Comme l’explique la directrice générale du CCFM Ginette Lavack, la demande pour cette subvention vient d’une vraie réflexion, mais elle répond aussi à une demande d’une partie de la population : la communauté LGBTQ+. « On travaille notamment avec des organismes comme Pride Winnipeg qui aimeraient se sentir plus inclus et acceptés. Puis, on a vu des exemples ailleurs. Plusieurs universités et institutions au pays se tournent vers des toilettes non genrées. On s’est donc dit, en tant qu’institution publique, qu’il était temps d’être plus accueillant et accessible pour toutes et tous. »

Au-delà même de la communauté LGBTQ+, Ginette Lavack voit l’installation de ces infrastructures d’un bon oeil pour toutes les familles qui viennent visiter le CCFM. « Oui, il y a un sens de sécurité. Qu’on soit homme ou femme et qu’on puisse y rentrer avec nos jeunes, c’est plus pratique et aussi nécessaire de nos jours. »

Il y a un peu plus d’un an, Haran Vijayanathan, alors directeur, Équité et croissance au Musée canadien pour les droits de la personne (MCDP), faisait le même constat.

Comme le CCFM, le MCDP reçoit du public et se veut le plus accessible possible. Et comme Ginette Lavack, Haran Vijayanathan expliquait à La Liberté que cette mesure n’était pas juste réservée à la communauté LGBTQ+. « N’importe quel parent pourra utiliser n’importe quelle salle de bain maintenant sans craindre d’utiliser la mauvaise salle de bain. J’utilise un exemple très souvent : une femme qui aide son mari aveugle, elle ne sait pas si elle doit utiliser la salle de bains pour hommes ou pour femmes. Désormais, elle ne se posera plus cette question. C’est un poids en moins pour elle lorsqu’elle doit se rendre quelque part. Le but est que tout le monde se sente à sa place dans la société sans devoir faire un choix qui rappelle qu’ils font partie d’une minorité », soulignait-il.

| Vision plus large

Passé ce stade de réflexion, ce sera le temps de la construction. Selon Ginette Lavack, plusieurs options sont ouvertes. « On sait qu’on va rénover les toilettes existantes. Mais le fonds accordé ne permettra pas de faire tout le Centre, on va devoir le faire en étapes. On reste d’ailleurs à la recherche d’autres fonds, mais on veut débuter ce projet », explique la directrice générale, qui ne sait pas en revanche à partir de quand ces toilettes non genrées seront disponibles. « Ça va prendre quelques années, ça nécessite du travail », précise-t-elle.

À propos de la réalisation, le MCDP avait plus d’avance que le CCFM. L’an passé, le Musée travaillait depuis déjà deux ans sur son modèle interne. Concrètement, « il n’y aura plus d’icône femme ou d’icône homme. Il y aura simplement des icônes qui indiqueront urinoir, toilette ou encore accessible », détaillait Haran Vijayanathan.

Là aussi, Ginette Lavack imagine plusieurs façons de faire et reste attentive à ce qui se fait ailleurs. « Il y a des standards qui sont en train d’être établis. Il y a de la recherche sur le sujet à l’échelle du pays. On va s’inspirer de tout ça pour faire un projet acceptable de toilettes universelles. »

Cette envie d’inclusion s’inscrit dans une vision plus large selon Ginette Lavack. Même en interne, de plus en plus d’initiatives sont prises pour respecter les choix de chacun. « Plusieurs organismes le proposent et c’est le cas pour nos employé(e)s, il est possible de voir nos pronoms dans nos signatures. Il y a du they/them, du iel. On a des employé(e)s qui se retrouvent dans cette démographie-là. Eux et elles aussi cherchent à se sentir bien et confortables au travail. Donc il faut voir à tout ça et ce genre de projet nous permet de tendre vers cette vision. »