Eya Ben Nejm – Francopresse
Après le projet Une langue, des histoires, un livre numérique qui recueille des témoignages de personnes de la communauté, l’Association Francophone de Kamloops (AFK) a décidé de lancer un balado avec la même thématique : FrancoLoops.
Dans chaque épisode, Jamie Shinkewski, chargé du développement communautaire et des communications à l’AFK, invite une personne de la communauté à raconter son lien avec le français. L’animateur compte produire 20 épisodes de 20 minutes.
Avec ce projet, Jamie Shinkewski espère renforcer « le sentiment d’appartenance et de fierté d’être francophone ».
L’actualité sur le déclin du français et la détérioration des relations entre les communautés après la pandémie ont accentué son désir de renouer avec la culture francophone.
Selon Statistique Canada, à Kamloops, 5,4 % de personnes ont une connaissance du français, et seulement 0,9 % ont comme première langue officielle parlée le français.
Le français d’un point de vue personnel
« C’est important qu’on commence ici à se développer une mémoire collective, une mémoire communautaire », commente dans le premier épisode Gilles Viaud, vice-président de l’AFK.
Pour lui, collecter les vécus et les récits des personnes de la communauté permet d’inscrire à jamais leur implication. « En disant leur histoire, on raconte l’histoire de la communauté », déclare-t-il en entrevue avec Francopresse.
Créer un balado permet de rendre l’information accessible à tout le monde et ainsi de briser certains préjugés, estime de son côté Jamie Shinkewski.
« Mes amis anglophones pensent souvent juste au Québec quand on parle de la francophonie », raconte-t-il.
Pourtant, l’expérience de la francophonie varie d’une province à l’autre, rappelle l’animateur de FrancoLoops. C’est pourquoi il veut en « apprendre sur le lien personnel de chaque personne [avec le français] à travers chaque épisode ».
« Une langue est différente selon la perspective individuelle », ajoute-t-il.
Première école francophone
Gilles Viaud est originaire du Québec. Il a vécu en Saskatchewan puis s’est installé avec sa famille à Kamloops en 1998.
À leur arrivée dans la région, lui et ses proches constatent qu’il n’y a qu’une école d’immersion en français, mais « rien d’autre », se souvient le père de famille dans le balado.
Après avoir inscrit sa petite dernière en maternelle à cette école d’immersion, il observe une diminution de la qualité de son français oral. Selon lui, le système «n’était pas adapté pour enseigner une langue première mais fait beaucoup d’efforts pour enseigner une langue seconde».
Face à cet enjeu, et encouragé par son attachement à sa culture francophone, Gilles Viaud décide de s’impliquer dans la communauté pour tenter de fonder une école francophone.
Après une longue bataille, en 2001, la première école francophone de Kamloops voit le jour, aujourd’hui nommée l’école Collines-d’or.
« Je voulais avoir ces institutions-là pour que ça bénéficie à ma famille, mais évidemment, en faisant ça, c’était d’autres familles qui allaient en bénéficier, pas juste pour nos enfants qui étaient à l’école, mais pour les générations suivantes », souligne-t-il.
Promouvoir la fierté francophone
Le projet de lancer un balado aussi intime est aussi lié à l’histoire personnelle de l’animateur Jamie Shinkewski et de son parcours unique avec sa culture francophone.
Jamie Shinkewski faisait partie de la première cohorte de la première école francophone de Kamloops en 2001. « Moi et ma sœur, on était parmi les 12 premiers élèves. »
Plus jeune, il voyait sa situation d’élève francophone comme une différence : « Je ne voyais pas [cela] comme un avantage. »
Arrivé à l’âge adulte, l’animateur se rend compte de l’importance d’avoir une culture et un héritage francophones. « Le français a été perdu dans notre famille pour quelques générations et c’était ma mère qui était vraiment passionnée à le reprendre. »
En prenant conscience de tous ces facteurs, « comme adulte, tu te sens unique et ça devient une fierté », exprime aujourd’hui Jamie Shinkewski.
Pour l’instant, la communauté de Kamloops continue de travailler « à essayer de rejoindre le plus possible les gens dans la communauté, qu’ils soient francophones ou francophiles. Maintenant nous on est sur une bonne lancée », assure Gilles Viaud.