C’est sur des terrains de soccer intérieur à l’Université de Winnipeg que se déroulent les matchs de la Inner-City Soccer League, rassemblant des jeunes de la primaire au secondaire. Dans son expansion au fil des dernières années, la ligue a pris sous son aile certaines écoles d’immersion de la Winnipeg School Division n°1, dont le Collège Churchill High School.

Sur le terrain, l’atmosphère est conviviale, les joueurs s’échauffent et s’entraident, tandis que les entraîneurs de chacune des équipes se consultent. À l’horaire, le Collège Churchill High School contre la Technical Vocational High. Des filles âgées de 14 à 18 ans se sont affrontées dans un match amical.

L’une d’entre elles, Cameron Miller, élève en 9e année au Collège Churchill High School, était heureuse d’être là. « C’est très intéressant de rencontrer les équipes de différentes écoles et de voir leur style de jeu. Il y a plusieurs différents niveaux d’expérience, j’encourage tout le monde à s’essayer dans la ligue! »

En effet, pendant le match d’environ une heure, les entraîneurs/entraîneuses et l’arbitre, qui est souvent un entraîneur ou entraîneuse, prennent le temps d’instruire les jeunes athlètes. Que ce soit pour comment remettre le ballon en jeu depuis la ligne de touche, ou pour expliquer ce qui constitue une faute.

Un succès selon un enseignant

Sofiene Loumi, un enseignant au Collège Churchill High School partage sa perspective. « Cette ligue favorise le développement de compétences sportives et sociales. Elle est un peu moins compétitive que notre ligue régulière. Ceci donne l’occasion pour les jeunes de collaborer et de renforcer leur travail d’équipe. »

Il est d’ailleurs un témoin direct de l’impact. « Avec le sport, les jeunes ont tendance à se sentir beaucoup plus responsables et plus organisés, ce qui peut être très bénéfique pour eux. »

Il cite un exemple. « Le sport les pousse à gérer leur temps et leur organisation. Pour pouvoir jouer dans la ligue, les élèves doivent quitter un peu plus tôt et donc manquer une heure de cours. Ils sont alors responsables de rattraper le cours et de faire leurs devoirs. Si jamais, ils ne se comportent pas bien à l’école ou dans leur salle de classe, ils perdent leur place dans l’équipe. »

Tout en étant une activité favorable pour la santé physique, l’enseignant y voit un effet positif dans sa salle de classe. « Ces règles leur donnent une occasion de prouver qu’ils méritent leur place dans l’équipe et les aident à fonder de bonnes habitudes au niveau académique. »

Au départ, cette ligue visait à introduire le soccer dans le quotidien des jeunes. Aujourd’hui, elle réussit toujours cela. Mais auprès d’un public plus large. Peter Correia est le directeur à Mulvey School et l’architecte de la ligue. Comme ancien joueur professionnel, il a souhaité faire vivre ce sport qu’il adore dans sa division scolaire. « Je voulais que les enfants soient exposés à l’activité physique. Comme éducateurs, on veut toujours que les jeunes s’investissent davantage à l’école. On est prêt à tout pour les encourager à venir s’asseoir à leurs bureaux tous les jours. J’ai rapidement observé que les jeunes qui n’étaient pas toujours en cours, ou avaient des comportements difficiles, ont commencé à développer une meilleure relation avec la communauté scolaire grâce à cette ligue », explique le directeur rejoignant les propos de Sofiene Loumi.

Peter Correia
Peter Correia est l’architecte de la Inner-city Soccer League. (photo : Raphaël Boutroy)

Bâtir une communauté

Au début, la ligue était assez petite, mais tout aussi conviviale. Les écoles se tassaient toutes dans le même autobus et partaient pour les terrains toutes ensemble. « Cette tradition est restée », explique Peter Correia. « En mettant les équipes sur le même autobus, on espère encourager un sens de com- munauté. En plus, ça permet à plus d’écoles de participer. Les coûts de transports peuvent être une barrière. »

Les efforts de Peter Correia ont été accueillis avec succès. « La ligue a commencé avec quatre équipes donc 60 jeunes environ. Cette année, elle a rassemblé 55 équipes et plus de 1 000 jeunes. »

Il espère également que la ligue aura un effet sur le désir des jeunes à prendre des rôles de leadership dans les sports. « Il y a du bénévolat tout au long de la ligue que ce soit les entraîneurs des équipes, les coordonnateurs ou les arbitres. »

Peter Correia indique que dans les dernières années, il a aussi engagé des élèves du secondaire comme arbitres pour les matchs du primaire. « Ces jeunes-là suivent une formation avec la Manitoba Soccer Association. En arbitrant au cours de la saison, ils peuvent s’attendre à gagner entre 300 et 400 $. C’est une manière de leur donner le goût de s’impliquer dans leurs communautés, ça leur enseigne des habiletés d’arbitrage et de leadership. »

La ligue est devenue un point de repère pour certains jeunes auquel ils reviendront sans doute. « La preuve, c’est qu’on a des jeunes qui ont joué dans la ligue quand ils étaient petits qui reviennent entraîner dans leurs écoles maintenant qu’ils sont au secondaire ou même quand ils ont terminé leurs études. »

« Je suis très reconnaissant du travail et du soutien que la ligue a reçus au sein de la communauté. Sans nos partenaires, il ne serait pas possible d’offrir cette expérience aux jeunes », conclut Peter Correia.