Dans un premier temps destiné aux employé.e.s de la Division scolaire franco-manitobaine, le programme sera généralisé dès la rentrée de septembre 2024.

Quand l’annonce officielle du lancement prochain du nouveau Programme de formation d’auxiliaires de l’École technique et professionnelle (ETP) de l’Université de Saint- Boniface (USB) a été faite le 21 novembre dernier, Mélanie Cwikla, directrice de l’ETP, ne pouvait pas cacher sa joie.

« C’est l’aboutissement de deux-trois ans de travail intense, un projet et un partenariat qui se concrétisent, se réjouissait-elle. On a travaillé fort avec la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) pour monter ce programme. On est très heureux qu’elle ait embarqué avec nous dans ce projet, dès le début. »

Dès février 2024, le Programme de formation d’auxiliaires sera proposé dans les locaux de l’ETP à 24 personnes. Valérie Rozehnal, ancienne enseignante en milieu minoritaire, à la DSFM et en Colombie-Britannique, et leadeure enseignante, sera la coordonnatrice de programme. Elle a rejoint l’équipe de l’ETP à plein temps le 1er janvier 2024.

Mélanie Cwikla donne des précisions : « Cette première cohorte, qui est notre cohorte pilote en partenariat avec la DSFM, ne sera ouverte qu’aux employé.e.s de la DSFM. Mais plus tard, dès septembre 2024, le programme sera offert à toutes et tous, et nous prévoyons mettre en place des cohortes spécifiques pour les divisions scolaires qui le souhaitent. Nous sommes en pourparlers avec plusieurs divisions scolaires. »

L’ETP n’exclut pas l’idée de démarrer une autre cohorte avant septembre 2024 si l’intérêt est là, mais la formation serait alors aux frais de la division scolaire ou des participants. « On a obtenu un financement spécial pour notre cohorte pilote avec la DSFM, pour 24 personnes », explique la directrice de l’ETP.

Pourquoi 24? C’est le nombre d’écoles de la DSFM. « Dans l’idéal, on aura un ou une auxiliaire de chaque école dans la première cohorte, pour avoir des rétroactions de partout et s’assurer que le programme répond bien aux besoins de l’ensemble de la division et du marché du travail », confie Mélanie Cwikla.

René Déquier, directeur général adjoint de la DSFM, précise que « la DSFM a établi ses critères d’admission à la première cohorte en partenariat avec le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui soutient pleinement le projet. Les critères de séniorité et de répartition régionale ont notamment beaucoup d’importance, mais on verra bien les demandes qu’on recevra ». La DSFM compte environ 300 auxiliaires présentement.

Un manque à combler

Les cours seront offerts par des professionnels du milieu éducatif, notamment des ortho- pédagogues et directeurs/directrices à la retraite. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs participé activement à l’élaboration du programme.

« On a vraiment hâte que la première cohorte soit lancée, lance Mélanie Cwikla. Jusqu’à présent, il n’existait aucune formation spécifique pour les auxiliaires en français. C’était donc important pour nous d’offrir quelque chose de qualité, en français, et adapté aux besoins spécifiques de la francophonie manitobaine en milieu minoritaire. »

René Déquier confirme : « Jusqu’à maintenant, on organisait des journées de formation pour les auxiliaires, soit au niveau divisionnaire, soit localement avec les équipes des services aux élèves. Ça va continuer, mais le Programme de formation d’auxiliaires de l’ETP offrira un outil de plus à nos auxiliaires, en parallèle. Je suis confiant de la valeur de ce nouveau programme. »

En effet, les auxiliaires dans les écoles de langue minoritaire ont un grand rôle à jouer pour promouvoir et transmettre la langue française aux jeunes.

René Déquier explique : « Dans nos écoles de la DSFM, la communication orale et la construction langagière sont très importantes. À tout âge, on a plusieurs élèves en apprentissage du français. Or nos auxiliaires travaillent de près avec ces enfants, souvent en petits groupes. Ce sont des conditions idéales pour la construction identitaire et langagière. C’est donc très important qu’ils comprennent ce rôle qu’ils doivent jouer pour amener les enfants à découvrir leur identité unique. »

Il ajoute que les auxiliaires jouent aussi un rôle clé dans la gestion des comportements. « Ils font beaucoup de surveillance, donc ce sont souvent les premiers à intervenir pour gérer les problèmes de comportement et guider les enfants vers des comportements plus efficaces et appropriés. »

Quels avantages?

À l’heure actuelle, l’obtention du certificat ne mènera pas à une

prime sur salaire. Daniel Preteau, directeur général adjoint responsable des ressources humaines à la DSFM, indique en effet que « dans l’entente collective en vigueur, il n’y a rien qui stipule une reconnaissance de salaire particulière. On a déjà des auxiliaires qui ont un certificat du Red River College et ils ne reçoivent pas de prime associée.

« L’avantage financier qu’on offre maintenant à nos auxiliaires, à mon avis, c’est l’opportunité de suivre cette formation gratuitement alors qu’elle leur coûterait normalement environ 3 000 $. »

Il note par ailleurs que « rien n’empêche qu’il y ait des négociations à l’avenir pour qu’une prime de salaire soit associée à un tel certificat ».

Quant à la question de rendre cette formation obligatoire pour tous les auxiliaires de la DSFM à long terme, elle n’est pas non plus à l’ordre du jour. Daniel Preteau : « Notre réalité aujourd’hui, c’est qu’on manque de main-d’œuvre, donc ce serait difficile de rendre ce certificat obligatoire. De plus, détenir un certificat, c’est bien, mais ça ne fait pas nécessairement le meilleur candidat. L’expérience vécue peut-être tout aussi importante. À la DSFM, on veut tout prendre en compte. »

Joel Mangin, directeur des services aux élèves de la DSFM, renchérit : « Dans le cas de la DSFM, la complexité d’embaucher des auxiliaires francophones fait en sorte qu’ils ont rarement à la fois la langue et le certificat. » Exiger le certificat pour toutes et tous pourrait donc s’avérer difficile.

Mélanie Cwikla précise que la place attribuée au fait de détenir un certificat dans le recrutement d’auxiliaires, ainsi que l’impact sur le salaire, est à la discrétion des divisions scolaires. « Par exemple, la Division scolaire Louis-Riel exige déjà la formation de ses auxiliaires anglophones. »

Facile d’accès

Mélanie Cwikla signale par ailleurs que la formation sera donnée en mode hybride, donc accessible à distance, mais synchrone « pour mieux se voir. On a pensé que pouvoir interagir avec les formateurs et les autres participants du programme serait très important dans le cadre de cette formation ».

Avoir une cohorte spécifique par division scolaire apporte sur ce point un avantage certain, puisque les sessions de formation peuvent être planifiées pendant les journées de perfectionnement professionnel prévues par la division scolaire.

Le Programme de formation d’auxiliaires sera composé de dix cours de cinq semaines chacun. À l’issue de ces dix cours, dont la fin est prévue en décembre 2025 pour la cohorte initiale, les participant.e.s obtiendront un certificat d’auxiliaire d’enseignement de l’ETP.