Ce fut un long travail de recherche de la Société historique de Saint-Boniface pour réussir à réunir, organiser et choisir les éléments de la vie de Georges Forest que le public peut découvrir sur les murs du Salon Empire du Centre du patrimoine. En effet, ce n’est pas moins de 51 boîtes textuelles sans compter les films, les cassettes et les bandes sonores qui ont dû être consultés par la SHSB pour mettre sur pied cette exposition qui sera à voir pendant deux années.

« Ça fait deux ans qu’on prépare ce projet », rappelle d’abord Janet La France, directrice générale de la SHSB. « Nous avions aussi reçu il y a quelques années un versement de nouvelles archives de la part d’Anita Forest (1). Alors il a fallu les traiter avant de pouvoir monter l’exposition. Nous avions aussi déjà un fonds d’archives Georges Forest. Alors Annie Langlois, la commissaire de l’exposition, est allée au travers de tout ça pour ressortir les éléments clés. »

Une vie très riche

Né le 14 mai 1924 à La Salle, Georges Forest l’un des plus illustres partisans de la cause francophone au Manitoba. Son père, Ambroise Gabriel Forest, était lui aussi un défenseur des droits linguistiques. Il avait notamment lutté pour la place du français dans les écoles manitobaines. Puis en grandissant, Georges Forest a tracé son propre chemin : il a participé au mouvement des Caisses populaires, a été membre des Chevaliers de Colomb ou encore a été l’un des fondateurs du Festival du Voyageur à la fin des années 1960 et a été le premier voyageur officiel lors du premier Festival du Voyageur en 1970.

Il a alors fallu choisir parmi cette liste non exhaustive. « On voulait vraiment mettre l’accent sur Georges Forest, l’activiste. Il était engagé dans le mouvement coopératif, le parti créditiste, il a voulu établir une coopérative de funérailles. Il était même impliqué avec les trappistes, il faisait de l’apiculture avec eux. On voulait aussi présenter un portrait plus équilibré, plus humain. Il était dans les forces aériennes. Il était Métis et cette tradition de résistance était présente dans sa famille depuis des générations », souligne Janet La France.

Autre élément essentiel pour la SHSB : ne pas dépeindre Georges Forest seulement à travers le cas historique de la contravention dans les années 1970. Pour rappel, il avait contesté devant la justice une contravention de stationnement uniquement rédigée en anglais. En 1979, la Cour suprême du Canada lui a finalement donné raison. Décision qui a restauré la langue française dans l’appareil législatif manitobain.

« Oui, bien sûr, nous avons quand même au moins deux panneaux axés sur la contravention. Mais nous mettons aussi de l’avant des éléments de sa biographie, ses autres intérêts et son esprit de combattant. »

Une exposition à voir dans les écoles

Décédé il y a plus de 30 ans, cet esprit, ce legs, survivent toujours selon Janet La France. « Je le vois comme un ancêtre spirituel pour plusieurs personnes dans la communauté francophone et métisse. C’est quelqu’un qui s’est prononcé, qui a pris position. C’est important de savoir ce qu’on défend. Georges a inspiré beaucoup de gens et a sûrement repassionné toute la question autour de la francophonie et des droits linguistiques. »

Financée majoritairement par Patrimoine canadien, l’exposition a aussi reçu du soutien du Manitoba par le ministère du Sport, de la Culture, du Patrimoine et du Tourisme. Et comme pour les trois dernières expositions de la SHSB, celle sur Georges Forest a aussi sa version itinérante à présenter dans les écoles.

« L’exposition sera présentée dans les écoles de la Division scolaire franco-manitobaine puis ensuite dans les écoles d’immersion. Georges fait un bon modèle pour les jeunes. C’est quelqu’un d’ici, il a inspiré notre communauté à persévérer. C’est bien de montrer un exemple accessible aux jeunes d’ici. » Janet La France précise aussi qu’un guide pédagogique accompagne cette version itinérante.

Pour les prochaines expositions, la SHSB n’a encore rien annoncé, mais Janet La France admet qu’elle pense à de futurs thèmes autour de l’environnement.

(1) Anita Forest était la femme de Georges Forest. Elle est décédée en 2017, à l’âge de 85 ans.