Appelée Tizi n’Test, cette faille dans la croûte terrestre serait apparue lorsque le supercontinent de la Pangée s’est assemblé il y a 300 millions d’années, puis fracturé en plusieurs morceaux qui deviendront progressivement nos continents. Sa dernière activité remonterait à l’époque de la formation des montagnes du Haut Atlas, le massif le plus élevé d’Afrique du Nord.
Ou du moins, on croyait que cette faille était endormie depuis lors, mais le séisme du 8 septembre pourrait remettre cela en question.
Si l’on a pu établir que c’est cette faille qui s’est « réveillée », c’est en raison des observations lundi dernier d’un satellite européen, Sentinel-1a. Il fait partie d’un groupe de satellites occupés à cartographier la surface terrestre et pour ce faire, ils envoient des signaux radar qui leur permettent de mesurer d’infimes variations du sol. Dans le cas présent, cette technique a permis aux géologues Judith Hubbard et Kyle Bradley, de l’Université Cornell, de comparer avec des données récoltées avant le séisme et de pointer où la terre avait bougé.
Mais on parle d’un mouvement de l’ordre du millimètre — le niveau de précision dont ces satellites sont capables. Ce qui signifie que, en l’absence de tels satellites, bien des choses nous échappaient jusqu’ici sur les micromouvements des plaques tectoniques.
C’est encore plus compliqué quand on se rend compte que les micromouvements en question n’ont pas formé une ligne continue : c’est ce que révèle la carte publiée par Hubbard et Bradley. Cela signifie que la « déchirure » du sol ne s’est pas rendue jusqu’à la surface, soit ce qu’on appelle un « séisme aveugle » dans le jargon des géologues. Et ce qui rend plus difficile de comprendre exactement la façon dont la faille s’est déplacée.
Les scientifiques espèrent toutefois que ces observations inédites mettront sur la voie d’une meilleure compréhension des tremblements de terre — un satellite américano-indien, NISAR, doit d’ailleurs s’ajouter à ces espions du sol l’an prochain. Parce que mieux les comprendre pourrait un jour permettre de les prédire. Un objectif qui, jusqu’ici, a toujours relevé de l’utopie, comme l’a douloureusement rappelé le drame marocain.