Gayané Deval est venue habiter au Manitoba, avec son mari et sa fille aînée, il y a maintenant onze ans, après avoir quitté la France. Attention, elle dit qu’elle est une « fausse Française », car elle vient originellement d’Arménie. On l’a rencontrée avec Nicole Massé, une collègue qui est devenue sa mentor, puis sa « maman canadienne ».

Gayané Deval et Nicole Massé se souviennent précisément de leur première rencontre. Toutes les deux enseignantes, elles commençaient une nouvelle année scolaire. Bien que Nicole Massé avait derrière elle une plus longue carrière que Gayané Deval dans la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), elles étaient toutes les deux nouvelles dans cette école. Et toutes les deux allaient enseigner pour les 2e années.

« Je pense que c’est ça qui nous a rapprochées. Si on avait été dans une autre classe, on n’aurait peut-être pas partagé autant. Le fait qu’on soit au même niveau, nos classes l’une en face de l’autre, ça nous a poussées à nous rapprocher. »

D’un simple lien de collègues est alors née une très forte amitié. Gayané et Nicole se sont trouvées de nombreux points communs : l’amour de la musique, notamment Johnny Hallyday et Charles Aznavour. L’humour aussi. « On riait beaucoup! C’était le fun de travailler ensemble. »

« Je l’ai aimée tout de suite, Gayané. On venait de deux mondes différents, mais c’était tellement facile avec elle. Elle est chaleureuse, généreuse. Elle a une personnalité enveloppante. Elle rit, tu ris. Elle pleure, tu pleures. Elle a un très très grand cœur. »

L’emploi : une grande porte d’entrée pour l’intégration

En Arménie, Gayané Deval a fait des études pour enseigner le français, puis a déménagé en France, pour rejoindre celui qui est devenu son mari. Peu de temps après leur déménagement au Manitoba, elle décroche un poste à la DSFM. Très vite, elle voit comme les systèmes éducatifs français et canadien sont très différents.

« Tous les nouveaux arrivants connaissent ça. Ce sont des secteurs différents, l’approche est différente. Même si j’avais des connaissances solides en français, ma façon de faire et ma vision de la pédagogie étaient différentes. Mais l’emploi est un facteur très important pour les nouveaux arrivants.

« Nicole comprenait et voyait ça et elle a été une mentor pour moi. Elle m’a beaucoup guidée, j’ai énormément appris avec elle : la littératie, la gestion de classe… Ça m’a poussée à continuer les études ici. C’est grâce à elle si j’ai réussi et si je suis orthopédagogue aujourd’hui. »

Celle que Gayané appelle sa « maman canadienne », lui répond avec autant d’émotion. « Peut-être que je l’ai aidée au niveau de l’école, mais moi, c’est au niveau du cœur qu’elle m’a aidée. Car Gayané a tellement de cœur. Elle est affectueuse, généreuse, elle donne son temps. Moi je n’ai jamais de temps, je cours tout le temps, je ne sais pas après quoi. Mais elle, elle a toujours le temps de s’arrêter chez moi, elle se rappelle, elle ramène des petites surprises… Elle rassemble beaucoup de gens autour d’elle à cause de son cœur. Elle est à l’écoute. C’est tellement une belle personne. C’est ça, ce que j’ai appris de Gayané : être plus à l’écoute des personnes et avoir plus de cœur. »

De l’Arménie au Manitoba

Gayané Deval nous plonge dans son pays d’origine, l’Arménie. C’est un pays d’à peine 3 millions d’habitants, situé en Asie occidentale, assez proche de l’Europe. Juste à l’Est de la mer Noire, ce pays partage des frontières avec la Turquie, l’Iran, la Géorgie et l’Azerbaïdjan.

« L’Arménie est un pays qui a connu beaucoup de péripéties. Notre fierté, c’est qu’on est toujours là, malgré tout ce qui s’est passé. C’est un pays indépendant depuis 1991 et on espère que cela va durer. »

« Pour moi, Gayané représentait la France, l’Europe, mais pas l’Europe que je connais, exprime Nicole. Elle parle russe aussi. Ça me fascinait. Elle m’a toujours promis qu’elle m’emmènerait en Arménie. Un jour, j’espère. »

L’immigration de toute la famille

En attendant d’emmener sa mère canadienne en Arménie, c’est sa mère arménienne que Gayané a fait venir au Canada. D’abord, de temps en temps, jusqu’à tout faire pour que ses parents s’établissent définitivement au Manitoba.

« Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais quand on est immigrants et qu’on n’a pas de famille ici, si notre enfant est malade, on ne sait pas qui appeler. Et puis je voulais que mes enfants disent comme les enfants d’ici : Je vais faire une pyjamade chez mamie. C’était très important pour moi. Je voulais qu’ils vivent ce que j’ai vécu. C’est comme ça qu’on a décidé que mes parents immigrent aussi ici. »

Retrouvez la playlist intégrale des balados Quand les portes s’ouvrent.