Le droit de vote tel qu’on le connaît actuellement est le résultat de longs combats menés par plusieurs groupes. Au Manitoba, après l’entrée dans la Confédération, en 1870, la loi provinciale exclut les femmes du droit de vote. À cette époque, seuls les hommes blancs peuvent voter. Il faudra attendre 1916 pour que les femmes puissent voter et 1952 pour les personnes autochtones au Manitoba.

Aujourd’hui, tout citoyen canadien âgé de 18 ans peut se rendre aux urnes pour exprimer sa voix. Pourtant, des barrières subsistent, comme la compréhension des élections. C’est ce qu’a fait valoir la campagne de sensibilisation en juillet Disability Matters Vote (1) à laquelle Maria Fernanda Arentsen a pris part.

Son frère Pablo a la trisomie21. Il a exercé pour la première fois son droit de vote. « Je suis très fière de lui » : ce sont les mots de Maria Fernanda Arentsen pour décrire l’action de son frère.

« Dans ma tête, il a toujours été un citoyen à part entière. Mais c’est comme si par ce geste, il le devenait plus clairement aux yeux de la société. Toutes les voix comptent. C’est quand on vote qu’on peut changer les choses, c’est très important que la démocratie soit exercée de manière consciente. »

Maria Fernanda Arentsen regrette le fait que les personnes en situation de handicap soient souvent absentes des conversations des politiciens. « Tout le monde est important. Tout le monde est un protagoniste dans la société. C’est pour cette raison que c’est très important de considérer les personnes ayant un handicap non seulement comme faisant partie intégrante de la société, mais aussi comme des protagonistes. »

« Ce n’est pas seulement que Pablo ait voté. Pablo, qui a une trisomie, a voté! C’est un citoyen à part entière qui a exercé sa liberté de voter dans une démocratie. Les gens qui ont traversé une dictature le savent. C’est un privilège de voter. »

Maria Fernanda Arentsen

Une conscience électorale

Avec cette action posée par Pablo, Maria Fernanda Arentsen espère que s’éveillera en lui une certaine conscience pour les élections à venir.

« Pablo vit dans une maison communautaire. Il a beaucoup d’amis qui sont dans une situation similaire à la sienne. Et c’est important qu’ils voient le geste posé par Pablo. Parce que s’ils voient quelqu’un qui leur ressemble participer à la démocratie de la société, ils se disent qu’eux aussi, leur voix compte. Pablo pourrait être comme une sorte d’ambassadeur. »

D’ailleurs, Pablo Arentsen a vécu une bonne expérience lors de sa participation au bureau de vote, comme l’explique sa sœur. « Les personnes au bureau de vote ont été très gentilles, très accommodantes. Il s’est mis à la table et il était très fier, ça se voyait dans son regard. Il était très prêt pour accomplir son devoir de citoyen. »

Maria Fernanda Arentsen est la sœur de Pablo Arentsen. (photo : Marta Guerrero)

Un geste très personnel

Originaires de l’Argentine, Maria Fernanda Arentsen et Pablo Arentsen ont connu la dictature dans leur pays natal entre 1976 et 1983. Les droits des citoyens étaient piétinés. Voter est donc une responsabilité pour Maria Fernanda Arentsen. « Je sais ce que c’est de ne pas pouvoir voter. Je sais ce que c’est de ne pas avoir de voix. Que les droits des citoyens soient séquestrés et éliminés par la dictature. Alors pour moi, c’est doublement important.

« Ce n’est pas seulement que Pablo ait voté. Pablo, qui a une trisomie, a voté! C’est un citoyen à part entière qui a exercé sa liberté de voter dans une démocratie. Les gens qui ont traversé une dictature le savent. C’est un privilège de voter. »

La fierté ne peut être plus grande pour Maria Fernanda Arentsen. « Pablo est tellement précieux! Alors qu’il puisse faire la même chose que tout le monde, ça n’a pas de prix. Et je pense qu’au Canada, même s’il a fallu se battre pour le droit de vote pour toutes et tous, c’est la bonne place pour que les gens puissent exercer ce droit de vote.

« C’est petit à petit qu’on se rend compte que tout le monde fait partie de la société, que le droit de vote n’est pas réservé seulement à une partie de la population. »

(1) Voir l’article dans l’édition de La Liberté du 26 juillet au 1er août 2023. ICI