Sommes-nous pires ou meilleurs qu’avant? Comment allons-nous régler les grands problèmes de notre temps? Saurons-nous préparer les solutions de demain? Savons- nous même ce que veut la prochaine génération?

Face à ces grandes questions, deux attitudes semblent se dessiner, deux faces d’une même médaille au fond. D’abord, certaines personnes s’engageront, volontairement ou non, dans une attitude extrémiste. Ces personnes croient avoir la vérité, croient que ceux et celles qui pensent différemment sont nécessairement dans l’erreur. Elles considèrent devoir imposer leur vérité à tout le monde, et passeront parfois à l’action violente. Cette attitude extrême se retrouve autant à droite qu’à gauche du spectre politique.

L’autre attitude, probablement partagée par un plus grand nombre de gens, est celle du nihilisme. Dans cette attitude, plus rien n’a de valeur. Ma propre opinion n’a pas plus de valeur qu’une autre. Rien ne se dégage comme une ligne de force. C’est le règne du vide, et de ce vide il n’en manque pas aujourd’hui. Dans le nihilisme, on se répète toujours la même phrase : « À quoi sert au fond de prendre position ou de faire des efforts? ». Le nihilisme conduit au désengagement, à l’ennui et, dans un moment de désespoir, il peut certainement se renverser en extrémisme.

Comment alors garder espoir en notre époque et nos contemporains? Il n’y a pas d’autre choix : entrer en dialogue avec nos contemporains. Dans les deux attitudes décrites plus haut ne règne aucun dialogue : l’extrémiste n’entend rien à la position adverse, le nihiliste entend sans comprendre, car comprendre l’autre finalement ne mène à rien.

Le dialogue est la solution, un véritable dialogue où deux logoi, ou pensées, entrent en contact et se mettent en chemin vers la vérité. La vérité ne se trouve pas seule, en vase clos. Et pour pouvoir entrer en dialogue, il faut re développer un espace public. Au fond, il faut qu’il y ait un espace où le dialogue peut s’effectuer.

Reste-t-il encore des espaces publics? Les réseaux sociaux n’en sont pas; ils ne servent qu’à renforcer le narcissisme de l’utilisateur/rice. Il reste certes les écoles, et ce n’est pas rien. Les écoles sont un lieu public dans lequel il faut faire naître le dialogue.

Y a-t-il encore d’autres lieux que l’école? La sphère politique est-elle encore un espace public? On peut malheureuse- ment en douter. Donc une fois l’école quittée, que reste-t-il comme espace public?

Les Grecs, avec tous leurs problèmes propres, avaient au moins une agora pour les discuter. À nous de réinventer l’agora grecque, c’est-à-dire retrouver un espace public dans lequel le véritable dialogue peut avoir lieu. Repenser les réseaux sociaux pour qu’ils soient sociaux serait déjà un début. Encore mieux : revaloriser la discussion citoyenne à tous les niveaux. La présence de personnes citoyennes force l’espace public à s’ouvrir car un espace de négociation est nécessaire à la reconnaissance des droits et responsabilités. À l’agora, citoyens!