L’annonce a été faite par le ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles, au Collège de médecine dentaire du Dr Gerald Niznick, sur le campus de l’Université du Manitoba.

Après avoir reconnu l’existence d’une pénurie grandissante de professionnels de santé à travers tout le pays, Randy Boissonnault a annoncé que 86 millions $ de fonds seront alloués à 15 organisations partout au Canada. Cet octroi, s’inscrit dans le cadre d’un programme ayant vocation à faciliter et accélérer le processus de reconnaissance des titres de compétences pour les professionnels formés hors du Canada. 

Lors de son discours, le ministre a notamment annoncé que le Canada comptait à l’heure actuelle 90 000 postes vacants, d’infirmière, auxiliaires médicaux, techniciens de laboratoire médical, etc. « Et cette situation risque de s’aggraver », a-t-il déclaré.

Pénurie en santé

En plus de cette information, Randy Boissonnault a indiqué que la moitié de la population immigrante au Canada est déjà diplômée d’un baccalauréat. « Nous avons des milliers de professionnels formés et éduqués à l’international, prêts à nous aider à répondre à un besoin particulièrement pressant. »

Une licence est requise pour exercer, au Canada, la plupart des métiers attenants au monde de la santé. Les personnes formées dans d’autres pays ont donc besoin de qualifications pour répondre aux standards et régulations à la fois fédérale, mais aussi provinciale. À ce propos, le ministre explique que c’est un processus qui peut s’avérer « long, coûteux et alambiqué ».

Le programme devrait permettre aux diplômés internationaux, qui sont en train d’obtenir leur licence au Canada, de faire l’expérience du terrain plus rapidement, mais aussi d’obtenir une aide financière pour répondre aux coûts associés. 6 600 professionnels de la santé, diplômés à l’international, devraient bénéficier de cette réforme de la reconnaissance des titres de compétences.

Par exemple, certains professionnels comme les sages-femmes pourront passer leurs examens virtuellement. Des portails internet seront mis en place, notamment l’Ordre des technologues dentaires de l’Ontario, qui développera un portail internet pour améliorer le soutien aux technologues dentaires étrangers avant leurs arrivées au Canada.

L’association des facultés dentaires du Canada, dans le cadre d’un projet pilote, bénéficiera de 8,3 millions $ pour développer une nouvelle voie permettant aux dentistes formés à l’étranger d’accéder plus facilement à des postes en reconnaissant les similitudes avec les formations internationales.

Assurer la mobilité

La Liberté a souhaité savoir si la reconnaissance des diplômes au sein d’une province en particulier serait valable dans les autres provinces du pays. À cela, le ministre de l’Emploi a confié qu’une rencontre avec le ministre du Développement économique, Jamie Moses, était prévue le 16 janvier « pour assurer la mobilité de la main-d’œuvre ».

« S’il y a une pénurie dans un endroit du pays et un surplus ailleurs et que des barrières existent, mes collègues ministres et moi-même voulons nous assurer que ces barrières tombent. »

À cela, la doyenne du collège de médecine dentaire du Dre Gerald Niznick, Anastasia Kelekis-Cholakis, ajoute : « Nous (dentistes et hygiénistes dentaires et les assistants) avons des examens nationaux. Tous les étudiants, Canadiens et internationaux doivent passer ces examens. Tous les étudiants ont la possibilité de passer cet examen trois fois. »

La doyenne n’a cependant pas pu confirmer si des examens similaires existaient pour les chirurgiens, les médecins ou autres professionnels de santé.

Quid de la francophonie?

Ce programme d’accélération de la reconnaissance des diplômes pourrait même s’appliquer à d’autres domaines et métiers. Randy Boissonnault le confirme : « C’est un programme qui est, à la fois, pancanadien et pansecteur. »

A priori, l’attribution de ces 86 millions de $ ne s’accompagne pas de directives particulières quant au recrutement de professionnels francophones formés à l’international, mais Randy Boissonnault fait valoir que « Être bilingue est un atout, et je pense que les facteurs du marché du travail indiquent que les personnes bilingues auront un meilleur accès à ce dernier. Côté immigration francophone, nous avons des cibles très importantes, jusqu’à 8 %. »