Ayant grandi aux Philippines, Kevin Barkman était entouré de badminton partout dans son environnement. En effet, depuis son entrée officielle aux Jeux olympiques en 1992, toutes les médailles sauf une ont été décrochées par des personnes, d’origine asiatique. Un sport particulièrement populaire comme l’explique le joueur.

« C’est aux Philippines que j’ai commencé à jouer. En Asie, le badminton est sur toutes les télévisions. C’est là que j’ai été piqué d’intérêt pour ce sport. »

Après plusieurs années, il rentre au Canada et poursuit sa passion pour le badminton. « Je suis revenu à l’aube de mes 18 ans, j’ai rejoint l’équipe provinciale. En 2015, j’ai participé aux Jeux d’hiver du Canada et j’aurais vraiment voulu poursuivre. Cependant, pour des questions financières, je n’ai pas pu continuer dans les compétitions. J’ai pris une pause de deux ans. mais je pratiquais toujours pour moi personnellement.

« En 2017, j’ai eu l’occasion de jouer en Chine et j’ai recommencé à faire des compétitions au niveau inter-national. »

Cependant, lors d’un accident, Kevin Barkman s’est cassé le pied et la jambe, ce qui l’a forcé à prendre une pause durant près d’une année complète. « Même en recommençant, je faisais attention à ne pas trop forcer, parce que j’avais évidemment peur de ne plus pouvoir jouer du tout. »

Avec son retour sur les terrains de badminton et sa confiance en ses capacités, Kevin Barkman décide qu’il est temps de pousser plus loin dans la compétition. « Je parlais à mon entraîneur à Steinbach, on regardait mes résultats et à un moment, on a décidé que c’était le bon temps de se lancer pour les Jeux olympiques. »

| Les 100 meilleurs

Pour parvenir à se qualifier aux Jeux olympiques, Kevin Barkman doit faire partie des 100 premiers joueurs dans le classement de la course vers Paris. Parce qu’en effet, le processus de qualifications aux Jeux olympiques pour le badminton est un peu particulier. Puisqu’un certain nombre de places sont réservées au pays organisateur des Jeux olympiques, des quotas sont aussi disponibles pour les différentes régions du monde. Kevin Barkman n’a donc pas le choix.

« En date du 5 septembre, j’étais classé 226e. J’étais 399e il y a quelques mois. Pour augmenter mon classement, il faut que je participe à des tournois. Évidemment, quand je ne joue pas, d’autres personnes jouent et peuvent gagner des points. »

C’est donc un casse-tête mathématique pour le joueur, qui doit arriver à remonter dans le classement. Il a jusqu’au 28 avril 2024 pour se glisser dans le top 100.

« Tous les tournois ne rapportent pas le même montant de point. Tout dépend du niveau de compétition, locale, nationale, internationale. Les tournois peuvent rapporter entre 100 et 1 000 points. Évidemment, il faut les remporter.

« Je me suis fixé de participer à entre 18 et 22 tournois. Avec mon entraîneur, nous analysons mes chances de gagner, nous regardons les coûts engendrés et ce que ça peut me rapporter. »

Chaque participation àun tournoi demande également à Kevin Barkman de mettre son travail de consultant entre parenthèses. Cependant, l’inscription est payante et d’autres frais de déplacement sont à prendre en compte.

« Il faut compter entre 1 000 et 2 000 $ au total par tournoi. Ce que j’essaie de faire, c’est de jouer plusieurs tournois de suite dans des endroits assez proches. Par exemple, début août, j’étais au Luxembourg, j’ai joué là-bas, ainsi qu’en Allemagne, en Autriche et au Danemark. Des endroits proches. Ensuite, je me suis envolé pour le Pérou et le Guatemala. En revenant, je travaille pendant quelques semaines et ensuite je repars pour plusieurs semaines de tournois. »

| Un message aux plus jeunes

Kevin Barkman a estimé que pour participer aux Jeux olympiques, il lui faudrait entre 25 000 et 40 000 $. Il a d’ailleurs déjà reçu beaucoup de soutien (1).

« Il y a des entreprises locales qui m’ont commandité, ils auront leur logo sur mon maillot. Autrement, beaucoup de personnes m’ont fait des dons. J’essaye aussi d’organiser des évènements qui servent de collecte de fonds. C’est vraiment incroyable de voir tout ce soutien autour de moi. »

À date, le joueur a réussi à récolter environ 4 000 $. L’objectif est encore loin d’être atteint. Mais pourtant il ne se laisse pas décourager, un trait de caractère qu’il tient du sport. « Le badminton est un sport tout aussi physique que technique. Jouer au badminton, c’est réfléchir à sa technique, à sa manière de jouer. Le volant peut vraiment tout changer. La combinaison du sport physique et technique en fait un sport vraiment très appréciable.

« Aller aux Jeux olympiques est évidement une grosse affaire pour moi. Mais aussi pour les plus jeunes que j’entraîne. Je veux leur montrer que c’est possible. Que rien n’est hors de leur portée. Même si je n’arrive pas à m’y rendre, je veux leur montrer qu’il faut se battre pour leur rêve, que ça vaut le coup. »

  • (1) Pour les personnes qui souhaitent faire un don, il est possible de rejoindre Kevin Barkman directement sur son site web : https://kevinbarkmanbadminton.com/train-with-me/