Le travail de pompier volontaire au rural est aussi vaste que les régions dont ils sont responsables. De nombreuses communautés dépendent de ces bénévoles pour assurer non seulement le contrôle et la prévention des feux, mais aussi le sauvetage et les premiers soins dans des situations d’urgence.

Denis Boulet, qui habite à Saint-Georges, aux alentours de Powerview Pine-Falls, est pompier volontaire depuis près de 40 ans. Il a d’abord assumé le rôle lorsqu’il travaillait dans l’usine de pâte à papier de Powerview Pine-Falls. « Pour moi, c’était une façon d’aider ma communauté. »

Au cours de ses nombreuses années comme pompier volontaire, il a été témoin de l’évolution du métier. « Au commencement, on prenait soin des feux, des feux de maison, des feux d’herbe et, s’il y en avait, des feux dans les bois. Le village est entouré par les bois. S’il y a un feu, il faut essayer de protéger ton village autant que possible. »

Cependant, les tâches de Denis Boulet se sont rapidement multipliées. « Au fil des années, les pompiers ont commencé à tout faire. Quand il y avait un accident de voiture, on devait savoir se servir des écarteurs hydrauliques (1). Au début, c’étaient juste les ambulances qui les avaient, mais au bout d’un moment c’était trop et nous aussi on a commencé à s’en servir. »

Pompier : généraliste des premiers intervenants

La dimension rurale n’est pas négligeable non plus. Les pompiers volontaires sont souvent responsables de la recherche et du sauvetage. Denis Boulet énumère les responsabilités des pompiers au rural. « Si quelqu’un se perd dans les bois, c’est nous qui devons les retrouver et les secourir. En hiver, si des gens tombent à travers la glace, c’est nous aussi. On a de l’équipement spécialisé pour ça. »

Au fond, il faut avoir un réseau de volontaires motivés afin de prendre soin d’une communauté. C’est devenu un plus grand défi au fil du temps, explique Denis Boulet. « J’ai commencé à 20 ans, ça fait que j’ai vu plusieurs pompiers qui sont venus, qui ont fait leur tour, et qui ont pris leur retraite. La vie change, parfois on a des enfants. » Le nouveau défi dans la région, c’est le manque d’emplois. « Depuis la fermeture de l’usine, beaucoup de nos jeunes partent travailler en ville, à Pinawa ou dans le Nord. Maintenant, on a de la misère à trouver des jeunes qui sont prêts à se lever à deux heures du matin pour un feu ou un accident de voiture. »

Il avoue que lui, comme certains autres volontaires, après 40 ans de service, aimerait prendre la retraite, mais hésite face au manque de nouvelles recrues.

Certains jeunes se montrent toutefois à la hauteur. Julie Osis vivait à Powerview Pine-Falls, elle est devenue pompière volontaire. Le début d’une toute nouvelle carrière. « Depuis ma jeunesse, j’ai toujours su que je voulais aider les gens, mais je n’aime pas les hôpitaux, je n’avais pas envie de travailler là. J’ai décidé de me joindre à la station de pompiers de Powerview Pine-Falls. »

Après un peu d’expérience comme volontaire, encouragée par des histoires de bonnes expériences dans le programme de formation de pompiers à Brandon, elle a décidé de s’y inscrire.

Elle a suivi un programme de 11 mois qui lui a permis d’obtenir à 21 ans une formation de pompier et en services médicaux d’urgence. « C’était très condensé, mais maintenant que j’ai terminé, ça me manque.

« J’espère travailler à plein temps à Brandon ou à Winnipeg. Si je m’installe un jour à l’extérieur de la ville, je rejoindrai certainement la caserne dans ma municipalité », ajoute-t-elle.

Elle précise justement que c’est seulement à Brandon, Winnipeg et Thompson que l’on trouve des départements à plein temps.

Déjà ancrée dans le domaine, elle encourage plus de gens à y penser comme une option de carrière ou de bénévolat. « Ce n’est pas tout le monde qui peut le faire, mais si tu y penses, il faut l’essayer, c’est la seule façon de savoir. »

Les femmes dans le métier

Également consciente du manque de femmes dans le service, elle pèse l’importance d’une représentation féminine. « C’est beau de voir qu’il y a plus de femmes. C’est une carrière avec beaucoup d’hommes. Pendant ma formation, on a eu une présentation des pompiers de Régina, leur département d’environ 270 personnes a seulement une femme.

« Aujourd’hui, les gens comprennent que les femmes sont aussi capables que les hommes. C’est bien de voir des femmes dans ce métier et comme femme, c’est réconfortant de savoir que je ne suis pas seule », poursuit Julie Osis.

Pour Denis Boulet, l’afflux de femmes vers le métier est une excellente chose. « Pendant longtemps, les gens disaient que les femmes n’étaient pas assez fortes pour ce travail, c’est faux. C’est vraiment bien d’avoir plus de gens qui se joignent à la caserne, il y a de la place pour tout le monde. »

(1) Également connu sous le nom Jaws of Life, cet outil permet aux premiers intervenants d’extraire les victimes d’accidents de leur véhicule plus rapidement.

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Devenir pompier au Manitoba

Le processus pour devenir pompier au Manitoba n’est pas sans ses défis. Un seul collège offre une formation et seulement trois municipalités offrent des postes à temps plein. Toute autre caserne fonctionne sur une base de volontariat.

Autrefois, le processus était plus simple selon Denis Boulet. « Quand j’ai commencé, je n’avais pas besoin de faire autant de cours pour être un pompier volontaire. Même pour les jeunes qui veulent devenir pompiers professionnels aujourd’hui, ils doivent aller loin. » La seule école pour pompiers étant à Brandon, les jeunes pompiers volontaires qui souhaitent en faire carrière sont obligés de quitter leurs communes. « C’est dur pour une petite communauté de perdre même quelques-uns de ses pompiers volontaires comme ça. »

Aujourd’hui, les choses ont changé, les pompiers sont toujours recherchés, mais surtout ceux avec des formations en soins médicaux d’urgence. À Thompson, par exemple, les pompiers sont aussi les ambulanciers. Ainsi, il est nécessaire pour eux d’avoir une formation en lutte incendie et une autre en services médicaux d’urgence.

Julie Osis précise le processus de recrutement à Brandon et Winnipeg selon son expérience. « Je pense que le processus entre Winnipeg et Brandon est assez similaire. C’est un mélange de tests écrits, physiques et psychologiques, en plus d’entrevues. À la fois pour le côté pompier et le côté des services médicaux d’urgence. »

L’autre épreuve, peut-être plus importante, est le coût. Les frais de scolarité s’élèvent à 20 000 $, sans compter l’équipement qui est estimé à 3 800 $ par le Manitoba Emergency Services College. « C’est pas mal cher et c’est si condensé! Il y a tellement à apprendre, tu n’as pas vraiment le temps de travailler pendant que tu suis les cours, explique Julie Osis.

« Je sais que beaucoup de personnes ont du mal avec le coût. Je suis Métisse alors j’avais un peu d’aide de ce côté-là », ajoute-t-elle.

Le salaire pour un pompier professionnel dans la ville de Winnipeg commence à 61 000 $ par année. Après cinq ans au service des pompiers de la Ville, le salaire augmente à 101 788 $ par année. Après ces cinq premières années, certaines augmentations peuvent être acquises, par exemple si un individu devient capitaine.