Par Raymond Lafond

Le nouveau gouvernement NPD annonçait le 2 avril son budget pour les 12 prochains mois se terminant le 31 mars 2025. Vous verrez ici ce budget converti en dollars par Manitobain qui sont présentement au nombre de1 474 439, soit 2,92 % de plus que l’année dernière selon Statistique Canada. Permettez-moi de faire certains commentaires sur les nombres indiqués en gras.

D’abord, au niveau des revenus, vous remarquerez que :

  • Le solde des revenus de la province s’élèvera à 15 828 $ par Manitobain soit 4 % de plus que le budget de l’année dernière mais 9 % de plus que ce qui est maintenant prévu pour l’année terminée le 31 mars 2024.
  • Les impôts sur le revenu démontrent une augmentation de 1 % seulement par rapport au budget de l’année précédente mais 7 % de plus que les prévisions de l’année fiscale qui vient de se terminer. C’est donc signe que l’économie n’a pas roulé rondement au cours des derniers 12 mois.
  • La taxe sur les carburants sera 54 % de moins que prévue au budget de l’année dernière dû à la réduction de la taxe provinciale de 14 sous du litre à partir du 1er janvier 2024, maintenant prévue durer neuf mois.
  • La taxe sur le tabac sera 33 % de moins que prévu au budget de l’année dernière. Les Manitobains fumeront-ils donc moins?
  • Le plus notable, c’est l’augmentation des transferts du gouvernement fédéral. Le transfert pour la péréquation, prévue pour compenser les provinces les moins bien nanties, augmentera de 24 %. L’ensemble des transferts du gouvernement fédéral augmentera de 14 %. Somme toute, 35 % des revenus de la province, soit 5 623 $ par Manitobain, proviendront du fédéral.
  • Les revenus des entreprises du gouvernement sont à la baisse soit 31 % de moins que prévu au budget de l’année dernière. Les revenus d’Hydro Manitoba sont grandement affectés par le bas niveau des eaux du Lac Winnipeg.

Au niveau des dépenses vous remarquerez que :

  • Le solde des dépenses de la province se chiffrera à 16 368 $ par Manitobain, soit 6 % de plus que le budget de l’année dernière mais seulement 3 % de plus que ce qui est maintenant prévu pour l’année terminée le 31 mars 2024.
  • Si les dépenses pour l’enseignement et la formation avancée augmentent de 3 % par rapport au budget de l’année dernière, elles augmentent tout de même de 8 % par rapport aux prévisions pour l’année fiscale 2023/24.
  • Les dépenses pour les services à la famille n’augmenteront que de 3 % alors que les dépenses pour la santé, les aînés et les soins de longue durée augmenteront de 14 %.
  • Les dépenses prévues pour le logement, les dépendances et les sans-abri augmenteront de12%.
  • La provision pour besoins internes est de 564 $ par Manitobain. Cette provision est habituellement utilisée pour les augmentations de salaires encore à négocier.
  • Finalement, le service de la dette augmentera de 5 % par rapport au budget de l’année dernière. C’est tout de même 1 535 $ par Manitobain qui pourrait bien servir à des services de la santé.

Et maintenant comparons

Sur une base per capita, comment se compare-t-on avec les autres provinces. J’ai choisi de prendre les budgets récemment adoptés de quatre autres provinces soit, la Saskatchewan, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et le Québec. Pour l’ensemble des dépenses nous dépensons, par personne, 2 493 $ de plus que la Saskatchewan, 1 070 $ de plus que la Nouvelle-Écosse, 704 $ de plus que le Nouveau-Brunswick et 1 361 $ de plus que le Québec si on exclut le transfert au fonds des générations pour cette dernière province.

Pour les différentes catégories de dépenses, c’est un peu plus complexe car les provinces ne catégorisent pas nécessairement leurs dépenses de façon identique.

Au niveau de l’éducation y compris l’enseignement et la formation avancée, nous semblons consacrer par personne, 793 $ de plus que la Saskatchewan, 1 278 $ de plus que la Nouvelle-Écosse, 663 $ de plus que le Nouveau-Brunswick et 823 $ de plus que le Québec.

Si je combine les services à la famille, les services sociaux et les services de santé, je constate que nous dépensons, par personne, à peu près le même montant que la Saskatchewan et le Québec mais 954 $ de moins que la Nouvelle- Écosse et 447 $ de plus que le Nouveau-Brunswick. On peut conclure qu’il y avait avant ce budget un sérieux manque de ressources au niveau des services sociaux et de santé considérant que notre province est, parmi les 10 provinces, celle qui a le plus haut taux de pauvreté infantile au Canada.

Finalement, pour le service de la dette nous dépenserons, par personne, environ deux fois plus que les quatre autres provinces ci-haut mentionnées.