Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
Originaires de la République démocratique du Congo (RDC), plus précisément de la capitale Kinshasa, Béatrice Ngeya et son mari, Danny Upale, ont su faire de Portage-la-Prairie leur petit nid douillet. « Kinshasa, c’est 16 millions d’habitants alors qu’à Portage-la-Prairie, c’est environ 15 000 résidents. C’est complètement différent. Mais du bon côté. Kinshasa est surpeuplé et c’est assez difficile de trouver du travail dans la ville. Il y a plusieurs jeunes diplômés qui ne trouvent pas d’emploi après leurs études. Ou alors c’est comme une bataille pour trouver un emploi.
« On pensait aussi à l’avenir de notre fille, Charity. Nous ne pouvions pas lui offrir un bon avenir au Congo.
« On s’est très rapidement dit : Pourquoi devons-nous souffrir ici pendant que quelque part des entreprises sont à la recherche des compétences que nous avons? »
C’est sur cette réflexion que Béatrice Ngeya et Danny Upale ont alors préparé leur voyage vers le Canada, sans destination précise. Béatrice Ngeya est reconnaissante de l’appui qu’ils ont reçu de la part d’amis, John et Charity Schellenberg. « Nous avons un ami qui vit déjà à Portage-la-Prairie. Nous lui avions fait part de notre intention de quitter le Congo. Il a aidé mon mari à trouver une entreprise. Grâce à lui, Danny a eu un permis de travail fermé, moi un permis de travail ouvert, et ma fille un permis d’étude. »
Danny Upale a alors commencé son travail de chauffeur à Portage Transport. Mais avant tout, comme d’autres immigrants, Danny Upale et Béatrice Ngeya ont dû repasser leur permis de conduire. « Avant de pouvoir conduire les camions, il a dû passer un certain temps avec son permis de conduire de voiture. Il faut être patient. Mais au moins, nous avons trouvé un emploi très rapidement.
« Nous avions une grande imagination par rapport à ce qu’était le Canada. Tout ce qu’on pensait connaître, c’était par rapport aux films. En arrivant, nous avons vu le rural. Finalement, les infrastructures disponibles en ville ne m’intéressaient pas vraiment. Je voulais une vie épanouie pour ma famille. Nous avons commencé à nous fortifier avec cette mentalité. »
Transports en commun
Et le charme du rural a très rapidement opéré sur la famille, notamment le calme et la tranquillité. « Je ne me rendais pas compte. Mais à Kinshasa, tout allait tellement vite, il fallait tout le temps être à la page et suivre tout ce qui se passait. Nous avions peu de temps pour voir nos amis. C’était une ville où personne n’avait le temps pour personne.
« En arrivant ici, c’était tellement différent. Tout le monde voulait nous connaître, tout le monde voulait nous aider. C’était presque gênant. Au fur et à mesure, nous avons tissé des liens profonds, ce que nous n’avions jamais eu à Kinshasa.
« Quand nous n’avions pas de véhicule, tout le monde se précipitait pour nous aider. Que ce soit pour emmener notre fille à l’école, pour les épiceries, pour n’importe
quoi. »
Puisqu’en effet, Béatrice Ngeya a dû faire face à un inconvénient : l’absence de transports en commun. « Nous n’avions qu’un seul véhicule au début. Sauf que je travaillais au sud et mon mari au nord. Alors je marchais tous les jours pour aller au travail. J’ai trouvé mon emploi à la mi-novembre 2021 et jusqu’en juin 2022, je marchais. L’hiver parfois, je mettais 30 minutes et l’été, environ 20 minutes.
« Quand mes voisins ont vu ça, ils ont tout de suite proposé de me transporter l’hiver parce qu’il y avait des risques pour ma santé. »
Le français, un atout
Grâce à l’aide de Portage Learning and Literacy Centre, Béatrice Ngeya a pu trouver un emploi en quelques semaines, un rêve pour elle qui avait connu plusieurs périodes difficiles au Congo. « Je ne pensais pas que ça irait si vite! J’ai déposé mon CV, le Centre l’a distribué et un jour j’ai reçu un appel pour passer une entrevue. Deux jours plus tard, on me rappelait pour me dire que j’étais prise parce que l’école d’immersion avait besoin d’une francophone.
« C’est tant mieux que mon français m’a servi! À ce moment-là, je ne savais que dire mon prénom et mon adresse en anglais (rires).
« C’était un défi aussi d’être dans un plus petit endroit parce qu’il n’y a pas tous les emplois que l’on souhaite. Mais il y a d’autres occasions pour se développer. »
Pour Béatrice Ngeya et sa famille, un retour à la ville n’est pas envisageable. « Si je devais donner un conseil aux personnes qui veulent immigrer, c’est de choisir des milieux ruraux. Dans les milieux ruraux, il y a un esprit communautaire qui va vous permettre de vous épanouir tellement vite! »