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Dans le dernier épisode du balado Le savoir et le dire, la directrice générale de l’Acfas ainsi que trois universitaires témoignent de l’importance du réseau de recherche francophone et des collaborations interprovinciales.

Depuis sa création en 1923, l’Acfas a toujours eu pour mission de faire la promotion de la recherche, de l’innovation et de la culture scientifique en français au pays. Elle peut désormais le faire d’un océan à l’autre, grâce à ses six antennes régionales : en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, dans le Nord et le Centre-Sud-Ouest de l’Ontario, et en Acadie.

Même si la recherche en français s’inscrit dans un territoire beaucoup plus vaste qu’il y a 100 ans, les valeurs fondamentales de l’association n’ont pas changé. « Nous avons eu des fondateurs absolument visionnaires parce que la mission d’origine de l’organisation est encore la même aujourd’hui », souligne Sophie Montreuil, directrice générale de l’Acfas.

« Il est encore aussi essentiel qu’il l’était en 1923 de réunir la communauté de recherche francophone au Québec et au Canada et de la mettre en réseau », poursuit-elle. Particulièrement en contexte minoritaire, où les scientifiques peuvent se sentir isolés.

Sophie Montreuil
La directrice générale de l’Acfas, Sophie Montreuil, salue les valeurs des fondateurs, en 1923, qui demeurent actuelles aujourd’hui. (photo : Hombeline Dumas)

Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français

L’Acfas et ses six sections régionales présentent le balado Le savoir et le dire : itinéraires de la recherche en français. La série propose un voyage d’ouest en est en six épisodes pour explorer les défis, les avancées et les espoirs de la communauté scientifique francophone au pays.

Tous les épisodes se trouvent sur acfas.ca et sur votre plateforme de baladodiffusion préférée.

Les sections régionales de l’association jouent ainsi un rôle fédérateur au sein de la communauté scientifique francophone. « Nous lui donnons une voix forte et nous portons les messages et les demandes de cette communauté auprès de différentes instances », déclare la directrice générale.

Décloisonner la recherche dans la francophonie canadienne

Lancé en 2021, le programme Coopération en recherche dans la francophonie canadienne de l’Acfas illustre cette mission. Comme l’explique Sophie Montreuil, ce programme « a une courte histoire, mais déjà, ont été ou sont encore soutenus 42 projets de collaboration qui ont donné lieu à des déplacements et à des séjours de recherche. Donc, c’est déjà une réussite assez importante. »

Et ce n’est pas Flandrine Lusson qui dira le contraire. Doctorante en études urbaines à l’Institut national de la recherche scientifique, au Québec, elle a pu s’associer à une chercheuse francophone à Vancouver, en Colombie-Britannique, grâce à ce programme.

Flandrine Lusson
Flandrine Lusson a pu profiter du programme Coopération en recherche dans la francophonie canadienne. (photo : Gracieuseté Acfas)

Partie avec le seul objectif d’approfondir ses recherches, elle a vécu une expérience qui lui a ouvert des portes insoupçonnées. L’universitaire a pu intégrer une équipe de recherche déjà constituée et participer à la rédaction d’un livre. « Beaucoup, beaucoup d’opportunités sont ressorties », se réjouit Flandrine Lusson aujourd’hui.

« C’est exactement ça la science et l’avancement des savoirs. C’est en constante évolution et il se peut que l’objet d’étude qu’on a choisi bouge, se transforme, se définisse et se redéfinisse », commente Sophie Montreuil.

L’importance de la vulgarisation scientifique

Si décloisonner la recherche constitue un véritable atout pour la communauté francophone, faire sortir la science des murs de l’université reste un défi majeur.

Avec le concours Ma thèse en 180 secondes, l’Acfas permet aux jeunes chercheuses et chercheurs de vulgariser leurs travaux devant un auditoire de non-initiés. Chaque participante et participant a trois minutes pour présenter un exposé clair, concis et néanmoins convaincant de son projet de recherche.

Jean-Éric Ghia, professeur à l’Université du Manitoba, vice-président de l’Acfas-Manitoba et vulgarisateur scientifique, insiste sur le rôle crucial des scientifiques dans la communication de leurs travaux : « La science, elle est faite pour tout le monde. »

Jean-Éric Ghia
Jean-Éric Ghia est professeur en immunologie à l’Université du Manitoba et formateur en vulgarisation scientifique. (photo : ghialab.com)

« La problématique pour harponner, on va dire, le grand public, c’est finalement d’avoir une bonne technique d’hameçonnage quand on monte sur scène […] On va essayer de prendre le public et de le ramener dans sa propre histoire.»

Selon lui, les scientifiques doivent communiquer clairement leurs travaux, afin de susciter, entre autres, des dons pour la recherche. « Il ne faut pas oublier qu’un des piliers de la recherche, ce sont les associations, ce sont les fondations », afin que tout le monde participe à la circularité de la recherche.

« Il est absolument essentiel que l’avancement des savoirs soit partagé au plus grand nombre possible. Il y va d’un enjeu démocratique, renchérit Sophie Montreuil. Lorsque les recherches sont financées par les gouvernements, donc par l’argent des contribuables, il est absolument légitime que les citoyens puissent accéder aux résultats de ces recherches et à leur retombée. »

De l’académique vers le politique

Les scientifiques doivent aussi s’adresser à la classe politique, rappelle la directrice de l’Acfas.

« C’est important de pouvoir faire passer les résultats de recherche du cadre académique, de la connaissance pure, de la science vers le cadre public, la société qui a besoin de ces résultats-là pour avancer, pour faire des bons choix, des choix éclairés », insiste Antoine Zboralski, chercheur postdoctoral et coprésident de l’organisme Dialogue sciences et politiques.

Antoine Zboralski
Antoine Zboralski est chercheur postdoctoral et coprésident de l’organisme Dialogue sciences et politiques. (photo : Gracieuseté Acfas)

« Si on ne le fait pas, les décisions vont se prendre sans nous », lance-t-il.

« Les gouvernements ont besoin de ces données pour mettre à jour des politiques publiques existantes et pour en rédiger de nouvelles », ajoute Sophie Montreuil. Beaucoup de recherches portent d’ailleurs sur des enjeux locaux, rattachés à une communauté, remarque-t-elle.

Un moment décisif pour la recherche en français

« La recherche en francophonie minoritaire au Canada est à un tournant. Elle est en déclin, mais il y a de bonnes nouvelles. » La directrice de l’Acfas cite la révision de la Loi sur les langues officielles et un « contexte politique favorable ».

« Nous bénéficions de leviers nouveaux pour tenter de rééquilibrer la recherche qui s’effectue en français par rapport à celle qui s’effectue en anglais et arriver dans un monde idéal, à l’égalité réelle entre les deux communautés linguistiques. »