Dans le budget 2024 déposé par le gouvernement provincial au début du mois d’avril, plusieurs lignes concernent la lutte contre l’épidémie de VIH.

À savoir :

  •  « 7,7 millions de dollars pour la prévention et les services liés aux infections transmises par le sang et sexuellement (ITSS) ainsi que pour les tests et les soins liés au virus de l’immunodéficience humaine (VIH). »
  •  « 5 millions de dollars supplémentaires pour les services liés au VIH, y compris le Programme de Formules Infantiles (IFP) et le Programme médical VIH qui comprend une augmentation de financement de 2,2 millions de dollars dans le budget 2024, représentant une augmentation de 90 % des fonds existants pour fournir une couverture complète des médicaments axés sur la prévention du VIH, et le Programme d’accès au traitement du VIH et de soutien (PATHS) pour répondre aux besoins du nombre croissant de cas signalés de personnes vivant avec le VIH. Le financement soutiendra les programmes VIH qui se concentrent sur la fourniture de médicaments VIH aux patients qui répondent aux critères établis et n’ont aucune autre couverture. »

De plus, toujours en rapport avec la santé, 2.5 millions $ seront injectés dans la mise en place d’un site de consommation. Ce type d’infrastructure a un lien plus au moins direct avec la transmission du VIH. Dans une entrevue qu’elle accordait à La Liberté, en avril 2023, Julie Lajoie, professeure adjointe au département de microbiologie médicale et des maladies infectieuses de l’Université du Manitoba, expliquait que l’augmentation des cas au Manitoba était due en partie à la consommation de drogues en intraveineuse.

Cette annonce est donc une bonne nouvelle pour Julie Lajoie. « J’espère que l’on verra quelque chose se mettre en place dès l’année prochaine. Quand on regarde à la crise du VIH et des opioïdes, on a passé le point de parler. Il faut agir. » L’experte rappelle au passage que ces centres permettent notamment d’éviter que les consommateurs s’échangent les seringues et par conséquent transmettre le VIH.

Un manque de détails

Pour ce qui est des fonds qui concernent directement la prévention et les services liés au VIH. « C’est difficile de dire quels seront les services concernés, mais les sommes supplémentaires sont les bienvenues. Au vu de l’épidémie de VIH et des maladies sexuellement transmissibles, on ne peut pas se plaindre de recevoir plus d’argent pour les tests et la prévention. » Cependant, Julie Lajoie précise que les détails de ces allocations n’ont pas encore été dévoilés. Quant à savoir, à quoi serviront ces fonds exactement, c’est encore flou.

Finalement, les seuls détails offerts par le budget concernent les 2.2 millions $ qui seront employés « pour fournir une couverture complète des médicaments axés sur la prévention du VIH ». Julie Lajoie indique cependant que les couvertures actuelles « dépendent du traitement ». Mais que là encore, les détails manquent. « Est-ce que l’on ouvre la couverture à plus de monde? Ou bien est-ce que ce sont juste des fonds de plus pour les groupes qui sont déjà couverts? »

L’assurance maladie ne concerne d’ailleurs pas les traitements les plus récents, alors les fonds pourraient peut-être servir à les rendre plus accessibles. « Par exemple, le nouveau traitement injectable une fois par mois qui permet de remplacer la prise de quotidienne de médicaments n’est pas encore couvert. » Et ce dernier coûte quelques milliers de $ par mois.  

Pour ce qui est de la recherche contre le VIH, aucune somme n’a été mentionnée. Mais le gouvernement versera 250 000 $ à Research Manitoba.