La fraîcheur dans l’air, l’aube et la douce approche du soleil. C’est tous les jours ce que les athlètes de l’équipe d’aviron vivent ceci. Ils s’entraînent à longueur d’année, sur l’eau avant le gel et dès que la glace disparaît. En hiver, ils se retrouvent dans leur club pour s’entraîner sur des ergomètres. (1)

L’aviron est un sport qui convient bien à Winnipeg qui s’est érigée au croisement de la rivière Assiniboine et de la rivière Rouge. Le sport consiste à faire des courses en bateaux de 1 000 ou 2 000 mètres. Les bateaux peuvent contenir un, deux, quatre ou huit rameurs. Les embarcations sont longilignes et crient vitesse. Leurs coques allongées sont façonnées pour trancher l’eau. En couple, c’est grâce à deux rames par athlète qu’elles avancent. En pointe, c’est une rame par athlète.

Melissa Davidson partage son expérience, elle a rejoint le sport vers ses 40 ans. Elle est présentement la gérante du Winnipeg Rowing Club. « On dit toujours que la première fois que tu rames, c’est la pire fois. C’est vrai! Mais on ne s’en rend pas compte, on l’aime tant. »

Passionnée du sport, elle poursuit : « la beauté de la rivière et de la nature est impressionnante tous les matins peu importe la météo. Une fois que tu es dans le bateau, tu te sens glisser à travers l’eau. »

En effet, les embarcations sont si minces que les rameurs, de profil, semblent suspendus au-dessus de l’eau.

Une question de détermination

Ce n’est pas sans effort, ajoute Janine Hanson l’entraîneuse en chef du programme de haute performance de la province. Elle connaît son affaire. Olympienne médaillée (2), elle guide ses athlètes dans leurs parcours d’aviron. « J’adore mon travail, je rencontre des jeunes vraiment sympathiques et je les accompagne dans des moments importants de leur vie : permis de conduire, fin du secondaire, même l’obtention de bourses pour le postsecondaire. »

Le prix? Elle aussi se réveille tôt et les accompagne tous les matins. « Ce n’est pas facile de se lever à quatre heures du matin pour venir faire du sport quand il ne fait pas tout à fait jour. Il y a souvent des alarmes qui ne fonctionnent pas ou de mauvaises nuits de sommeil », glisse-t-elle en rigolant.

Le mot du jour : discipline. Ces athlètes s’entraînent six jours sur sept et souvent deux fois par jour, ajoutant de la musculation à leur entraînement nautique. « Ils y travaillent vraiment fort et ils sont capables de voir les résultats. Ça vaut vraiment la peine, on se fait des amis pour la vie et l’on se lance dans un sport qu’on peut faire pour toujours », poursuit Janine Hanson.

« C’est vraiment un bon sport, je ne savais pas que je pouvais en faire jusqu’à ce que mon amie m’en parle. J’aimerais juste que plus de gens viennent l’essayer! »

Lucas Stadnyk

Esprit d’équipe

En fait, le matin de l’entrevue, un bateau à quatre rameurs remontait la rivière. L’aîné de l’équipage avait 72 ans. Un bel esprit d’équipe est essentiel au sport. Dans le bateau il faut se synchroniser et constamment travailler ensemble et s’ajuster aux besoins de nos coéquipiers », explique Melissa Davidson.

Un autre avantage du sport, l’impact sur les articulations du corps est minime. « Souvent, des gens qui se sont blessés aux genoux et aux jambes en général trouvent l’aviron et se collent à ce sport, car il leur permet d’être actifs et compétitifs sans enflammer leurs blessures », explique Janine Hanson.

Le sport en pratique n’est pas sans risque, mais les athlètes sont bien entourés, constamment accompagnés par des bateaux d’entraîneurs formés en sauvetage et prêts à intervenir en cas d’urgence.

Lucas Stadnyk
Lucas Stadnyk, athlète d’aviron. (photo : Raphaël Boutroy)

Découvrir le sport

Pour les habitués, le vrai défi, c’est se faire connaître. Lucas Stadnyk, 17 ans, qui s’entraîne avec l’équipe de haute performance, insiste là-dessus. « C’est vraiment un bon sport, je ne savais pas que je pouvais en faire jusqu’à ce que mon amie m’en parle. J’aimerais juste que plus de gens viennent l’essayer! »

Lucas Stadnyk s’est joint au sport une année des Jeux du Canada et a eu la chance d’y représenter le Manitoba. Bien que les prochains jeux soient encore dans quelques années, il poursuivra avec son entraînement avec l’espoir de représenter le Manitoba à nouveau.

Il existe bien des compétitions interprovinciales dans la région des prairies.

Les athlètes se retrouvent à Regina, à Winnipeg, à Gimli et à Kenora. Pour de plus grandes compétitions, les athlètes doivent voyager en Colombie- Britannique ou en Ontario. Il y a par exemple la régate Henley en Ontario qui attire 1 500 athlètes venus des quatre coins du pays.

Compétition internationale

Les athlètes manitobains ne sont pas sans renommée. Plusieurs d’entre eux ont fait des compétitions au niveau international avec l’équipe canadienne. « On a souvent des athlètes qui rejoignent l’équipe nationale et des athlètes qui reçoivent des bourses pour aller étudier et ramer pour des collèges et universités aux États-Unis comme au Canada », poursuit Janine Hanson.

Selon elle, « pour les professionnels, les courses de 1 000 mètres se font en moins de quatre minutes et les courses de 2 000 mètres en moins de six minutes ».

À l’échelle internationale, le Canada reste compétitif. Janine Hanson précise, « nos femmes font un excellent travail, elles sont très performantes dernièrement. Pour les hommes, il y a un peu moins de réussite, mais il semble que c’est en train de changer ».

Comme de nombreux sports au Manitoba, l’aviron est toujours à la recherche d’un plus grand nombre d’athlètes. « L’équipe de soutien comprend beaucoup de femmes et la majorité de l’équipe est aussi composée de femmes. On aimerait trouver plus de jeunes, tous sont les bienvenus », conclut Mélissa Davidson.

(1) Une machine destinée à l’entraînement physique permettant de reproduire les mouvements de l’aviron.

(2) Janine Hanson a remporté la médaille d’argent aux Jeux olympique de Londres en 2012 avec son équipe de huit rameuses.

Combien coûte l’aviron?

Pour ceux qui souhaitent s’essayer à l’aviron, Melissa Davidson recommande de suivre un cours introductif. « Les cours d’introduction durent

seulement 12 heures au total et coûtent un peu plus de 200 $. C’est une bonne façon de voir si ça vous plaît comme activité. Pour les adolescents, il y a aussi des camps pour un peu moins de 200 $. On vise les 13 à 18 ans. »

Quand cette étape d’introduction est passée, les coûts pour les jeunes restent raisonnables. Environ 700 $ pour l’année entière, ce qui comprend un entraînement, l’accès aux bateaux et à une salle de musculation.

Une fois arrivée au niveau de haute performance, la question de voyager pour faire des compétitions fait grimper le prix. « Dépendant de combien d’athlètes de haute performance voyagent, le programme peut coûter entre 1 500 $ et 3 000 $. Plus si les athlètes veulent acheter leurs propres bateaux, sinon on en fournit, c’est inclus dans les frais. »