Pour l’ex-PDG depuis le 13 février, la demande pour l’électricité doublera d’ici 20 ans, voire même triplera.
Avec une dynamique aussi rose en tête, elle voulait que la société de la Couronne demande au secteur privé d’aider Hydro-Manitoba à atteindre son objectif. Le gouvernement NDP avait vite rappelé qu’Hydro-Manitoba est une société publique et que l’ensemble de ses opérations doit le rester. Un rappel à l’ordre qui scellait le sort de Jay Grewal.
Comme je l’ai souvent souligné dans mes chroniques, la demande en électricité pla- fonne depuis une quinzaine d’années. Les ventes sur le marché américain, sur les- quelles Hydro-Manitoba a beaucoup misé, stagnent à 10 Twh depuis 20 ans. Cette électricité est vendue à un prix inférieur aux coûts de production. En plus, les ventes fluctuent énormément : les sècheresses affectent négativement les recettes.
Dans le passé, la croissance économique et celle de la population soutenaient la demande en électricité. Mais depuis 15 ans, la croissance économique moyenne annuelle s’élève à 1,8 % et la demande en électricité se situe à 0,8 %. Si j’applique ces données aux prévisions de la PDG d’Hydro-Manitoba, pour doubler la demande de 32 Twh à 64 Twh, il va falloir attendre 70 ans! On est très loin des prévisions ultra optimistes de Jay Grewal.
Hydro-Manitoba pense encore et toujours en fonction du même modèle : trouver des nouveaux marchés pour pouvoir construire des barrages. De plus, elle fait appel à la pensée magique en s’imaginant que la croissance économique et électrique vont revenir à des niveaux historiques.
Mais voilà : la réalité est tout autre
Premièrement, la meilleure électricité et la moins chère est celle que l’on ne consomme pas.
Deuxièmement, la production et la demande en électricité sont sujettes à des fluctuations importantes à cause des pluies et de la température.
Troisièmement, chauffer les logements à l’électricité n’est pas la façon la plus efficace
et elle devient coûteuse. En ce moment, se chauffer à l’électricité coûte annuellement pour un ménage environ 1 900 $, comparativement à 700 $ au gaz naturel.
Quatrièmement, Hydro-Manitoba a lancé des programmes pour remplacer le parc d’appareils ménagers et rendre les logements moins énergivores. Ces initiatives ont diminué la tendance à consommer à long terme, mais elles n’ont rien fait pour atténuer les variations quotidiennes et saisonnières.
Si j’étais le prochain PDG d’Hydro-Manitoba
Si j’étais le prochain PDG, j’initierais un programme pour installer des compteurs intelligents qui aideraient les ménages à transférer la demande aux heures de pointe vers les périodes hors pointe. Le compteur aiderait aussi les ménages, munisde panneaux solaires, à revendre leur électricité au réseau d’Hydro-Manitoba.
Si j’étais le prochain PDG, j’encouragerais les nouveaux logements à être plus énergétiquement autonomes par l’utilisation de panneaux solaires, de pompes à chaleur et de batteries. La Société canadienne d’hypothèques et de logement a déjà développé ce type de maison.
Si j’étais le prochain PDG, je mettrais en vigueur un programme pour atténuer la variation saisonnière de la demande, due aux températures froides de l’hiver. J’encouragerais les ménages à changer leur chauffage soit en faveur de pompes à chaleur ou de panneaux solaires. Je prendrais le surplus d’électricité et je le transférerais vers d’autres usages ou vers l’électrification du réseau de transport.
Si j’étais le prochain PDG, je songerais à installer une centrale au gaz naturel à cycle combiné près des grands centres pour diminuer l’impact de la sècheresse sur la production du réseau hydroélectrique. Ce qui éviterait de construire d’autres centrales hydroélectriques coûteuses et des lignes de transmission.
Mais comme je ne serai pas le prochain PDG, c’est à nous de pousser nos élu.e.s dans la bonne direction.