Jusqu’au 25 février, c’est le défilé des capots de toutes couleurs, les unes plus chaudes que les autres. Pendant une dizaine de jours, des artistes de partout au monde montent sur les scènes dressées pour l’occasion au Fort Gibraltar, au cœur de Saint-Boniface, pour chanter leur joie de vivre. Ensemble, dans une ambiance bien festive, on replonge dans des souvenirs d’antan. De la gigue aux jeux de jambettes, on s’amuse et l’on se sucre le bec pour faire passer l’hiver. Au nom des Voyageurs, on se permet quelques verres de caribou au passage. C’est le Festival du Voyageur!

J’ai découvert le Festival du Voyageur quelques mois après mon arrivée au Manitoba. Journaliste à La Liberté, je devais y aller pour des reportages. Eh bien, j’ai beaucoup travaillé! Pour moi, c’était avant tout une opportunité de découvrir la riche scène musicale manitobaine. J’avais l’impression qu’elle était presque entièrement réunie en un même endroit. J’allais d’une tente à une autre avec beaucoup de curiosité, quand bien même parfois très inconfortable. Même si la musique était bien différente de celles qui avaient bercé mon enfance, elle était entraînante. Tout pour moi était différent, mais tout était très éducatif pour le nouvel arrivant que j’étais.

Comme les autres années, cette 55e édition du Festival du Voyageur réserve bien des surprises. Une programmation musicale enrichie par les talents musicaux d’ici et d’ailleurs. Des activités de tout genre organisées pour tous les goûts. Malgré la météo qui peut être très froide pour quiconque, c’est une expérience à faire absolument quand on vient d’arriver, car, c’est aussi notre histoire.

L’histoire des Voyageurs rappelle celle des explorateurs européens accompagnés de leurs guides et des interprètes, souvent autochtones. Et pourtant, l’histoire nous renseigne que des Noirs faisaient aussi partie de ces expéditions. L’un de ces Voyageurs Noirs souvent cités est Pierre Bonga. Son personnage a d’ailleurs fait l’objet d’un livre The Pierre Bonga Loops, paru en 2010. Dans ce livre, l’auteur Troy Bailer décrit ses qualités humaines qui en ont fait un personnage remarquable et très apprécié.

Fils de Jean et Marie-Jeanne Bonga, Pierre le Voyageur a grandi au contact des peuples autochtones sur l’île Mackinac dans les années 1750. Sa connaissance de la langue Anishinaabe et des cultures autochtones, en plus de ses autres qualités, faisait d’ailleurs de lui un interprète et un guide de choix. Des Pierre Bonga, il y en a eu d’autres. Alors pas d’excuse : allons à la rencontre de nos histoires durant ces quelques jours.