Un transfert qui a permis un travail d’accessibilité.
Les Oblats de Marie-Immaculée ont administré 62 pensionnats autochtones, dont 16 en Alberta, entre 1884 et 1974 (1). Une longue période durant laquelle les Oblats ont pris note de tout ce qui se passait. C’est seulement en 2018 que les Archives provinciales de l’Alberta sont devenues propriétaires de toute cette documentation. Cristian Udma est archiviste aux Archives provinciales de l’Alberta depuis 2009. Il explique : « Nous avons reçu des archives des Oblats de Marie-Immaculée depuis 1971. Jusqu’en 2018, elles étaient simplement en hébergement ici. Nous n’en avions pas la propriété. Après quatre ans de négociations, les Oblats de Marie-Immaculée Lacombe Canada nous ont donné la totalité de leurs archives couvrant l’Alberta, la Saskatchewan et les Territoires du Nord-Ouest. Grâce à ce transfert, nous avons fait un gros travail pour rendre accessibles ces archives.
« Nous avons pu faire le traitement et la description de ces archives. Comme nous en sommes propriétaires, nous pouvons faire tout le travail archivistique en respectant les restrictions qu’ils ont mises dessus. »
Un travail de longue haleine puisque la collection des archives est vaste, comme le souligne Cristian Udma. « Il y a plus de 279 mètres linéaires de documents textuels, plus de 150 000 images, plus de 2 000 enregistrements audios, 500 enregistrements vidéo et d’autres choses encore. C’est une énorme collection d’archives.
« À partir de 2018, lorsque nous avons eu la propriété, je me suis occupé du traitement de la moitié des documents que l’on a maintenant parce qu’il n’y avait pas de technicien qui parlait français aux archives. Et ensuite, j’ai fait mon travail d’archiviste. C’est un travail qui a duré de 2018 à 2022. L’autre partie des documents avait déjà été traitée. »
Restrictions
Comme d’autres fonds d’archives, celui des Oblats de Marie-Immaculée possède des restrictions. Deux, plus précisément. « Il y a une restriction imposée par les Oblats sur les documents de ressources humaines. Les documents seront disponibles 50 ans après la mort de la personne. Une autre restriction a été imposée par nous pour la protection des informations personnelles. Il y a certains dossiers avec des informations personnelles comme des numéros de téléphone ou des adresses. Ces dossiers sont fermés pour 75 ans, pour ne dévoiler aucune information. »
En dehors de ces restrictions, tous les documents sont disponibles et consultables par les personnes qui le souhaitent. Bien qu’une grande partie des documents soient en français, pour faciliter leur accès aux chercheurs anglophones, des descriptions en anglais ont été faites pour les documents. « Nous ne faisons pas de travail de traduction. C’est aux chercheurs de faire cette partie-là. Parce que nous sommes dans une province anglophone, les descriptions des contenus se font en anglais. Les anglophones peuvent donc voir ce qui est dans la collection de fonds des Oblats de Marie- Immaculée. Cependant, si le contenu est en français ou le titre du dossier est en français, nous ne changeons pas cela.
« Depuis plusieurs mois, je travaille à ce que les descriptions soient bilingues. C’est un long travail à mener, il ne suffit pas de se servir d’outils technologiques. Les mots sont à remettre dans une époque. Il y avait des bénévoles qui avaient commencé la traduction des titres de dossiers pour une des accessions, et c’est finalement quelque chose qui a cessé par la suite parce que c’était un long travail épuisant. »
Vérité et réconciliation
Depuis les découvertes macabres à Kamloops en Colombie-Britannique, le Centre national pour la vérité et la réconciliation (CNVR) a contacté plusieurs organismes afin que les archives liées aux pensionnats autochtones soient versées au CNVR. Cristian Udma confirme que les Archives provinciales de l’Alberta ont versé les leurs. « Toutes les archives des Oblats de Marie-Immaculée liées aux pensionnats autochtones ont été numérisées et les fichiers ont été versés au Centre national pour la vérité et la réconciliation. En plus, tous ces documents numérisés sont aussi disponibles sur notre site web.
« Il n’y a pas d’archives plus complètes que celles des Oblats de Marie-Immaculée. C’est une riche source d’information. Nous avons eu quatre stagiaires qui ont épluché tous les documents reliés aux pensionnats autochtones pour établir une liste d’enfants qui sont passés par ces pensionnats autochtones. C’est un travail qui a pris une année, et un cinquième stagiaire a numérisé les documents liés. D’ailleurs, la liste complète de ces enfants est disponible sur notre site web (2). »
(1) Un lien est disponible pour voir quels pensionnats autochtones ont été administrés par les Oblats de Marie-Immaculée : https://omilacombe.ca/helpful-documents-and-resources/
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