C’est sur la scène du Manitoba Theatre for Young People que The Problem with Pink (1) va prendre sa place jusqu’au 24 février. Dans leur monde tout rose, tout va bien pour les quatre personnages (Alix, Sasha, Lou et Noa) présents dans le spectacle. Seulement, ils vont apprendre une nouvelle qui va venir changer beaucoup de choses : le rose, c’est pour les filles.

L’autrice et co-metteuse en scène Érika Tremblay-Roy revient sur l’origine de ce spectacle, une co-production entre Le Petit Théâtre de Sherbrooke et la compagnie de danse La parenthèse. « C’est notre deuxième production ensemble. Nous avions fait Lettre pour Élena, qui met en scène un trio féminin. On a eu alors envie d’y répondre en créant un quatuor masculin. Avec ce quatuor, nous voulions adresser la question des stéréotypes de genre, et comment on se sent obligé d’être ci ou ça parce qu’on est un garçon ou une fille. Et la difficulté d’être soi-même par rapport au regard des autres. »

Identité et amitié

Si la question de l’identité de genre est un sujet évoqué dans ce spectacle, Érika Tremblay-Roy précise que cette pièce aborde aussi d’autres thèmes importants. « C’est une quête identitaire, mais aussi un spectacle sur l’amitié et comment la faire survivre quand le regard des autres s’en mêle. Il va y avoir des divisions. Savoir que le rose est pour les filles va bouleverser leur équilibre. »

Il a fallu deux ans pour mettre ce spectacle sur pied et il existe depuis maintenant six ans. « Je crois d’ailleurs qu’on jouera notre 300e représentation à Winnipeg », lance Érika Tremblay-Roy.

Alors que le spectacle a déjà tourné et que des enfants dès l’âge de six ans peuvent y assister, les réactions des plus jeunes et des adultes sont toujours un moment qu’examine Érika Tremblay-Roy. « Les discussions sont souvent très riches après le spectacle. On est tous très confronté à cette question des stéréotypes. Même entre adultes, quand on en parle après le spectacle, les parents se questionnent sur l’éducation. Quant aux enfants, même s’ils savent qu’il ne faut pas s’arrêter aux stéréotypes, ils les subissent quand même. »

« Ça se peut que les stéréotypes conviennent! On n’est pas obligé d’être en réaction à ce qui est normalement attribué à un genre. Ça se peut qu’on soit pile dans ce que la société nous propose. C’est juste que ce n’est pas la seule voie. »

Érika Tremblay-Roy

Réactions des petits et des grands

Celle qui est aussi directrice artistique du Petit Théâtre de Sherbrooke a d’ailleurs aussi remarqué des différences géographiques dans les réactions. « C’est une coproduction entre le Québec et la France. La question de l’identité de genre est donc déjà abordée différemment entre les deux régions. Je me souviens qu’on a joué en Écosse au printemps dernier. C’est un spectacle différent de ce que le public là-bas a l’habitude de voir. Mais de manière générale au Canada, j’ai l’impression qu’on est assez avancé sur ces sujets. »

Érika Tremblay-Roy souligne tout de même que c’est un spectacle plus facile à proposer de nos jours qu’il y a quelques décennies, ce qui explique aussi, selon elle, sa longévité. « Un grand chemin a déjà été fait, et il en reste à faire encore. Le spectacle n’aborde pas les questions de manière frontale, mais il donne des clés pour en discuter si l’on est prêt à y aller. Car si l’on n’est pas prêt, on y voit simplement une histoire d’amitié. Ce n’est pas moralisateur, il y a de la danse et du jeu. Un enfant de six ans peut juste prendre ça aussi. »

Avoir le choix

Là aussi, sur la question de la morale et des leçons à en tirer, Érika Tremblay-Roy veut laisser le spectateur, jeune ou plus âgé, prendre ses propres décisions. « Ça se peut que les stéréotypes conviennent! On n’est pas obligé d’être en réaction à ce qui est normalement attribué à un genre. Ça se peut qu’on soit pile dans ce que la société nous propose. C’est juste que ce n’est pas la seule voie. J’ai par exemple emmené ma propre petite fille au spectacle, elle est venue habillée tout en rose. On me l’a fait remarquer et j’ai dit : C’est elle, elle aime ça. Je ne milite pas pour que les filles ne s’habillent pas en rose. Je milite pour qu’elles aient vraiment le choix. »

(1) Deux représentations scolaires en français auront lieu le mercredi 14 février à 10 h et à 13 h. Une représentation publique en français aura lieu le samedi 24 février à 16 h. Les autres performances (16 février à 19 h, 17 février à 13h, 18 février à 13h et 24 février à 13 h) sont jouées en anglais. Toutes les informations sur le site du Manitoba Theatre for Young People.