Pour la santé des humains, il est nécessaire de bouger et rester actif. Certaines des premières introductions au mouvement dans la vie des enfants se font dans les sports.

David Telles-Langdon, PhD, est un professeur en kinésiologie à l’Université de Winnipeg et s’intéresse à ce sujet. « À la base, les humains sont des animaux, ils ont besoin de bouger! »

Le professeur baigne dans le monde du sport depuis son enfance, un athlète de voile. Adulte, il devient entraîneur. Vers ses 40 ans, il a décidé de retourner à l’école et trouver une carrière dans les sports. Ses intérêts convergent sur la manière dont les gens apprennent des habiletés physiques.

Pour les enfants, en particulier, les avantages semblent peser plus que les inconvénients dans le sport. « Dans le monde d’aujourd’hui il y a beaucoup de choses comme les jeux vidéo, la télévision et les voitures, qui nous éloignent de l’activité physique. C’est un très grand problème pour les enfants. L’avantage des sports, c’est qu’ils nous donnent une raison d’être actifs, ça rend l’activité physique amusante. »

« En fait, je pense qu’on a besoin de couvrir encore plus de sports dans la province. J’ai un étudiant qui fait sa maîtrise et veut vraiment intégrer les arts du cirque au curriculum scolaire de la province. Ces arts restent une activité physique, mais sans l’aspect compétitif. Un aspect qui peut dissuader certains jeunes de pratiquer du sport », souligne-t-il.

Quant à la santé et sécurité des jeunes, il ne faut pas chercher loin pour comprendre que sur le temps court et long, l’activité physique aura des avantages importants pour la santé physique des enfants et dans leurs habitudes. Cependant, l’activité peut parfois être dangereuse. « Il y a toujours des risques associés à l’activité physique. Je recommande toujours aux parents d’acheter un bon équipement pour protéger leurs enfants. Mais, les statistiques démontrent que les jeunes ont tendance à se blesser plus sérieusement et plus fréquemment à l’extérieur du sport. C’est simple vraiment, dans un sport organisé et encadré il y a des entraîneurs qui surveillent les jeunes et peuvent souvent les arrêter avant qu’ils ne se blessent. Et ils leur montrent comment éviter les blessures. »

« Dans le monde d’aujourd’hui il y a beaucoup de choses comme les jeux vidéo, la télévision et les voitures, qui nous éloignent de l’activité physique. C’est un très grand problème pour les enfants. »

David Telles-Langdon

Socialisation par le sport

Le sport est dans son essence un processus d’apprentissage pour David Telles-Langdon. « Un avantage que je rappelle souvent aux gens avec le sport c’est que c’est un contexte où l’on apprend à surmonter des défaites dans la sphère publique. De plus en plus de choses s’inscrivent dans la vie privée, les notes à l’école par exemple. Les gens n’apprennent pas toujours comme dépasser une défaite. »

« Dans les sports compétitifs, une défaite au niveau amateur, ce n’est pas très grave, c’est inconfortable et frustrant oui. Pour les petits, il y a aura un autre match plus tard dans la semaine et un autre après ça et peut-être qu’ils gagneront celui-là. Ils découvrent les hauts et les bas. »

Les sports sont ancrés dans la sphère sociale plus large. Toute une toile de relations interpersonnelles se tisse entre les enfants et les familles impliquées.

« C’est très sain de faire des sports. Socialement, on découvre de nouvelles personnes et ça nous sort des personnes qu’on voit juste à l’école. »

« Moi-même, j’ai rencontré ma femme dans mon sport, c’est un lieu de rencontre qui mène à la découverte de nouvelles personnes et de nouveaux intérêts », insiste David Telles- Langdon.

L’influence parentale

Le comportement des parents a énormément d’influence sur l’expérience des enfants dans leurs sports.

« Comme parent, il faut être conscient de l’effet qu’on a sur nos enfants. Ma première et ma meilleure recommandation, c’est de se renseigner sur le sport que leur enfant pratique. La blague c’est le parent qui demande à son enfant qui joue au soccer ou au hockey pourquoi il n’a pas marqué de buts au cours de la saison, quand en réalité c’est normal parce que l’enfant est le gardien de but! », explique David Telles-Langdon, amusé.

Le professeur rédige présentement un livre à ce sujet, répondant aux dix questions les plus souvent posées par les parents avec de la recherche scientifique.

« Avec l’épilogue de ce livre, ce que j’espère transmettre, c’est que gagner dans un sport ne veut pas forcément dire remporter la compétition.»

Il résume : « Dans le sport, gagner signifie se trouver des habitudes de vie saine qui préparent les jeunes à mener une vie active! »

Comment reconnaître un contexte sain dans le sport?

l’objectif dans le sport pour enfants, c’est de créer un contexte sécuritaire et amusant pour eux. En tant que parent, il est important de faire attention à ce contexte.

David Telles-Langdon précise le sujet. « Il faut faire attention à l’environnement, les espaces et l’équipement donnent un bon niveau de sécurité aux jeunes. L’autre partie qu’il faut prendre en compte, c’est les entraîneurs. »

Dans les dernières années, le projecteur a souvent été braqué sur des cas d’abus souvent de nature sexuelle par des entraîneurs de leurs athlètes. « On veut tout faire pour éviter et éliminer la possibilité d’abus. Je pense qu’il est très important d’expliquer aux jeunes ce qui est permis et ce qui n’est pas permis. Quand les enfants sont au courant de cela, ils ont plus de facilité à le dénoncer. »

« Il y a aussi des règles que l’on peut mettre en pratique comme la règle de 2. Avec celle-ci, un athlète ne serait jamais seul avec un coach. Il faut toujours avoir un rapport de 2 à 1. Pour certains sports, ça peut être difficile, par exemple un entraîneur avec un athlète assis à deux sur un remonte-pente pour le ski de piste. Tous les sports sont en apprentissage pour cette règle », poursuit David Telles-Langdon.

S’il faut nommer une qualité qui témoigne d’un bon entraîneur, c’est la transparence. « Un entraîneur ne devrait jamais dire aux parents qu’ils n’ont pas le droit de rester et regarder la pratique. Ça m’est arrivé une seule fois, mais je sais que c’est une pratique qui existe encore. Quand je regarde mes enfants pratiquer un sport, je regarde aussi l’entraîneur. »

Le danger des commotions cérébrales

Les commotions cérébrales sont un risque associé aux sports avec plus de contact entre les joueurs ou bien entre un individu et une matière solide.

Jean-Éric Ghia, PhD, est professeur à l’Université du Manitoba et a fait son doctorat en neurosciences. « La commotion cérébrale dans les sports se manifeste surtout dans le football américain, dans le rugby ou dans le hockey sur glace, des sports avec des instances de contact plus fréquentes. C’est un traumatisme cranio-cérébral, ça touche donc le crâne et le cerveau. Un choc reçu sur le corps, le plus souvent sur la nuque ou le crâne va entraîner un mouvement du cerveau à l’intérieur du crâne, le résultat c’est des microlésions dans différents endroits du cerveau. »

Jean-Éric Ghia
Jean-Éric Ghia, PhD, est professeur à l’Université du Manitoba et a fait son doctorat en neurosciences. (photo : Archives La Liberté)

Ce choc et ces lésions peuvent alors se manifester par une variété de symptômes. « Les commotions cérébrales sont classées comme légères, moyennes et sévères. Les symptômes qui reviennent le plus souvent sont des difficultés cognitives, donc du mal à se souvenir de certaines choses, des maux de tête, de la nausée, une sensibilité plus importante à la lumière, un caractère portant sur l’irritabilité et plus encore. »

Le processus de rétablissement n’est pas très rapide et varie selon la sévérité du choc, environ une à cinq semaines. Cependant, il est aussi possible de manifester des symptômes chroniques. Dans le monde médical, une condition chronique est une condition qui dure plus de trois mois. « Hors Québec, environ 200 000 commotions sont enregistrées chaque année », ajoute Jean-Éric Ghia.

Un autre défi se pose aussi quand le système de santé est confronté aux commotions cérébrales (1). « Il reste difficile d’identifier des commotions cérébrales, les soigneurs la déterminent avec des tests plutôt qualitatifs. » Ceci veut dire qu’ils posent des questions, inspectent les yeux et mouvements d’une personne.

« Même lors d’un examen par neuro-imagerie, il n’est pas toujours possible de détecter des commotions cérébrales. Un travail très intéressant se fait aujourd’hui qui tente de créer des outils capables d’identifier des commotions cérébrales », ajoute Jean- Éric Ghia.

« Le sport est un vecteur du divertissement et il faut faire du sport pour être en santé, ce n’est pas une chose que l’on peut négliger. »

Il est possible de choisir des sports qui posent moins de risques, mais il est difficile de l’éliminer. « Dans les sports au Manitoba les commotions cérébrales sont le plus souvent enregistrées dans le hockey pour les garçons et pour les filles dans la ringuette ainsi que l’équitation. »

(1) Voir notre édition du 29 septembre ou 5 octobre 2021.