Des chiffres qui, bien que pas si alarmant, révèle le besoin d’investir dans l’enseignement. 

En 2021-2022, le nombre d’inscriptions dans des programmes de français langue seconde a stagné au niveau national. Une tendance qui laisse un goût doux-amer au président de Canadian Parents for French, Derrek Bentley. 

« Ce n’est pas mauvais. Dans le sens où, suite à la pandémie, nous aurions pu perdre plus de personnes dans nos écoles. Mais ce ne sont pas nécessairement de bonnes nouvelles non plus. De manière générale, même s’il y a des augmentations dans les programmes, le pourcentage est resté stable au niveau de jeunes qui sont en train d’apprendre le français comme langue seconde dans nos écoles. »

Encore du travail

En effet, pour l’année 2021-2022, il y avait 1 744 003 élèves inscrits dans des programmes de français langue seconde comparativement à 1 722 995 pour l’année 2020-2021. Cependant le bassin potentiel d’élèves a aussi augmenté, passant de 3 781 310 (2020-2021) à 3 826 976 (2021-2022). Ce qui montre que le travail n’est pas terminé afin d’attirer les jeunes dans des programmes pareil. 

« À voir dans les années à venir comment on peut pousser pour que le % augmente et que tout le monde ait accès à ces programmes-là. »

Évidemment, encore faut-il avoir les infrastructures et la main-d’oeuvre pour accueillir ces potentiels élèves. Un point que relève Derrek Bentley. 

« Depuis plusieurs années, nous sommes au courant des obstacles qui limitent les inscriptions. Tout d’abord, il y a un manque d’enseignant.e.s et de professionnel.les qui parlent français pour ces programmes et qui sont formés pour le français langue seconde. 

« En lien avec la pénurie, il y a toute la promotion de ces programmes. Il faut assurer que peu importe où un enfant habite, il peut accéder à ces programmes. L’équilibre est à trouver entre la promotion et la construction d’écoles et la possibilité d’avoir du personnel qualifié. »

Des obstacles

Le président de Canadian Parents for French parle aussi pour une province qu’il connaît bien, celle du Manitoba. « Il semble que le plus grand défi au Manitoba est d’avoir assez d’enseignant.e.s et de professionnel.les qui peuvent être en appui au corps professoral. » Au Manitoba, il y avait 78 017 élèves inscrits dans des programmes de français langue seconde comparativement à 75 836 pour l’année 2020-2021. Cependant le bassin potentiel d’élèves a aussi augmenté, passant de 175 063 (2020-2021) à 178 335 (2021-2022).

Au sujet de la pénurie de personnel, Canadien Parents for French a lancé une campagne pour promouvoir les carrières en éducation nommée Your Raison d’Être. « On veut aussi retenir le personnel qui est déjà dans nos écoles et qu’on ne perde pas des enseignants au fur et à mesure des années », précise Derrek Bentley. 

Grand portrait

Pour l’organisme national, des études pareilles permettent de mener un travail de plaidoyer auprès des différents paliers de gouvernement. « Notre grand but est d’assurer que tous ceux et celles qui habitent au Canada aient accès à apprendre la deuxième langue officielle du Canada. 

« Les chiffres noir sur blanc permettent d’étudier où on a des succès et où on a encore du travail. Ces chiffres permettent de nous donner un grand portrait et de ne pas retenir que des histoires non significatives. Grâce à ces chiffres, on peut aussi voir si les politiques menées par les gouvernements provinciaux et territoriaux ont un effet. »

D’ailleurs, Derrek Bentley souligne que depuis quelques années, plusieurs gouvernements mènent des campagnes de recrutement des enseignants. « Il va être intéressant de voir le résultat de ces politiques dans cinq ans. Nous avons un espoir que les % aient augmenté. »