La justice canadienne a commencé mardi à juger les principaux organisateurs des manifestations de camionneurs qui avaient, à l’hiver 2022, paralysé la capitale Ottawa, bloqué des passages frontaliers cruciaux et inspiré des contestations dans plusieurs autres pays du monde.
Après plus de deux semaines de blocage, le Premier ministre Justin Trudeau avait eu recours à une loi d’urgence rarement utilisée en temps de paix pour déloger les manifestants mobilisés au départ contre les restrictions sanitaires liées au Covid-19.
Deux des principaux organisateurs de ces manifestations baptisées le “Convoi de la liberté”, Tamara Lich et Chris Barber, sont accusés de « méfait, d’obstruction à la police, d’incitation à commettre un méfait et d’intimidation du Parlement ».
Les procureurs ont prévu de faire comparaître une vingtaine de témoins, notamment des représentants de la police et de la ville. Ils accusent les deux prévenus d’avoir organisé l’occupation illégale des rues du centre-ville d’Ottawa et d’avoir refusé de quitter les lieux, même après l’instauration de la loi sur les mesures d’urgence.
A l’ouverture mardi de leur procès, qui doit durer 16 jours devant un tribunal de la province d’Ontario, l’un de leurs avocats, Lawrence Greenspon, a soutenu que la manifestation n’était pas une occupation, comme elle a été largement décrite.
« C’est une insulte à toute personne ayant survécu à une occupation que d’appeler ce qui s’est passé à Ottawa une occupation », a déclaré Me Greenspon à la presse évoquant l’invasion de l’Ukraine par la Russie comme exemple.
S’ils sont reconnus coupables, Tamara Lich, originaire de l’Alberta (ouest), et Chris Barber, propriétaire d’une entreprise de camionnage en Saskatchewan (ouest), risquent jusqu’à 10 ans de prison.
En février dernier, une commission d’enquête indépendante avait reconnu qu’il s’agissait d’une situation « exceptionnelle » qui « risquait de devenir dangereuse et ingérable ».
Minimisé au départ par les autorités, le mouvement de contestation était parti de camionneurs protestant contre l’obligation d’être vacciné pour passer la frontière avec les Etats-Unis, puis s’est élargi à un refus général des règles de santé publique au Canada lors de la pandémie de Covid.
Les manifestants étaient allés jusqu’à bloquer un pont entre la ville canadienne de Windsor et la ville américaine de Detroit, paralysant une route commerciale essentielle pour l’industrie, notamment automobile.
Sur le modèle canadien, une vague de protestation avait également touché la Nouvelle-Zélande et la France.
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