D’origine ivoirienne, ses romans sont un moyen d’expression et de critique de certains faits de société.

C’est un rêve de petite fille qu’a réalisé Epiphanie Nangui en écrivant ses deux livres, Le mariage à tout prix et Illusion (1). « J’ai écrit mon premier livre quand j’étais en primaire. Bon, il faisait seulement cinq lignes (rires). Il y avait déjà ce rêve d’écrire des livres. J’aime lire et les livres ont toujours été un refuge, un moyen de m’éloigner de la réalité. J’étais une enfant très timide et je n’avais pas vraiment d’amis. Mon père m’emmenait aussi souvent que possible acheter des livres. »

Ce n’est pourtant pas la carrière qu’a poursuivie Epiphanie Nangui, puisqu’elle est médecin addictologue de formation. C’est donc en parallèle de son emploi de médecin addictologue en Côte d’Ivoire qu’Epiphanie Nangui a écrit son premier roman, Le mariage à tout prix. Il met l’accent sur la pression sociale qui peut exister sur les femmes africaines pour se marier. « Je me suis inspirée d’histoires vécues autour de moi par d’autres femmes. Il y a vraiment beaucoup de pression sur les femmes africaines. Il y en a avant le mariage et pendant. »

Des rôles définis

Comme l’explique Epiphanie Nangui, dans certaines familles africaines, le mariage, c’est l’affaire de tous. « Une histoire d’amour ce n’est pas qu’entre deux personnes. C’est à la fois entre deux personnes, entre les deux familles, entre les amis, entre l’entourage et tout le village parfois. C’est toute cette pression sur le couple. »

Epiphanie Nangui souligne les traditions encore bien ancrées dans les sociétés africaines. « La petite fille est élevée pour être une bonne épouse. Le rôle de la femme est déjà défini avant le mariage.

« C’est l’homme qui est à l’avant-plan et la femme en arrière. Toute cette pression fait que le mariage est une plus-value pour une femme. Quand une femme se présente comme madame, elle est tout de suite plus considérée qu’une femme qui se présente comme mademoiselle. On pense qu’elle a plus de valeur parce qu’elle a réussi à trouver un homme pour la marier. »

Une fierté et des valeurs

Ce n’est pas pour autant qu’Epiphanie Nangui renie ses origines ou n’en est pas fière. Elle souhaite simplement faire évoluer la mentalité au sujet du mariage. « L’influence de l’Occident est présente en Afrique. Pourtant il y a des sujets, comme le mariage, qui n’ont pas évolué ni changé. Mon but n’est pas de dénigrer les valeurs africaines. La question est : Est-ce qu’on va toujours continuer dans ce système où la femme n’a pas sa place?

« Je n’écris pas pour faire plaisir aux autres. J’écris pour défendre certaines de mes valeurs. C’est mon esprit que je mets dans mes livres. »

Illusion porte aussi sur une histoire d’amour et sur les risques de cet amour. Là encore, Epiphanie Nangui critique la pression qui peut exister dans certaines relations. « Je voulais vraiment donner du sens à ce dicton : L’amour rend aveugle. Dans ce livre, au nom de l’amour, une jeune fille bien élevée avec des valeurs—elle est religieuse—d’un seul coup se rebelle contre tout. Elle se retrouve dans une histoire qui questionne : Est-ce que l’amour valait le coup?

« Je parle vraiment de ce que la femme peut subir dans un mariage. L’amour, c’est beau. Mais ça ne peut pas suffire dans un mariage. Je montre tout le cercle vicieux qui peut se créer autour de cet amour inconditionnel. »

Et l’autrice ne compte pas s’arrêter là puisque comme elle le dit si bien, « je mijote déjà quelques personnages pour un troisième livre. Je travaille l’ossature de mes personnages et ensuite, je sais que l’histoire va s’écrire ».

(1) Pour son premier livre, Epiphanie Nangui a été publiée à compte d’auteur. Pour le deuxième, elle a été publiée par une maison d’édition malienne, Sawa. Si vous êtes intéressé.e à vous procurer ses livres, vous pouvez joindre Epiphanie Nangui à : [email protected]