Originaire du Cameroun, Alice Teufack est arrivée au Canada il y a 25 ans. Elle a poursuivi des études en comptabilité et en administration des affaires au Québec, puis décidé de changer de vocation. Elle entre alors dans le monde de la production vidéo.

Alice Teufack a obtenu un baccalauréat en cinéma et études vidéo il y a deux ans à l’Université du Manitoba, puis a travaillé à Radio-Canada Manitoba en tant que réalisatrice associée au Téléjournal pendant un an. La réalisatrice a ensuite pris la décision de travailler de manière indépendante il y a environ un an, en tant que productrice indépendante émergente.

Le premier projet vidéo d’Alice Teufack, qu’elle a récemment réalisé, est le documentaire Grand-Frère. Elle raconte le processus de création qui a débuté en septembre 2022 et s’est terminé en juin 2023 : « Lorsque j’ai entamé ma transition pour me lancer de manière indépendante, j’ai vu passer un appel de l’organisme National Screen Institute (NSI), qui cherchait des réalisateurs de films pouvant raconter une histoire de générosité. À ce moment-là, je me suis souvenue d’André Doumbè, surnommé affectueusement Grand-Frère dans la communauté manitobaine, un homme généreux de nature. Il était un vrai soutien pour la communauté africaine établie au Manitoba. C’était un travailleur infatigable, il m’a inspirée.

Un hommage

« J’ai répondu à l’appel du NSI en proposant l’histoire d’André Doumbè. J’avais l’idée de faire un documentaire sur la manière dont il s’est établi au Manitoba et ce qu’il a accompli de manière bénévole. Cet homme avait une carrière, mais il faisait également beaucoup pour la communauté. » André Doumbè est décédé en 2017. Ce documentaire lui rend hommage.

La réalisatrice poursuit. « Pour la création de ce projet, le NSI nous a assigné des mentors expérimentés dans l’industrie du film pour nous donner des conseils sur la réalisation du projet, dont Leonna Krahn. C’était ma première expérience dans la réalisation d’un film. Au départ, j’avais en tête de faire une version courte de 10 minutes, car nous étions cinq récipiendaires.

« Lorsque j’ai commencé à produire, j’ai reçu de nombreuses personnes qui souhaitaient parler d’André Doumbè. Il avait oeuvré dans le domaine de l’immigration et de l’intégration, ce qui m’a donné l’idée de réaliser une version longue du documentaire, où je continue à parler d’André et de son histoire en élargissant le sujet à l’immigration et à l’intégration des Africains dans la communauté manitobaine. »

Des figures de la communauté

Le documentaire d’Alice Teufack dure 75 minutes au total. On y aborde la vie de la famille d’André Doumbè, avec la voix de sa fille, Éyala-Dipita Doumbè. « L’ancien Premier ministre du Manitoba, Greg Selinger, a également participé à ce documentaire, ayant beaucoup travaillé avec André sur les questions d’immigration. 

« À l’écran, on retrouvera également les témoignages de Louis Allain, ancien directeur du Conseil de développement économinique des municipalités bilingues du Manitoba, Mariette Mulaire, ancienne directrice générale du World Trade Centre Winnipeg, Ibrahima Diallo, ainsi que d’autres membres de la communauté africaine, notamment Jacob Atangana-Abé et René Tonji-Simen. On retrouve aussi des personnalités de la communauté nigériane, car André travaillait non seulement pour les Africains francophones, mais aussi pour une organisation regroupant des migrants africains francophones et anglophones, ACOMI, dont il était le président. »

Pour sélectionner ces intervenants, un travail de bouche à oreille s’est fait. Alice Teufack explique : « Je ne peux pas dire que je connaissais personnellement cet homme. Je le connaissais au sein de la communauté camerounaise, dont je fais partie. Je savais à quel point il était impliqué dans tous ces domaines. J’ai commencé avec les personnes qui étaient proches de lui au sein de la communauté camerounaise. Ce sont eux qui m’ont dirigée vers d’autres personnes avec lesquelles il travaillait beaucoup. Quand j’ai reçu les photos de famille que sa fille m’a données, j’ai reconnu les personnalités avec lesquelles il avait travaillé. Certains contacts ont été établis lors des pré-entrevues que j’avais réalisées en préparation du documentaire, et d’autres ont été établis lorsque j’ai reçu les photos. »

Un documentaire pour tous

Le documentaire sera diffusé en français avec des sous-titres en anglais. Alice Teufack encourage un public de tous âges et tous horizons à venir visionner Grand-Frère. « Je veux faire découvrir à tous l’engagement communautaire qu’André avait. Son travail pour la communauté a eu un impact considérable, il était très engagé, et je veux montrer à quel point le travail d’une personne peut avoir une grande portée. »

Pour préparer ce documentaire, Alice Teufack s’est entourée « d’une équipe technique composée de deux personnes à la caméra et au son, qui étaient également responsables de l’éclairage; d’un monteur; de la fille d’André, qui participe à la narration du documentaire; d’un mixeur de son; d’un musicien d’origine ghanéenne, etc. Une partie du tournage a également eu lieu au Cameroun, avec cinq personnes travaillant sur place. J’ai moi-même assumé de nombreuses responsabilités dans le film, en tant qu’auteure, scénariste, co-monteuse et productrice. »

Le documentaire Grand-Frère a été financé à 100 % grâce à des subventions. « Le projet a débuté avec une subvention de 10 000 $ de la part de la Winnipeg Foundation, administrée par le NSI. J’ai ensuite obtenu une autre subvention de 8 000 $ de l’organisme Manitoba Film and Music, dans le cadre du programme pour les créateurs émergents. Le reste du financement a été obtenu grâce à des crédits d’impôts. »

La réalisatrice a d’autres projets à l’avenir, mais ils ne sont pas encore concrétisés à l’heure actuelle.