Très populaires au Manitoba, notamment auprès de la communauté francophone, Les Louis Boys ont perdu il y a quelques jours le ciment du groupe : Edwin Prince. Celui qui a composé la plupart des chansons du groupe comme les plus connues « Louis Riel », «  Notre ancêtre  » ou encore « On est les boss » n’est plus.

Avec Gérald Bohémier, Edwin Prince, Roger Fontaine, Hubert Fouasse, Paul Bélanger, Alan McDonald, Richard Prince et Paul Heppenstall, Léo Dufault, chanteur, faisait partie du groupe qui a joué le tout premier spectacle des Louis Boys en 1972. Il évoque une «  énorme tristesse  » au moment d’avoir appris cette nouvelle. « La communauté a perdu un grand artiste, auteur et musicien. Il était le Louis Boy, d’après moi. Même si le groupe a beaucoup changé en 50 ans, lui, il ne l’a jamais quitté. Edwin était une grande inspiration, c’était un batailleur poète. »

Encore plus qu’un artiste, Léo Dufault explique perdre là un grand ami avec qui il a vécu beaucoup d’aventures. « C’est un camarade d’enfance. Nous avons fait l’école ensemble. Edwin et moi étions aux débuts du 100 NONS à la fin des années 1960. Et souvent on se voyait et l’on chantait ensemble simplement pour le fun. Il me manque déjà… »

Arrivé dans le groupe trois ans après sa création, Michel Boucher se souvient d’une personne très respectueuse. « Edwin avait un leadership très calme, il se souciait de tout le monde. C’était un homme avec beaucoup d’empathie et de compassion, ça se reflétait dans sa vie en général. »

« La communauté a perdu un grand artiste, auteur et musicien. Il était le Louis Boy, d’après moi. Même si le groupe a beaucoup changé en 50 ans, lui, il ne l’a jamais quitté. Edwin était une grande inspiration, c’était un batailleur poète. »

Léo Dufault.

Un fier francophone

Marcel Druwé a quant à lui rejoint le groupe plus récemment, au début des années 2000. Edwin Prince était une personne importante dans sa vie. «  C’est un ami. Étant un enseignant à la retraite, j’ai d’abord bien connu sa famille, car j’avais ses enfants à l’école.

Il avait beaucoup de joie de vivre et encore des projets sur lesquels il voulait travailler. Mais, ça fait longtemps qu’on savait qu’il était malade, c’est tout de même très triste. Il avait encore beaucoup à donner. »

Le guitariste a aussi été marqué par son engagement pour la francophonie. C’était un sujet essentiel pour Edwin Prince qui a conduit d’ailleurs à la création des Louis Boys. « On n’était pas français d’origine, on n’était pas québécois ni même acadiens, mais eux avaient tous leurs chanteurs et une culture propre. Il était temps que l’on mette en valeur notre patrimoine, notre réalité », expliquait-il à La Liberté dans une entrevue en 2022.

Chanter pour sa communauté

Pour Marcel Druwé, Edwin Prince a clairement fait avancer les enjeux francophones au Manitoba. « Il était tellement et ouvertement un francophone engagé. Edwin n’avait pas peur de crier fort et loin sa fierté. Il déposait des gestes concrets pour la francophonie. Il adorait la musique, mais ce qu’il adorait surtout, c’était de chanter en français pour sa communauté. À sa façon, il a été l’étincelle qui a mis un grand nombre de musiciens francophones sur scène. Il y avait toujours des mentions à des éléments culturels importants dans ses chansons. »

Michel Boucher, qui a été le chanteur principal du groupe en remplacement d’Hubert Fouasse parti faire ses études aux États-Unis, va aussi dans ce sens. Edwin Prince a permis de mieux faire connaître Louis Riel. « Il a ramené une fierté autour de Louis Riel qui n’existait pas nécessairement partout. Il y a toute une génération de personnes qui a mieux connu Louis Riel grâce à ses chansons et pourquoi il est important. Edwin arrivait à nous transmettre ça. Ça a réveillé beaucoup de gens », estime Michel Boucher qui rappelle aussi que le groupe a eu un beau rayonnement provincial, car il y a eu beaucoup de spectacles dans les communautés rurales.

L’avenir des Louis Boys

Qu’en est-il désormais des Boys sans Edwin Prince? Léo Dufault espère simplement que quelque chose sera fait pour honorer la mémoire du membre fondateur. « Il y a toujours un petit noyau qui continue. C’est à eux de décider. Peut-être que ça serait le fun d’avoir Les Louis Boys au Festival du Voyageur. Je lance une idée! »

Si pour le groupe qui a célébré ses 50 ans d’existence en 2022, il est encore difficile de penser à l’avenir, Marcel Druwé imagine qu’il y aura « sûrement quelque chose  » pour rendre hommage à Edwin Prince. « Il était la colle qui nous gardait ensemble. Il y aura sûrement de la musique dans nos futurs. Mais la célébration du 50e a peut-être été le spectacle qui boucle le tout. »