Sofiane Elkhir est originaire de la ville de Maghnia, située dans l’Ouest de l’Algérie. Mais il a vécu toute sa vie à Alger, la capitale du pays.

Il y a quatre ans, il est venu pour une première visite au Canada, seul. Même s’il a visité Toronto et Montréal, il a tout de suite su que c’était à Winnipeg qu’il voulait s’installer avec sa famille. « Quand je suis venu à Winnipeg, j’ai vu que tout était calme. Il y avait comme un silence ambiant. Peut-être que certaines personnes le reprochent à cette ville, mais moi, ça m’a plu.

« Les gens que je rencontrais étaient très aimables et souriants. J’avais l’impression d’être dans une communauté plus que dans une ville. »

Sofiane Elkhir se souvient particulièrement d’une journée : celle où il a visité l’École Précieux-Sang de la Division scolaire franco- manitobaine. Très touché par l’atmosphère et l’approche dans le système éducatif canadien, il y voit l’endroit idéal pour l’épanouissement de ses enfants. « Je me suis dit que c’était peut-être l’occasion de refaire notre vie et de voir si des nouveaux horizons pouvaient s’ouvrir à nous. »

Comme pour beaucoup, la procédure d’immigration au Canada est retardée à cause de la COVID-19 et ce qui devait prendre six mois a duré trois ans. Finalement, Sofiane Elkhir, son épouse, Louiza et leurs deux enfants, Wael et Nael, sont venus s’installer au Manitoba, pour de bon, il y a moins d’un an. Il a fallu faire très vite. Alors, une fois arrivés à Winnipeg, ils louent une petite maison en attendant de trouver leur chez eux. Et là, c’est la rencontre.

D’un simple service à l’amitié

Pierre Freynet et Marie Berckvens sont les propriétaires de cette maison, à Saint- Boniface. Le couple, généreux et surtout ouvert sur le monde, adore recevoir, accueillir et rencontrer du monde. Pour Pierre Freynet, s’intéresser aux autres, cela va de soi.

« Il y a des gens que l’on croise rapidement, puis d’autres qui restent un peu plus longtemps. Forcément, ça fait en sorte qu’on se voit plus souvent. Avec Sofiane et sa famille, on a commencé à bien jaser et je les ai trouvés vraiment sympa. Alors on les a invités chez nous, en campagne, pour souper et pour visiter le coin. C’était vraiment sympa. »

De là, naît une amitié. Pour Sofiane Elkhir, c’est la rencontre idéale. « C’est la meilleure configuration, car d’un côté, on a quelqu’un qui vient d’ici et donc qui connaît vraiment bien la région. Et de l’autre, Marie a plus de connaissances pour les nouveaux arrivants. Elle transmet des choses de son expérience. C’est une belle alchimie qui s’est opérée entre nous. »

Destins d’immigrants croisés

En effet, il y a des similarités avec Marie Berckvens et Sofiane Elkhir. Elle-même originaire de Belgique, aujourd’hui directrice des Éditions du Blé, Marie a mis les pieds au Manitoba pour la première fois en 2017. Elle n’avait pas prévu d’y rester, mais le destin en a voulu autrement : elle a rencontré Pierre Freynet, qui est aujourd’hui son mari.

C’est peut-être un peu pour ça qu’elle est particulièrement curieuse de connaître les histoires de celles et ceux qui choisissent le Manitoba.

« J’ai une bonne idée de l’état d’esprit dans lequel on est quand on est nouvel arrivant. Je me mets souvent à la place de la personne qui arrive et je me dis : Qu’est-ce que moi j’aurais aimé à ce moment-là? C’est important d’accueillir la personne comme moi j’aurais rêvé d’être accueillie. Et je sais que les premiers contacts sont essentiels. Même si on ne se connaît pas encore trop, c’est important de juste savoir qu’il y a quelqu’un sur qui on peut compter si jamais il y a un souci. »

L’accueil manitobain : un mythe?

De son côté, Pierre Freynet a fait du chemin sur sa propre vision de l’accueil manitobain. À une époque, il entendait souvent dire que les nouveaux arrivants trouvent les Manitobains gentils, mais que c’était difficile d’aller plus loin, de tisser des vrais liens.

« Je me disais : Ça se peut pas. Nous, les Manitobains, on est accueillant jusqu’au bout. Puis finalement, j’avais pas réalisé que c’était bien vrai.

« Je voudrais croire que c’est comme ça partout dans le monde. Que les gens sont dans leur propre groupe d’amis ou qu’ils vont vers les gens qui leur ressemble. Finalement, je pense que c’est naturel. »

Néanmoins, depuis plusieurs années, Pierre Freynet et Marie Berckvens s’efforcent de faire vivre l’esprit Friendly Manitoba. Car, comme le dit Pierre, les nouvelles amitiés, les rencontres, « c’est ça qui garde la vie intéressante ». Et puis, avec Sofiane, ils ont finalement beaucoup de points communs. La curiosité, l’amour de la nature, et l’expérience dans le domaine de la communication aussi. Marie l’a par exemple aiguillé dans le domaine professionnel.

« À tout le monde, je veux dire: Il y a un Pierre et une Marie pour vous quelque part. Il ne faut pas suivre les préjugés. Je pense que ce sont eux qui mettent des barrières entre les gens. Il faut abattre ces barrières. Cela fait de très belles rencontres et ça élargit nos horizons. »

Retrouvez la playlist intégrale des balados Quand les portes s’ouvrent.