Sa carrière, qui l’a mené du nord au sud, a toujours été guidée par ses valeurs familiales, notamment le sens de communauté, l’entraide et le respect d’autrui, et l’importance du français.

Issu du petit village bilingue de Saint-Lazare à l’Ouest du Manitoba, Alain Huberdeau a grandi avec ses huit frères et sœurs sur la ferme familiale. « Mes parents, René et Marguerite Huberdeau, étaient des fermiers qui travaillaient sans relâche pour soutenir leurs neuf enfants. Bien que nous menions une vie modeste, nous avions toujours ce dont nous avions besoin.

« Nous avons tous travaillé fort et fait de nombreux sacrifices, mais le fait d’être le cadet m’a permis de bénéficier de plus d’opportunités que certains de mes frères et sœurs. »

Me Alain Huberdeau a notamment pu se rendre au Collège Louis-Riel, d’où il a été diplômé en 1988, puis au Collège universitaire de Saint-Boniface pour y faire un baccalauréat ès arts (1992), et enfin à l’Université de Moncton, où il a obtenu en 1996 un baccalauréat en droit.

La chaleur du Nord

Me Alain Huberdeau a d’abord travaillé au sein d’un cabinet privé dans le nord du Manitoba, où il a pratiqué le droit général avec « un accent particulier sur la protection de la jeunesse ». Il était basé à Thompson, mais a beaucoup voyagé dans les communautés autochtones du Nord du Manitoba.

En septembre 2014, il est nommé juge à la Cour provinciale du Manitoba. Il siège alors au tribunal de Thompson, ainsi que dans les 19 cours itinérantes du Nord. De son expérience dans le Nord, il garde en mémoire l’accueil des communautés autochtones.

« Malgré les nombreuses difficultés auxquelles elles sont confrontées, notamment l’isolement et les problèmes sociaux et économiques, et même si notre présence signifiait que certaines personnes ou familles allaient voir leur vie bouleversée, les communautés où je suis allé nous ont toujours chaleureusement accueillis à notre arrivée et remerciés à notre départ. Parfois, on nous offrait même un bol de ragoût d’orignal pour notre retour à la maison.

« Ces expériences m’ont fait mieux comprendre la réconciliation et l’importance de l’intégrer dans ma vie quotidienne », affirme Me Alain Huberdeau.

Un homme de communauté

Me Alain Huberdeau est lui-même un homme de communauté. « À Saint-Lazare, tout le monde se connaissait et se considérait comme une famille. C’est pourquoi nous nous aidions les uns les autres. J’ai apporté cet esprit de famille et de communauté avec moi à Thompson, et j’ai fait du bénévolat auprès d’un grand nombre de groupes communautaires.

« Avec mon épouse Andrée, nous avons aussi collaboré avec la Division scolaire franco-manitobaine, la Ville de Thompson et le ministère de l’Éducation pour mettre sur pied la première école française à Thompson, l’École communautaire La Voie du Nord. »

L’homme de droit a d’ailleurs reçu en 2014 le prix de l’engagement communautaire de l’Association du Barreau du Manitoba.

L’importance du français

Deux ans plus tard, en 2016, il est nommé juge francophone désigné et est transféré à Winnipeg. Il siège alors à Winnipeg, à Saint-Boniface et à Saint-Pierre-Jolys jusqu’en août 2023, date de sa nomination comme juge à la Cour du Banc du Roi du Manitoba.

« Pouvoir offrir des services en français a toujours été d’une grande importance pour moi, parce que j’ai grandi à une époque où il n’était pas toujours facile de bénéficier de services en français. Généralement, le service ne pouvait pas être offert, ou bien cela se traduisait par un retard dans l’accès.

« Mon but a donc toujours été de faire en sorte que le justiciable francophone se sente sur un pied d’égalité avec le justiciable anglophone. J’ai donc toujours fait usage du français pendant ma carrière, et plus encore depuis que j’ai déménagé à Winnipeg. »

Me Alain Huberdeau estime qu’offrir des services en français est « avantageux pour tous » car ça permet non seulement aux officiers du système judiciaire d’améliorer leurs propres compétences, mais aussi aux personnes francophones d’avoir des expériences plus positives avec la justice.

Un nouveau rôle inattendu

Me Alain Huberdeau a franchi une nouvelle étape dans sa carrière de juge en août 2023, quand il a été nommé à la Cour du Banc du Roi du Manitoba. « Cette nomination a été un choc total », confie-t-il.

En tant que juge à la Cour du Banc du Roi du Manitoba, il est amené à traiter de beaucoup plus de domaines du droit qu’il ne le faisait à la Cour provinciale, comme le droit civil, le droit des successions et des homologations, ou encore le droit pénal.

Et comme il a de l’expérience comme avocat dans le domaine du droit de la famille et de la protection de la jeunesse, «  je peux aussi être amené à traiter des affaires familiales en français, bien que j’ai été nommé à la Division générale ».

Son approche de ce nouveau rôle? « Continuer de m’appuyer sur les mêmes qualités et attributs qui m’ont porté tout au long de ma carrière : être bien préparé, écouter attentivement, et toujours traiter ceux et celles qui se présentent devant moi avec les plus grands respect, courtoisie et empathie. »