Les artistes Leslie Reid et Robert Kautuk ont, ensemble, apporté leurs perspectives sur le sujet du changement climatique à travers la photographie et d’autres médiums.
Rebecca Basciano est la conservatrice de la Galerie d’art d’Ottawa. Elle s’est occupée de mettre en place l’exposition itinérante Dark Ice, à laquelle elle pensait depuis plusieurs années et qui a pris son envol à Ottawa. « Il y a des Inuits qui vivent dans le sud d’Ottawa, mentionne Rebecca Basciano. J’ai beaucoup travaillé, depuis mon arrivée à la galerie, à l’ajout d’œuvres inuites dans notre collection et à leur mise en valeur. » Avant d’arriver à Winnipeg, Dark Ice a voyagé à Iqaluit (Nunavut) et reprendra son chemin après Winnipeg, à Sarnia (Ontario). L’exposition réunit deux artistes, Leslie Reid et Robert Kautuk.
Leslie Reid est une artiste basée à Ottawa, qui est bien connue de la communauté artistique. « Elle a un grand intérêt envers la planète », lance Rebecca Basciano. « Habituellement, elle peint. Mais pour cette exposition, elle s’est tournée vers la photographie et d’autres médiums. Son père a effectué de nombreux vols de cartographie dans le Nord. Elle s’est donc lancée dans cette voie en retraçant les vols de son père avec son appareil photo. »
Première exposition au Canada
Quant à Robert Kautuk, photographe basé à Kangiqtugaapik (Clyde River) au Nunavut, il s’agit de sa première exposition au Canada. « Robert Kautuk avait jusque-là uniquement montré ses photos dans des revues, des magazines et en ligne, spécifie la conservatrice. Avant l’exposition, il est venu à Ottawa et a fait une résidence sur la façon de transférer des photos sur un support imprimé où il a expérimenté différentes techniques. »
Dans l’exposition, le public pourra voir des photographies sur papier, le format traditionnel, mais aussi sur des boîtes lumineuses. « Je me souviens que lorsque Robert est venu à Ottawa, il a commencé à mettre ses photos devant la fenêtre et il a dit Oui, c’est comme ça qu’il faut les voir, sous cette lumière-là. »
Il sera aussi possible de contempler à Dark Ice, des photographies imprimées sur des bannières en coton, en vinyle sur les murs, des sculptures en aluminium. Le public sera également libre d’errer dans deux salles à contrastes différents. L’une des salles est obscure et l’autre lumineuse. Rebecca Basciano reprend : « Les photographies sont des images des communautés nordiques, de glace vue de l’air, de la mer et de la terre. Elles s’intéressent au changement climatique. Il est certain que le concept du changement climatique peut paraître compliqué au premier abord. À mon sens, il est nécessaire de tenir compte des connaissances des communautés du Nord, et pas seulement des scientifiques occidentaux. »
Deux perspectives
Les deux perspectives des artistes sur le thème du changement climatique se complètent. Leslie Reid l’aborde d’un point de vue occidental tandis que Robert Kautuk a une approche autochtone. Rebecca Basciano affirme que « la solution au changement climatique, c’est que nous devons travailler tous ensemble. Ces connaissances doivent être réunies afin d’avoir une vision plus large, plus holistique. Leslie Reid a parcouru le nord circumpolaire. Dark Ice montrera des clichés de Svalbard et de l’Arctique canadien.
« Robert Kautuk aborde la question d’un point de vue plus communautaire. Quand on regarde le Nord, nous disons : Oh, vous êtes en première ligne, dites-nous ce qui se passe. Premièrement, nous devons rassembler les connaissances qui ont été détruites par la colonisation. Et c’est exactement ce que fait Robert avec le Ittaq Heritage & Research Centre. Ils sont en train de construire, de consolider toutes ces connaissances importantes pour que, plus tard, il y ait quelque chose pour se pencher sur le passé. »
Le terme Dark Ice ou Glace obscure a une signification différente pour les deux artistes. « Robert Kautuk a pensé à un amincissement de la glace, ce qui définitivement, se produit », précise la conservatrice. « Le soleil faisant fondre la glace, celle-ci s’amincit et s’assombrit. Et comme il y a plus de zones d’eau exposées sur notre planète, le réchauffement s’accélère en raison de l’obscurité de la planète.
Description
« Leslie Reid y a réfléchi d’un autre point de vue. Dû à la pollution, l’air remonte vers le Nord. Ensuite, lorsqu’il pleut sur les glaciers et les icebergs, cela crée une sorte de noirceur au-dessus de ces icebergs qui fondent. »
Chaque morceau de photographie sera accompagné d’une description comportant les perspectives respectives des artistes. Rebecca Basciano considère cet élément d’une grande importance et pousse le public à lire et ne pas juste regarder les clichés. « Chaque pièce a son histoire. En tant que commissaire d’exposition, je voulais connaître le point de vue de Leslie sur les œuvres de Robert. Mais aussi celui de Robert sur les œuvres de Leslie, ceci est indiqué sur chaque descriptif. »
Un catalogue regroupant les œuvres de Leslie Reid et Robert Kautuk sera disponible à l’achat au WAG. Ce livre est trilingue (français, anglais et inuktitut).