C’est une deuxième édition pour ce festival d’art urbain. Et une deuxième, c’est toujours spécial, comme le souligne Eric Plamondon, directeur général d’ArtSpace. « ArtSpace est l’un des trois partenaires de la programmation et commissionnaires de l’évènement.
« Je dois avouer que lorsqu’on organise quelque chose pour la première fois, c’est toujours un sentiment d’accomplissement. Mais être capable d’apporter une deuxième édition, c’est un cadeau. »
Et pour le retour du Festival Allumez le Quartier, des œuvres déjà présentées l’année dernière seront encore présentes, accompagnées de nouvelles (1). « Nous avons pu remonter certaines œuvres et en commissionner de nouvelles. Alors c’est comme des retrouvailles avec une famille qu’on a bâtie l’année dernière et qu’on agrandit. Je suis choyé de ça. »
Le temps clément des dernières semaines a aussi permis à un plus grand nombre de pouvoir déambuler dans les rues du quartier de la Bourse à la découverte de certaines œuvres. « On a été vraiment chanceux de ce côté-là et les gens peuvent en profiter plus longtemps. C’est beau de voir les gens marcher et se diriger vers les œuvres. C’est quelque chose qui rend le quartier très vivant à un temps d’ordinaire plus calme. »
Eric Plamondon voit aussi tout l’intérêt de cet art en extérieur. « Je n’ai évidemment rien contre l’art en intérieur. Mais il y a beaucoup d’obstacles avant qu’une personne puisse se rendre dans un espace où de l’art est exposé. Il faut souvent une première expérience pour savoir si les lieux sont adaptés ou pas.
« Ce que j’aime avec l’art en extérieur c’est son accessibilité. Et le fait que les œuvres soient plus éphémères. Nous avons eu une œuvre, Nipiy, une installation de KC Adams, qui voulait jouer sur notre relation avec l’eau. Une relation qui peut être négligée durant l’hiver. Il a donc fait une œuvre avec de la neige et de la glace, et avec la température, il savait qu’elle ne durerait qu’un moment. Les gens devaient donc en profiter sans se dire : Je reviendrai plus tard pour voir. Ce n’était pas possible. »
Une occasion de réflexion
L’année dernière, l’œuvre de Reza Rezaï, intitulée Contra, avait fait couler de l’encre puisque le propriétaire du 441 rue Main avait fait retirer cette œuvre de son bâtiment. Pour Eric Plamondon, ce festival est aussi une occasion de réflexion. « Ce qui m’intéresse, c’est d’aller chercher des artistes qui ont quelque chose à dire et qui ont souvent fait partie de communautés marginalisées.
« Quand on parle d’“Allumez” ce n’est pas uniquement au sens propre. Mais aussi dans le sens d’allumer des débats, des réflexions, notre regard, notre compréhension. Il faut reconnaître que certaines œuvres peuvent être confrontantes et on peut être mal à l’aise. »
Le 1er mars aura lieu un rassemblement, LIT, autour de ces œuvres d’art à la salle du Centenaire. « Même si le but est que les gens fassent leur propre aventure autour des œuvres d’art, on s’est dit que ce serait super d’avoir un lieu rassembleur pour partager ses opinions autour des œuvres. Il sera aussi possible de continuer la soirée après ça. Il y aura un DJ, une personne qui travaille dans les arts visuels, et des danseurs de l’Aboriginal School of Dance. »
Quand on demande à Eric Plamondon si Allumez le Quartier pourrait devenir Allumez la ville, ce défenseur des arts répond. « Je pense sincèrement que chaque quartier devrait avoir des instances d’art. Pour l’instant, c’est concentré dans le quartier de la Bourse. Ce qui ne veut pas dire que d’autres installations ne pourraient pas voir le jour à l’extérieur de ce quartier. Mais le quartier de la Bourse est un carrefour de l’art. Et nous sommes dans un processus de décolonisation de l’art et des villes, alors le quartier de la Bourse, qui est reconnu historiquement pour son passé, est la place parfaite pour un festival pareil. »
(1) Pour découvrir les œuvres d’art de cette année : https://www.exchangedistrict.org/lightsontheexchange-artworks/