Il a aussi insisté sur l’accès à l’avortement et la gratuité des pilules contraceptives sur ordonnance. Un engagement remarqué par des organismes qui luttent pour la santé des femmes.
L’engagement est clair et écrit noir sur blanc : « Notre gouvernement garantira et affirmera les droits d’accès aux services d’avortement, protégera les prestataires de ce type de service et instaurera la gratuité des pilules contraceptives sur ordonnance ».
Le Manitoba deviendrait ainsi la deuxième province à instaurer ce type de politique après la Colombie-Britannique.
Les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Frédérique Chabot est directrice de l’équipe en promotion de santé et éducatrice en santé sexuelle et reproductive au sein d’Action Canada pour la santé et les droits sexuels. Elle fait connaître sa joie quant à cette promesse. « Je suis ravie de voir cette position claire et importante lors du premier discours. Cet engagement démontre l’importance que le gouvernement va mettre sur l’égalité des genres.
« L’accès à l’avortement et à la contraception ont des impacts considérables sur le résultat de la vie des gens. Si on n’est pas en mesure de décider si on veut des enfants, quand on veut des enfants et avec qui on veut avoir des enfants, il y a des impacts sur l’éducation, les perspectives d’emploi et la capacité de planifier sa vie. Alors voir cet engagement dans le premier discours du Trône, c’est un véritable hommage à l’égalité des genres. »
Une égalité financière
En moyenne, une patiente devra débourser entre 12 et 35 $ par mois suivant le type de pilule contraceptive. En général, les assurances privées remboursent à hauteur de 70 % voire 80 % les médicaments. Frédérique Chabot souligne que la mesure est la bienvenue en temps d’inflation. « Il y a une crise au niveau financier. Les gens sont véritablement étirés dans leur budget. Ce genre de mesure va aussi permettre de relâcher la pression sur des familles qui ont des budgets peu flexibles.
« Il faut savoir qu’environ 25 % de la population n’a pas accès à des assurances privées. Souvent, ces personnes sont dans des situations de travail précaire, à temps partiel ou temporaire, et ce sont les femmes qui sont le plus surreprésentées dans ces types d’emploi. »
Frédérique Chabot pointe aussi toute la charge financière qui revient à la femme. « Dans la société, c’est la responsabilité de la femme de s’assurer d’avoir une contraception. Le fardeau financier retombe donc sur les femmes, sauf qu’elles font face de façon disproportionnée à des situations dans leur emploi qui leur donnent moins accès à des assurances privées.
« Enlever une barrière financière, c’est la méthode la plus rapide pour augmenter l’accès à la contraception. »
Un investissement
Au Manitoba, la Women’s Health Clinic estime fournir pour plus de 150 000 $ de moyens de contraception chaque année. La mesure envisagée par le gouvernement manitobain coûterait environ 11 millions $ par année. Mais le retour sur cet investissement est bien plus élevé, comme le suggère Frédérique Chabot. « C’est une décision fiscalement responsable. Il y a plusieurs études qui ont été menées, notamment au Royaume-Uni, qui montre que pour chaque £ investi dans la santé des femmes, il y a une économie de neuf £.
« Quand on réduit les grossesses non désirées et les avortements, on réduit les coûts du système de santé associés. Alors oui, dans les deux à trois premières années, le gouvernement paie. Mais ensuite, ce sont des économies substantielles pour le gouvernement. »
La Société des gynécologues et obstétriciens du Canada estimait qu’il y avait plus de 180 000 grossesses non désirées au pays par an, avec des coûts directs associés de plus de 320 millions $ dans le système médical.
Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – La Liberté