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Ce 27 août se terminaient les Masters Indigenous Games (MIG). Pandémie oblige, il ne s’agissait que de la deuxième édition de cette compétition ouverte aux adultes autochtones âgés de 20 et plus. Organisés par Indigenous Sport & Wellness Ontario, les Jeux se sont tenus à Ottawa et ont rassemblé des milliers d’athlètes autochtones venant de partout dans le monde. Australie, Nouvelle-Zélande, Mexique et même de La Broquerie!

Christian Turenne, 20 ans, fils de Rice Turenne 43 ans, lui-même fils d’Hank Turenne « troisième du nom », 73 ans, se sont rendus à la capitale pour représenter la petite municipalité manitobaine. Un trio de père, fils et grand-père métis qui partage une passion commune pour le sport et pour la compétition. Lors des MIG 2023, les sports représentés étaient le basketball, le volleyball, l’athlétisme, le tir à l’arc, le canot et le golf. C’est sur le vert que les Turenne se sont fait les représentants de La Broquerie, mais pas seulement.

« La chance d’être les ambas-sadeurs des familles métisses et des francophones des Prairies, c’est vraiment l’expérience que je cherchais, explique fièrement Rice Turenne. Culturellement aussi, prendre part à un évènement international, c’était intéressant. » Rice Turenne, qui est aussi enseignant en éducation physique à l’École Pointe-des-Chênes, n’en perd pas son côté compétitif pour autant. « Je n’avouerai jamais que je ne veux pas gagner. L’excitation de jouer sur de nouveaux terrains, contre des gens que l’on ne connaît pas, ça nous motive à être les meilleurs possible. »

Son père Hank Turenne, lui, a approché les Jeux avec sérieux, mais un peu moins d’ardeur : « J’ai 73 ans, j’ai joué contre des gens de 40 ans, je n’y allais pas pour gagner. J’étais professeur d’histoire et je ne suis jamais allé à Ottawa. Alors je n’y allais pas tant pour le golf que pour visiter la ville et pour une couple de breuvages… de Pepsi », s’empresse-t-il d’ajouter, l’air espiègle. Le doyen du trio a pu compter sur son petit-fils Christian Turenne pour venir compléter la sagesse de l’âge avec un peu de fougue.

| Sport et identité

Au moment de rencontrer La Liberté, le jeune Christian Turenne, devait se mettre en route pour un entraînement de volleyball. Le golf étant un sport qu’il pratique avec son père et son grand-père depuis très longtemps, il a tout de même eu le temps de partager son enthousiasme à l’idée de prendre part à l’aventure.

Les Turenne et le sport, c’est une grande histoire d’amour, presque aussi grande que leur fierté pour leur identité métisse. Rice Turenne a entraîné son fils au volleyball, il l’a initié au golf, mais il a également été entraîneur de hockey : « Papa a toujours coaché, et mon épouse et moi, on coache nos enfants aussi. » Effectivement, Hank Turenne aussi a été entraîneur de baseball et de hockey pendant 30 ans.

Tous les trois connaissent bien le terrain de golf de La Broquerie, mais pour les MIG, ils ont dû découvrir un tout nouveau terrain. Alors avant le départ, Rice Turenne s’est attelé aux recherches. « On a étudié plusieurs terrains, on a accès à des images de drones. » Il est aussi possible de faire une reconnaissance avant le début de la compétition, mais « nous autres, on est si bons qu’on n’en a pas besoin! », lance Hank Turenne, du tac au tac.

Au classement final, dans la catégorie senior, 40 ans et plus, Rice Turenne a fini 29e sur 36 et Hank Turenne 27e. De son côté, dans la catégorie junior de 19 à 39 ans, Christian s’est classé 37e sur 38. Mais ce ne sont pas les performances qui comptaient, c’était l’aventure et représenter le Manitoba. Et mission accomplie si l’on en croit Rice Turenne. « Les gens ont été épatés de voir trois générations de Métis francophones de la prairie dans la même équipe. »

« La prochaine édition ayant lieu dans deux ans, Rice Turenne se voit déjà y retourner, mais peut-être pour un autre sport. « J’ai adoré l’expérience avec mon fils et mon père, dit-il, mais nous avons parfois fait des rondes de six heures. Alors nous avons été limités pour assister à d’autres choses. » Cela étant dit, les Turenne ont tout de même pu visiter le Sénat et assister aux cérémonies d’ouverture et de clôture. Il espère également que plus de Métis feront le déplacement, car, s’il n’a dit que du bien de l’évènement, le père de famille regrette un petit peu « un manque de représentation culturelle inuit ou métisse. »