du sport féminin depuis de nombreuses décennies.

Obby Khan souligne que le gouvernement progressiste-conservateur serait prêt à se renseigner sur le sujet. « S’il y a une occasion d’avoir une équipe professionnelle féminine ici on est prêts à s’asseoir avec les organisateurs et en parler. »

« Dans les médias, on trouve des articles décortiquant et analysant minutieusement les équipes sportives masculines. C’est très rare qu’on voit des équipes sportives féminines. Plus de visibilité pour les femmes signifie leur donner plus d’occasions de jouer au niveau professionnel. On le voit dans d’autres parties du monde, le Canada a peut-être un peu de retard sur ce plan-là », poursuit Allison Sandmeyer-Graves.

Talent sportif

Ce n’est certainement pas à cause d’un manque de talent sportif. Les femmes canadiennes ont remporté la médaille d’or au hockey et au soccer dans les dernières années, deux sports très populaires au Canada. « Si on voyait nos femmes mieux représentées, il serait plus facile de les célébrer et les encourager dans leurs sports. Pour les jeunes filles, il est possible d’avoir une équipe préférée dans la Ligue Nationale de Hockey (LNH), mais elles ne joueront jamais dans la LNH », reconnaît Allison Sandmeyer Graves.

La représentation de femmes dans des sports professionnels comme dans tous les aspects du sport permet aux jeunes athlètes féminines de trouver des modèles de référence. « En voyant des femmes dans des cadres de sport professionnel, les jeunes femmes développent un sens de ce qui est possible pour elles. Même si ces jeunes femmes ne se rendront peut-être pas dans une ligue de sport professionnel, ça élargit leur imagination. »

« Ma vision pour le sport au Canada, c’est que dans la représentation des sports, dans les médias et dans les publicités on voit projeter du respect et de la valorisation des femmes qui jouent le sport. Aujourd’hui, les femmes reçoivent encore beaucoup de messages leur disant qu’elles ne sont pas aussi importantes et valorisées dans les sports que les hommes », conclut Allison Sandmeyer-Graves.

Quantifier l’iniquité

La représentation des sports féminins sur l’écran de télévision témoigne d’une iniquité persistante. L’étude One and Done : The Long Eclipse of Women’s Televised Sports, s’intéresse à la représentation des sports féminins dans les médias aux États-Unis de 1989 à 2019. Ses données les plus récentes sur les programmes télévisés comme les sites web des télédiffuseurs indiquent seulement 5,4 % de couverture pour les sports féminins contre 91 % de couverture télévisée et 85,7 % de couverture sur les sites web des télédiffuseurs pour les hommes. La tendance est similaire pour les réseaux sociaux sur X, anciennement connu comme Twitter, seulement 4,2 % de la couverture était accordée aux femmes contre le 91,1 % accordé aux hommes.

Au Canada, aucune étude récente sur la médiatisation des femmes dans le sport n’a été réalisée. Mais Allison Sandmeyer-Graves, la directrice générale de Femmes et Sport Canada, rappelle une étude de 2014 qui a analysé la présence des sports féminins et masculins dans les médias. Ses conclusions indiquent « qu’au cours d’approximativement 35 000 heures de programmation sportive au Canada, seulement 4 % étaient des sports féminins, l’étude indique également que 11 % des programmes diffusés étaient des sports mixtes, masculins et féminins.

Le reste, 85 % étant de la programmation au sujet des sports masculins ». La seule différence en français, seulement 10 % de la programmation, était accordé aux sports mixtes, soit 86 % de programmation pour les sports masculins.

Une autre mesure de l’iniquité est le salaire des athlètes. Dans le hockey professionnel par exemple la différence est frappante. Pour les femmes jouant dans le Premier Hockey Fédération aux États-Unis, 150 000 $ est le salaire le plus conséquent de cette année et de l’histoire de la ligue. Du côté masculin, dans la Ligue nationale de hockey, le salaire le plus élevé cette année est de 12,6 millions $.