Motivés par le contexte géopolitique et l’ombre de la Seconde Guerre mondiale, près de 30 000 Canadiens ont servi en Corée de 1950 à 1957. 

Le Canada s’est engagé dans la Guerre de Corée dès l’appel à l’aide fait par la Corée auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU). Son implication dans le conflit devait durer l’entièreté de la guerre. 

Le contexte historique place la Guerre de Corée sur les talons de la Seconde Guerre mondiale. Andrew Burtch, historien spécialisé de la période post- 1945 au Musée de la guerre du Canada, explique : « C’était seulement cinq ans après la Seconde Guerre mondiale. Le gouvernement canadien a voulu appuyer les Nations unies. La Corée, à l’époque, n’avait pas une grande signification pour le Canada. » 

Il replace l’intention du gouvernement canadien dans le contexte géopolitique de l’époque. « L’ONU était un des outils les plus importants pour la sécurité internationale et les Canadiens avaient beaucoup de raisons pour soutenir l’organisation. » 

Doctrine de containment

Le frisson de la Guerre froide était dans l’air, la peur du communisme était croissante, et la doctrine de containment de Harry Truman, le président des États-Unis, était en oeuvre depuis trois ans. Cette doctrine visait à limiter l’expansion du communisme en envoyant de l’aide de diverses formes aux pays démocratiques. 

Le Canada, un pays démocratique et un allié des États-Unis, a voulu s’engager dans le conflit. « C’est le principe de sécurité internationale qui a grandement motivé l’action canadienne. À ce moment-là, peu de Canadiens avaient des connexions avec la Corée. Trois navires de guerre canadiens ont été envoyés dans les premiers mois du conflit. » 

Rapidement l’engagement canadien augmente, sur le sol coréen et dans les mers aux alentours, près de 30 000 Canadiens ont servi. « Les premiers Canadiens sont arrivés sur le sol coréen en décembre 1950. Ils étaient en situation de combat dès février 1951. Environ 27 000 Canadiens ont participé à l’action entre 1950 et 1953 et 3 000 autres sont restés en Corée jusqu’en 1957 pour aider à la reconstruction du pays dans l’après-guerre », indique l’historien. 

La force canadienne sera la quatrième plus grande force du côté sud-coréen après les forces sud-coréennes, américaines et britanniques. 

Les forces canadiennes étaient formées pour plusieurs types de combats et d’activités militaires. « La formation de base des Canadiens était celle d’une armée de terre : infanterie, chars d’assaut, communication, artillerie, ingénieurs de combat, toutes les fonctions d’une armée moderne », explique Andrew Burtch. 

Réuni avec d’autres pays anglophones, le Canada a servi dans une division du Commonwealth envoyée en Corée par l’intermédiaire de l’ONU. 

« C’est à nous, les Canadiens et Canadiennes d’aujourd’hui, de porter le flambeau et de prendre la responsabilité d’éduquer le public et de perpétuer l’histoire. C’est difficile, mais important. Comme historien, je suis fier de pouvoir le faire. » 

Andrew Burtch

Loin du sol canadien 

Les Canadiens qui se sont enrôlés dans les forces armées pour se battre en Corée avaient plusieurs motivations différentes, pourtant deux d’entre elles se démarquent, selon Andrew Burtch. « La peur du communisme a motivé de nombreux citoyens canadiens à prendre action. L’autre chose qui les a motivés, surtout les jeunes, c’était de vouloir se battre pour leur pays, tout comme les membres plus âgés de leurs familles qui avaient connu les deux Guerres mondiales. » 

Mais pour ces soldats, l’expérience en Corée est tout à fait nouvelle. Ils se retrouvent dans un pays complètement étranger. « Les soldats sont loin de chez eux, ils connaissent peu ou pas du tout le peuple coréen. Le paysage est tout à fait différent de l’Amérique du Nord et de l’Europe. » 

Andrew Burtch explique que c’est la première fois que le Canada faisait face à un théâtre de guerre comme celui-ci. « C’était une nouvelle expérience de guerre, des allers-retours constants entre les montagnes et les vallées. Et un effort constant de mener une bataille défensive contre les forces chinoises venues en aide aux forces nord-coréennes. » 

De jour en jour, les Canadiens échangent des coups de feu et tirs d’artillerie, tout en habitant dans des abris creusés dans les collines ou montagnes. 

« La stratégie qu’utilisaient les Canadiens était de tenir les positions. Au bout d’une semaine ou deux, les forces chinoises s’épuisaient et devaient se replier. Certaines grandes batailles auxquelles ont participé les Canadiens sont la bataille de Kapyong, la bataille pour la colline 335 ou encore celle pour la colline 187 », ajoute Andrew Burtch. 

Commémorer les contributions 

Au fil de la guerre, 516 Canadiens sont décédés en Corée, 1 200 de plus ont été blessés. Andrew Burtch le souligne, « comme pour tous les conflits canadiens, il faut se souvenir de ceux qui ont perdu leur vie lors de la Guerre de Corée ». 

Aujourd’hui, le défi est de se souvenir d’un conflit qui est de plus en plus lointain. Des 30 000 Canadiens qui ont servi en Corée, seulement 2 000 à 3 000 sont encore vivants. 

« On se trouve à une intersection historique où il y a de moins en moins de vétérans de cette guerre. D’ici 10 ou 15 ans, il n’y aura probablement plus de vétérans de cette guerre. » 

L’importance de l’éducation et de la commémoration est donc plus que jamais élevée pour une guerre qui porte déjà le surnom de la « guerre oubliée ». « C’est à nous, les Canadiens et Canadiennes d’aujourd’hui, de porter le flambeau et de prendre la responsabilité d’éduquer le public et de perpétuer l’histoire. C’est difficile, mais important. Comme historien, je suis fier de pouvoir le faire », conclut Andrew Burtch.