À l’occasion d’une soirée du patrimoine sud-asiatique, les Jets de Winnipeg ont invité des élèves de l’École Amber Trails, qui depuis le début de l’année scolaire 2023, offre un programme bilingue anglais pendjabi, à chanter l’hymne officiel en pendjabi.

Une soirée à thème anodine   qui aurait pu en rester-là. Cependant, certains journaux se sont saisis de l’histoire. C’est le cas du Journal de Montréal sous la plume de Mario Dumont qui a choisi de titrer son article : Le français disparaît comme langue officielle (1). 

Raymond Hébert, professeur émérite en sciences politiques de l’Université de Saint-Boniface, voit dans cet article le creusement d’un fossé culturel entre le Québec et le Reste du Canada. « L’article soulève la différence des valeurs entre le Québec et le Manitoba. De notre côté, nous célébrons le multiculturalisme, il est complémentaire à notre bilinguisme officiel. Du côté du Québec, le multiculturalisme est souvent vu comme antagoniste au bilinguisme. 

« La société manitobaine est multiculturelle. Nous avons plus d’une centaine de groupes ethniques au Manitoba. »

Un climat favorable au bilinguisme

Raymond Hébert reconnaît que le français n’est pas la deuxième langue la plus parlée au Manitoba. Elle se trouve derrière le Tagalog, le Pendjabi et l’Allemand. Pour autant, Raymond Hébert croit que le français au Manitoba a toujours le vent en poupe. « Il y a plusieurs faits qui vont à l’encontre de certaines affirmations dans l’article. Par exemple, il y a une grande popularité pour les programmes d’immersion au Manitoba. D’ailleurs le Manitoba a été une province pionnière sur ces programmes. 

« En 2019-2020, il y avait plus de 30 000 élèves inscrits en immersion au Manitoba. C’est énorme, en pourcentage c’est près de 16 % de la population des élèves. C’est une donnée qui ne doit pas être négligée. 

« Nos trois paliers de gouvernement sont plus que favorables au bilinguisme officiel et sociétal. Nous n’avons jamais vu une circonstance aussi favorable pour le bilinguisme. Le gouvernement provincial de Wab Kinew s’est engagé dans plusieurs actions envers la francophonie manitobaine, dont le rétablissement du poste de sous-ministre adjoint au Bureau de l’éducation française. »

Néanmoins, il faut souligner que l’hymne national n’est jamais chanté en français lors des matchs des Jets de Winnipeg. Raymond Hébert souligne que « ce sont des évènements sportifs. Ce ne sont pas des évènements politiques ou institutionnels. Cependant il est vrai que par exemple, l’équipe des Goldeyes organise une journée pour les francophones chaque année. 

« L’idéal ce serait que l’hymne national soit chanté dans les deux langues officielles dans les parties des Jets. »

Pour rappel, l’hymne national a d’abord été écrit en français en 1880 en l’honneur des Canadiens français. Ce n’est qu’en 1906 que l’hymne est traduit en anglais. 

(1) https://www.journaldemontreal.com/auteur/mario-dumont