Par Clémence TESSIER
Cette année, c’est Sean Kopytko qui aura le titre de Premier ministre du Parlement jeunesse. Après quatre ans de participation pendant lesquels il aura assuré le rôle de vice-premier ministre et celui de président de la chambre, c’est maintenant à son tour de diriger le cabinet. « Ça fait déjà plusieurs années que je m’implique, mais je suis particulièrement content d’être en charge du cabinet pour les 40 ans du PJFM », indique le jeune parlementaire de 19 ans.
Sean Kopytko a été élevé par une mère franco-manitobaine et un père anglophone. Sa première participation au Parlement jeunesse remonte à 2019. À l’époque, il s’était inscrit pour participer avec un ami. « Et aujourd’hui, me voilà Premier ministre! » note-il en riant.
Une occasion en français
D’après lui, le PJFM est une occasion en or pour les jeunes Francos-manitobains de s’exprimer en français dans un autre contexte que celui de l’école. « La langue française est minoritaire au Manitoba, mais nous avons une communauté francophone très fière de parler français. Le Parlement jeunesse est une opportunité pour les jeunes passionnés de politique comme moi de débattre dans leur langue ».
Le PJFM est un des rares parlements jeunesse au Canada qui est entièrement géré par son cabinet, formé de 10 élus. Ceux-ci sont responsables de l’organisation des sessions parlementaires et du déroulement de l’évènement, en plus de la rédaction des projets de lois et de la gestion des communications. Un beau défi pour Sean Kopytko, qui s’estime chanceux d’être épaulé par son équipe.
Au cours de la fin de semaine, les apprentis députés auront à débattre de cinq projets de loi différents, parfois de manière indépendante, parfois en partie politique. De plus, des activités seront organisées en soirée pour permettre à la délégation de faire connaissance et de tisser des liens entre eux. Bien que les projets de loi soient fictifs, le PJFM est entièrement basé sur le système parlementaire du Canada.
Des sujets sérieux et d’autres moins
Parmi les sujets qui seront abordés ; la question épineuse de l’intelligence artificielle (IA) en société. Les participants de la cuvée 2024 auront à discuter de l’avenir des emplois traditionnels face à l’avènement de l’IA, entre autres.
Les jeunes parlementaires seront également appelés à donner leur avis sur les efforts de préservation de l’environnement au Canada, un sujet bien ancré dans la réalité et les préoccupations des jeunes.
D’autres projets de loi plus ludiques porteront sur le traitement réservé aux animaux de compagnies et l’intégration de l’écriture phonétique dans les écoles manitobaines, par exemple. « Chaque année, on essaie de parler de sujets qui sont d’actualité mais on aime aussi avoir des projets de loi plus farfelus! C’est une façon de donner aux participants l’occasion de s’amuser! » indique Kopytko.
Les origines du PJFM
Le PJFM a été fondé en 1984 par Michael G. Osborne, à un moment où le seul parlement jeunesse du Manitoba se déroulait en anglais, faute du manque de budget pour offrir des interprétations en simultané. « Si on voulait faire un discours en français, personne ne le comprenait puisque personne ne le traduisait. Tout se déroulait donc en anglais », se rappelle Osborne.
La création du PJFM s’inscrivait en pleine crise linguistique, dans un climat difficile pour les Franco-manitobains. À l’époque, les négociations de la communauté francophone pour l’obtention des services en français battaient leur plein.
Michael G. Osborne, anglophone de naissance, fréquentait l’école Louis Riel, l’une des rares écoles francophones de la province. Son constat était que la jeunesse franco-manitobaine manquait d’endroits pour s’exprimer. « L’idée était de fonder un parlement qui se déroulerait exclusivement en français pour donner aux jeunes l’opportunité de débattre et réfléchir aux grandes questions du jour dans une langue qui était la leur ».
Celui qui se considère aujourd’hui comme un Franco-manitobain estime que la mission du PJFM est toujours d’actualité, bien que l’atmosphère est loin d’être hostile comme dans les années 1980. « C’est une bonne chose que la communauté se rencontre et forge des amitiés. C’est le but premier du PJFM ».
La 40e édition du Parlement franco-manitobain aura lieu au Palais législatif du Manitoba, à Winnipeg, du 2 au 4 février prochain.