Malgré tout, David Richert a participé à la sixième manche du BOSS GP, à Monza en Italie en octobre 2023. Une première expérience en Formule 2 et une réalisation significative pour ce passionné.

C’est à travers son écran de télévision, sur la ferme de ses parents, à Niverville, que David Richert s’éprend de course automobile.

Des grandes plaines manitobaines jusqu’aux circuits historiques européens, la route fut longue, « personne n’y croyait! », et pourtant il y est parvenu.

« J’ai eu la chance de me rendre à Indianapolis pour voir une course de Formule 1. Depuis les gradins, je me souviens avoir pensé à quel point cela devait être fun de piloter l’une de ces voitures. »

Après quelques recherches, il s’avère que la plupart des pilotes débutent leur carrière sur des pistes de go kart. Il n’en faut pas plus pour David Richert qui se rapproche dès lors de la Manitoba Karting Association. « Ils organisaient des courses sur l’ancienne piste d’atterrissage de Gimli. Je me suis alors acheté un kart, mon père a fabriqué une remorque et j’ai profité de deux ans d’expérience en karting. »

À la suite de cela, le Manitobain intègre une école de pilotage au Québec avant de s’envoler pour les États-Unis où il rejoint une équipe professionnelle pour Renault. « De n’avoir jamais conduit quoi que ce soit de ma vie, je me suis retrouvé à conduire une voiture de course monoplace deux ans plus tard. »

Sa carrière est alors lancée, et il concourra au volant de plusieurs types de voitures et notamment de Formule 3 sur des circuits historiques comme celui de Monaco en 2016.

Une expérience et des performances

Plus récemment, au mois d’octobre 2023, le pilote a encore passé un cap en participant à la sixième manche du BOSS GP Italie, une compétition bien connue dans le monde de la course automobile, au volant, cette fois, d’une Formule 2.

En matière de vitesse sur circuit, la F1 est une référence absolue dans le domaine. Avec 1 000 chevaux, ces dernières peuvent dépasser les 370 km/h en vitesse de pointe et les pilotes peuvent encaisser jusqu’à 6 G de force dans les virages. Dans le contexte de la course automobile, 6 G fait référence à la force gravitationnelle exercée sur le pilote lorsqu’il accélère, freine ou tourne à des vitesses extrêmement élevées. Cela signifie que le pilote subit une force équivalente à six fois celle de la gravité terrestre, ce qui peut avoir un impact significatif sur son corps et sa capacité à contrôler la voiture. La F2 arrive juste après, avec 620 chevaux et une vitesse maximale pouvant aller jusqu’à 321 km/h. Les Formules 3, elles, sont équipées de moteurs de 380 chevaux.

Une première expérience pour le pilote qui a fait de belles performances lors des phases d’essai de qualifications où il a terminé en deuxième, puis à la troisième place. Après une sortie de circuit lors de la première course, il a finalement terminé la deuxième course en 6e position.

Faire un maximum de tour

« Je n’étais pas monté dans une voiture de course depuis un an, explique le pilote. Alors, de reprendre avec une voiture aussi puissante n’était pas gagné, mais je suis très heureux d’avoir été compétitif et ça me met en confiance pour l’avenir. Je sais que je peux contrôler cette voiture et être performant. »

D’ailleurs, l’objectif principal n’était pas nécessairement de finir sur le podium.

« Il s’agissait surtout de profiter de l’expérience. Le plus important pour moi c’était de faire un maximum de tour, plutôt que de prendre des risques pour performer. »

Cela ne signifie pas pour autant que la vitesse n’était pas au rendez-vous. « Il y a un virage sur le circuit de Manzo que l’on appelle curva grande et que l’on prend pied au plancher. Dans n’importe quelle autre voiture, on le sent à peine, dans la F2, sans être plus compliqué, on sent la force de la gravité sur le corps. À la fin de la course, j’ai commencé à sentir une certaine fatigue dans les bras. »

Les commanditaires

Il y a une explication derrière ces 12 mois sans piloter, et cette volonté de ne pas risquer l’intégrité de la voiture. Le milieu de la course automobile est assez particulier comme l’explique David Richert. « C’est un sport différent de tous les autres. Il y a de l’argent et de la politique dans d’autres disciplines. En course automobile, tu peux être le pilote le plus rapide du monde, si tu n’as pas le soutien financier nécessaire pour grimper les niveaux, tu ne vas nulle part. »

Cela fait plus de 20 ans que David Richert travaille sur « le côté commercial » du métier pour se maintenir sur les circuits. « En 2022, j’ai mis tout ce que j’avais dans ma saison en F3 et il me restait juste assez pour m’offrir cette expérience en F2. Les commanditaires qui me suivaient alors ne peuvent mal-heureusement pas me suivre dans une aventure en F2. » Cette difficulté à s’entourer de bons commanditaires, le pilote l’admet a toujours était un défi, pour lui et tous les autres pilotes issus de familles modestes. « Si l’argent le permet, je souhaiterais passer une année entière à me familiariser avec une voiture de F2, car si je peux le faire, alors n’importe quelle voiture de course sur terre sera à ma portée. J’essaie de prendre des décisions stratégiques quant à la suite des évènements. »

Une idée des coûts

Pour se faire une meilleure idée des coûts, le directeur de l’équipe Mercedes de Formula 1, Toto Wolff était revenu en détail sur les coûts d’un parcours de pilote lors d’une interview.

« Il (le pilote) devra faire au moins une saison en Formula Renault ou en Formule 4 qui coûterait 350 000 euros (un peu plus de 500 000 $ canadiens) s’il le fait correctement. Il devra payer 650  000 euros (soit environ 950 000 $) pour une saison de F3, ce qui fait que nous sommes à 2 millions d’euros (environ 3  millions $). Il aura probablement besoin d’une autre saison en F3, ce qui fait un total de 2,7 millions d’euros (environ 4  millions $) et il n’a pas encore fait de GP2 ou World Series. Donc, disons que ce pilote sera à 3 mil-lions d’euros (environ 4,5 millions $) s’il a un talent extraordinaire.

Le GP2 ajoute 1,5 millions euros (plus de 2 millions $) de plus. Si vous voulez être sur le côté sécuritaire, on est entre 4,5 millions d’euros et 5 millions d’euros (entre 7 et 7,5 millions $) et le pilote a seulement fait une année en GP2. Il est sur le point d’entrer en F1, mais il a besoin de 2 à 3 millions d’euros (3 à 4,5 millions $) pour un volant. Donc on parle d’un total de 7 à 8 millions d’euros (environ entre 10 et 12 millions $). »

S’entraîner contre la gravité

Pour faire face à la force centrifuge et aux forces G, les pilotes se doivent d’avoir un cou très fort. Après tout, chaque virage exerce une force d’environ 25 kilos sur le corps de ces derniers.

Pour muscler leur cou, il existe une machine qui reproduit les conditions auxquelles les pilotes sont confrontés dans le monoplace.

Assis dans un siège baquet, le pilote tourne un volant lesté et porte un casque affublé de câbles et de poids. S’il tourne le volant à droite, les câbles vont exercer une traction vers la gauche et inversement pendant une durée donnée. En répétant l’exercice, les pilotes renforcent leur cou et apprennent à lutter instinctivement contre les forces G, leur permettant de rester concentrer sur le pilotage chaque seconde de la course.