Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté
La DSFM souhaite, en effet, voir les téléphones cellulaires limités dans les espaces pédagogiques. Cette nouvelle mesure devrait s’appliquer dès l’automne. Alain Laberge, son directeur général, justifie la directive prise par la division scolaire. « Depuis au moins deux années, on se questionne sur la présence des cellulaires en classe. Il y a eu une montée fulgurante du nombre d’élèves qui en possèdent.
« Il y a une dizaine d’années, seuls les élèves de 11e et 12e années en possédaient. Ensuite avec la démocratisation, on a commencé à observer que les élèves de 10e, 9e, 8e et même 7e année en avaient un. »
Si des raisons pédagogiques ont pu être invoquées pour l’utilisation de cellulaires ou encore la nécessité d’être joignable en cas d’urgences, Alain Laberge explique qu’elles n’ont désormais plus raison d’être. « Il y a eu une certaine dérive après la COVID-19 et l’école à la maison. Plusieurs enfants sont revenus à l’école avec des cellulaires.
« Dans toutes nos écoles, les élèves ont accès à des tablettes ou des ordinateurs. La raison pédagogique n’est donc plus justifiée. Pour les urgences, il y a sept ans, nous nous sommes assurés qu’il y avait un secrétariat ouvert toute la journée dans toutes les écoles. »
Jusqu’à date, aucune directive n’avait été émise par la division scolaire, chaque enseignant.e était donc libre sur cette question. Certains l’interdisaient, d’autres non. En vue d’une certaine harmonie, la DSFM a tranché. « Certaines classes l’utilisaient de manière pédagogique, d’autres n’avaient pas accès du tout à leur cellulaire, d’autres pouvaient s’en servir en classe.
« Nous avons revu nos directives administratives en avril, notamment sur le droit à la déconnexion pour les membres de notre personnel. Dans cette même veine, on s’est questionné sur les cellulaires. »
Aya Coulibaly, qui fera sa rentrée en 12e année au Centre scolaire Léo-Rémillard, relève que « parfois, nos enseignants nous autorisaient à avoir nos téléphones pour s’en servir comme calculatrice ou encore pour faire des recherches. Mais nous n’avions pas le droit de nous en servir pour des raisons personnelles ».
Même son de cloche du côté de Maélie Rourke, qui va faire sa rentrée en 8e année à l’École Précieux-Sang. « Ma classe avait une boîte et on devait mettre notre téléphone dans cette boîte. Nos enseignants ne nous laissaient pas utiliser nos téléphones sauf quand il n’y avait pas assez de matériel pédagogique pour faire nos recherches. Sauf que parfois, certains élèves ne faisaient pas les recherches demandées, ils faisaient des jeux. »
Favoriser la concentration
C’est ainsi qu’en mai 2023, la DSFM a présenté une directive administrative en lien avec l’utilisation des cellulaires, à un groupe d’élèves, aux commissaires, aux directions d’école, aux membres du personnel et aux comités scolaires. Après une rétroaction de leur part, la DSFM est prête à aller de l’avant. Parce que pour Alain Laberge, l’objectif des écoles de sa division scolaire, c’est le bien-être et l’éducation des élèves. « Il y a un enjeu de socialisation. Il y avait une perte de l’aspect de socialisation et de vivre en société. Au lieu de discuter avec leurs camarades, les élèves se textaient entre eux. Surtout que souvent le texte se faisait en anglais. On était donc très loin de notre but pédagogique. »
L’interdiction s’appliquera également aux écouteurs filaires et non filaires, comme l’explique le directeur général. « J’entends que les écouteurs peuvent aider à la relaxation des enfants. Sauf que c’est une distraction supplémentaire. Nous avons besoin que les élèves soient à 100 % concentrés durant leurs cours. Il y a un moment pour chaque chose. »
Comme tout changement, Alain Laberge est conscient qu’il y aura des habitudes à reprendre. « On n’est pas là pour être des policiers. Nous sommes des éducateurs et des éducatrices. Pour le cellulaire, au début, il y aura certainement des rappels de ne pas l’utiliser en classe. Ensuite, s’il y a une persistance, les mesures seront progressives. »
Deux groupes
Pour autant, Alain Laberge reconnaît que tous les élèves n’ont pas les mêmes enjeux. C’est pour cette raison que cette nouvelle mesure sera différente pour les primaires et les secondaires. « De la maternelle à la 8e année, il n’y aura jamais de téléphone ou d’appareils électroniques dans les espaces pédagogiques. De la 9e à la 12e année, nous avons voulu couper la poire en deux. Certains élèves travaillent et ils ont besoin d’avoir leur cellulaire. On a donc décidé que pendant les cours, les téléphones devraient être mis dans les sacs. Ils pourront y accéder durant les pauses.
« Nous ne voulions pas tout couper parce qu’il faut reconnaître que pour une majorité des élèves de cet âge, le cellulaire est une grande partie de leur vie. L’important pour nous, c’est l’apprentissage qui se fait pendant les cours. »
Aya Coulibaly affirme que « les élèves de 9e à 12e sont assez grands pour faire leurs propres décisions. Je ne pense pas que cette nouvelle règle va être bien acceptée. Si un élève ne veut pas écouter, c’est son choix. Même s’il y a cette nouvelle règle, il y aura toujours des gens qui n’écouteront pas. Mais c’est leur problème.
« C’est comme tricher, tout le monde sait que c’est mal et interdit. Mais certains le font. C’est eux qui assumeront les conséquences plus tard. »
Maélie Rourke, de son côté, indique que « je pense que c’est une bonne idée d’interdire les téléphones de la maternelle à la 8e. Durant mon année de 7e, j’ai vu beaucoup d’élèves sur leur téléphone pendant que l’enseignant donnait son cours. Je gardais mon téléphone pour joindre ma mère ou mon père. Mais si on a un moyen de joindre nos parents, ça me semble bon. »
« Cette décision peut déplaire à certains élèves, certains adultes. Je ne prends pas des décisions pour être détesté ou plaire à tout le monde. Mais pour le bien-être et l’éducation de tout un chacun », conclut Alain Laberge