Chantallya Louis – Francopresse

Début octobre, lors d’une réunion du Comité permanent des langues officielles, Marc Miller avait mentionné qu’il envisageait une cible de 6 % à cet égard.

La FCFA, qui juge cet objectif insuffisant, a lancé une campagne pour qu’Ottawa instaure une cible de 12 % plutôt.

Plusieurs associations et organismes membres de la FCFA lui ont emboité le pas, tels que la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) ou encore l’Association franco-yukonaise (AFY).

Le but : encourager une cible plus ambitieuse, afin que la francophonie canadienne, à l’extérieur du Québec, voie son poids démographique rétabli à ce qu’il était en 1971.

« L’objectif en soi c’est de démontrer que le 6 % ce n’est pas assez pour freiner le déclin démographique. [En d’autres mots], le 6 % va poursuivre le déclin démographique », explique Liane Roy. La présidente de la FCFA souhaite que la cible de 12 % soit atteinte dans les trois prochaines années.

En entrevue avec Francopresse, le ministre Marc Miller avait cependant soutenu qu’Immigration, Réfugiés Citoyenneté Canada (IRCC) ne possède pas les outils nécessaires pour atteindre cette cible.

Liane Roy, convaincue, affirme qu’il est nécessaire, dans cette optique, de mettre en place des mesures « par et pour les francophones ».

Recruter à l’international

« Il faut participer à du recrutement dans les pays sources francophones, suggère-t-elle. Quand on regarde la pénurie de main-d’œuvre au niveau des enseignants, au niveau de la petite enfance, au niveau de la santé, au métier de construction, il faut absolument qu’on rétablisse le poids démographique et qu’on aille justement vers une immigration francophone qui soit plus forte. »

Le Commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, abonde dans le même sens. Cependant, « c’est loin d’être la seule mesure qu’on peut prendre », a-t-il dit lors d’une séance du Comité sénatorial permanent des langues officielles, le 23 octobre.

« Pour y arriver, il faut une cible qui est beaucoup plus importante que 6,1 % [le poids démographique des communautés francophones hors Québec en 1971], a-t-il lancé. On peut accueillir un plus grand nombre de gens, mais est-ce qu’on a la capacité de les intégrer dans nos communautés? Est-ce qu’on va reconnaitre leurs antécédents et leur expérience?»

Pour Raymond Théberge, il faut d’abord et avant tout miser sur la formation de la main-d’œuvre. « Il faut développer une capacité au sein de nos institutions pour former plus de gens », a-t-il précisé.

« Il faut être réaliste »

Le président-directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité Canada (RDÉE), Yan Plante, a affirmé devant le Comité permanent des langues officielles des Communes que la cible de 12 % est «reconnue dans l’écosystème des organisations de la francophonie».

« C’est aussi celle que [RDÉE] utilise. On veut être ambitieux, a-t-il admis. Mais pour moi, ce qui est important, c’est que le gouvernement fasse un pas dans la bonne direction. »

« Il faut être réaliste, on ne peut pas passer de 4 % à 12 % en deux ans, ça n’arrivera pas », a-t-il nuancé.

Liane Roy ne partage pas l’avis de Raymond Théberge et de Yan Plante.

« Les communautés francophones sont engagées à faire leur part pour trouver des solutions novatrices, assure-t-elle. Si on nous donne la chance, on ne devrait pas priver les communautés francophones des bienfaits de l’immigration. »

Elle rappelle d’ailleurs que sa demande ne devrait pas augmenter le taux d’immigration total, « mais bien une proportion francophone plus élevée au sein du nombre total d’immigrants au pays ».

Un nouveau plan

Le 31 octobre, IRCC a publié un rapport qui définit la voie à suivre pour renforcer l’immigration à travers le pays. Dans ce document, le ministère présente des mesures pour élaborer des politiques afin d’« accroitre la vitalité des communautés francophones en situation minoritaire », peut-on lire dans le communiqué.

Le plan de niveaux d’immigrations à la Chambre des communes, qui comprendra sa cible en immigration francophone, est attendu le 1er novembre.