Ces vendredi et samedi 12 et 13 avril, les Archives du Manitoba proposent de découvrir une nouvelle exposition au 200 rue Vaughan.

De 13 h à 17 h, les visiteurs pourront voyager à travers le temps et l’histoire du Manitoba grâce à une trentaine de cartes historiques.

À l’occasion de la visite de La Liberté, Julianna Trivers, archiviste en chef aux archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson, avait étalé quelques-unes des cartes qui composent l’exposition. L’une d’entre elles recouvre quasi entièrement la table sur laquelle elle a été déposée. Par sa taille, 157 cm sur 165 cm, on jurerait une grande nappe. « Cette carte date de 1836. Georges Taylor a fait cette carte pour répertorier les parcelles de terre situées tout au long de la rivière Rouge. C’est comme ça que la Compagnie de la Baie d’Hudson tenait un registre des terres et de leurs propriétaires. »

Cette carte de la rivière Rouge et de la rivière Assiniboine date de 1836 et été utilisée par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour repertorier les parcelles de terres ainsi que leur propriétaires.

Nous voilà donc en 1836, devant une carte de la rivière Rouge et de la rivière Assiniboine avant que les premières briques qui deviendront Winnipeg ne soient posées. « La carte aurait été activement utilisée jusqu’à ce que l’acte de cession soit signé en 1870. »

Une carte, une histoire

Une autre carte, bien plus petite, attire également l’attention. Elle semble avoir été dessinée au crayon à papier. Pas de couleurs, donc, et il est difficile de réaliser que l’auteur y dépeint les Rocheuses. L’histoire de ce morceau de carte, protégé d’un film plastique, est particulièrement fascinante. La carte originale a été dessinée à même le sol par un chef Siksika nommé Ac Ko Mok Ki. « Elle a ensuite été copiée par le géomètre de la Compagnie de la Baie d’Hudson, Peter Fidler, explique Julianna Trivers.

La copie a ensuite été envoyée en Angleterre où une société utilisait les connaissances acquises pour cartographier le continent. » La carte fabriquée en Angleterre qui découlera de celle-ci, sera utilisée par Lewis et Clark lors de leur expédition vers l’Ouest et leur portera préjudice. « Ce que nous voyons ici représente les montagnes Rocheuses. Toutes les différentes rivières qui en découlaient. Mais elle a été mal interprétée. La méthode de cartographie autochtone se basait sur ce que vous pouviez voir en marchant. » À l’inverse de la méthode européenne où l’on dépeint une vue du dessus des reliefs. « Cette carte a donc été incorrectement mise en œuvre. Ce qu’ils ont pris pour la position des Rocheuses était en fait une vue des montagnes prise en marchant. » À l’instar d’un tableau en sommes.  

Une occasion rare

La collection de cartes, qui sera exposée, s’étend de 1709 jusqu’à 1979. Et si derrière chacune d’entre elles se cache une histoire qui vaut la peine d’être écoutée, toutes ensemble elles deviennent une sorte de fresque historique de l’histoire du pays. « Nous voulions montrer certaines des premières cartes qui ont été créées de cette région et de l’Amérique du Nord. Avec les archives de la Compagnie de la Baie d’Hudson, ce que nous avons ce sont des documents de colonisation et une chose qui ressort dans nos cartes, c’est la façon dont les Européens se sont appuyés sur les connaissances autochtones pour cartographier les terres. »

Il s’agit donc de pièces importantes, et ces portes ouvertes sont une occasion rare de voir et même interagir avec ces morceaux d’histoire, qui ne sont pas souvent de sortie. « Elles doivent être conservées à une humidité constante et à une température plus fraîche, donc l’hiver au Manitoba est particulièrement difficile et très sec. Ça n’est pas très grave pour le papier, mais nous avons aussi des cartes en vélin (1), très sensibles au temps sec, qui ne peuvent pas sortir du coffre la majeure partie de l’année. Habituellement, l’humidité est suffisamment élevée seulement de mai à septembre, donc nous sommes un peu en avance cette année. »

Cependant, Julianna Trivers indique que les cartes sont consultables sur demande et que des versions numériques existent.  

Initiative de journalisme local – Réseau.Presse – LA LIBERTÉ