Si l’entente de principe devait encore, à l’heure de passer sous presse, être ratifiée le mardi 5 septembre, la porte-parole de l’APPUSB, Phi-Vân Nguyen, tient à rappeler tout de même que « si la question salariale est réglée, cela ne veut pas dire que toutes les questions qui étaient en suspens sont réglées aussi. » L’APPUSB souhaitait recevoir une augmentation de 12,75 % étalée sur quatre ans. Une cible qui, selon le président de l’APPUSB, Patrick Noël, a quasiment été atteinte lors des négociations.
« Sur papier, c’est une augmentation de 2 % par an pendant quatre ans (8 %), explique Patrick Noël. Mais on joue avec une revalorisation des échelons et cela masque une augmentation d’environ 4 %. »
Pour rappel, les salaires des professeurs adjoints, professeurs agrégés, titulaires, professionnels et professeurs enseignants varient en fonction de leur échelon. Ces derniers vont de 1 à 16 pour les professeurs agrégés, 14 pour les professionnels et professeurs enseignants et jusqu’à 13 pour les professeurs adjoints. Pour résumer, la convention collective prévoirait donc une augmentation, que l’on pourrait qualifier de brute, de 2 % par an pendant quatre ans, puis une revalorisation au cours de la dernière année, à savoir celle qui a commencé au 1er août 2023 et qui se terminera à la fin du mois de juillet 2024.
Pour autant, la porte-parole ne parle pas vraiment de victoire. « Ce n’est pas seulement les 12,75 %, c’est aussi la rétroaction ». Le comité de négociation de l’APPUSB espérait obtenir un plus gros pourcentage d’augmentation sur la première année de la convention. Ici, c’est le chemin inverse qui leur a été proposé.
Phi-Vân Nguyen poursuit : « On a travaillé plus de trois ans sans contrat, donc on négocie pour du travail déjà effectué. Avec la répartition actuelle de ces 12 %, la révision à la hausse des échelles salariales intervient lors de la dernière année. Par conséquent, le paiement rétrospectif de l’employeur est moins important. »
L’entente prévoit aussi un bonus de ratification de 500 $.
Au sujet des chargés de cours, qui ne sont pas concernés par les échelons mentionnés plus tôt, leur rémunération aussi a été réévaluée. Par charge de cours, soit l’équivalent de trois crédits, le salaire passerait de 6 245 $ à 7 075 $.
| Et la charge de travail?
Si un compromis a été obtenu sur la question salariale, le syndicat des professeurs a dû « remettre à plus tard » la question de la charge de travail qui avait été soulevée dans une entrevue réalisée par La Liberté au mois de juin 2023.
Phi-Vân Nguyen, également professeure agrégée d’histoire, faisait état d’une charge de travail conséquente, notamment dû au fait que les professeurs à l’USB sont eux-mêmes responsables de l’élaboration de leurs curriculums. « Aussitôt que les gens voient la charge de travail et la rémunération qui va avec… le calcul est vite fait! » À l’époque, le président de l’APPUSB, Patrick Noël, avait ajouté : « Les financements pour les universités ont grandement diminué sur les dernières années, donc nous ne sommes pas les seuls dans une situation difficile, mais nous sommes rendus pires que les autres. »
Pourtant, les états financiers de 2023 de l’USB (disponibles en ligne sur le site de l’USB) indiquent une santé financière plutôt solide avec une augmen-tation de la subvention pro-vinciale d’environ 600 000 $ et une augmentation de plus de 2,8 millions $ du fédéral. Avec un budget réel en 2023 d’un peu plus de 39 millions $, soit 2,8 millions $ de plus qu’en 2022, l’USB a atteint un excédent (avant la contribution en dotation) de 2 millions $ en 2023.
Avec plus de 18 millions $, il est quand même important de noter que c’est à l’enseignement que l’USB alloue la plus grosse partie de son budget, à savoir 46 %.
| Un scénario à recommencer?
La convention collective précédente est devenue caduque le 31 juillet 2020. Celle qui sera ratifiée (ou non) ce 5 septembre couvrira rétroactivement la période du 1er août 2020 au 31 juillet 2024. De nouvelles négociations devraient donc démarrer à partir du 1er janvier 2024.
« On craint de retomber dans le même scénario et de nouveau se retrouver sans contrat au cours de l’année trois ou quatre », souligne la professeure d’histoire qui regrette aussi que l’intervention d’un médiateur indépendant ait été jugée nécessaire. « Nous sommes dans une institution qui porte une mission importante pour la communauté francophone du Manitoba, c’est une petite institution dans laquelle on s’appelle tous par nos prénoms. Ce serait plus souhaitable d’entretenir un dialogue avant que les problèmes ne dégénèrent en conflit de travail », regrette-t-elle.
De son côté, Patrick Noël, président de l’APPUSB, explique que le comité de négociation adoptera désormais une nouvelle approche. « Nous suivrons un calendrier plus rigide. Je veux que l’on obtienne nos conventions dès la première année et pas à la dernière. S’il n’y a pas d’entente après cinq ou six mois de négociation, ce sera la grève. »
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